Politique

On aime voir couler le sang en Côte d’Ivoire


Depuis la fin de la guerre en avril 2011, avec la chute de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, les élections locales se transforment, de plus en plus en conflits armées en Côte d’Ivoire et le sang continue de couler.

Le lundi 22 avril 2013, plusieurs foyers de violences s’étaient allumés, en Côte d’Ivoire, quelques heures avant la proclamation des résultats des élections locales. De sources sécuritaires, le confrère Jeune Afrique annonçait une cinquantaine de blessés par armes blanches ou par balles dans le pays.

À Yamoussoukro dans la capitale politique, 17 blessés avaient été enregistrés lors de bagarres généralisées entre partisans des vaincus et des vainqueurs. Les villes de l’intérieur Mankono (Nord), Bonon (Centre-Ouest), Lakota (Sud-Ouest), ainsi que les communes de Kouamassi et Adjamé à Abidjan s’étaient embrasées.

Le sang a coulé, même si, officiellement, on n’a dénombré aucun mort. Pourtant, Youssouf Bakayoko, le président de la Commission électorale indépendante (CEI) avait prévenu que ‘’les auteurs de violences pendant les élections seront traduits devant les tribunaux’’. Le président Alassane Ouattara aura appelé en vain à ‘’la tenue d’un scrutin apaisé et calme.’’

Cinq ans plus tard, le couvert est remis lors des élections locales d’octobre 2018. Comme si on aimait voir couler le sang, on ne dénombre plus les cas de blessés qui sont à la pelle, mais des morts par endroits.

D’abord, à Lakota, le premier cas de mort signalé le 13 octobre par arme blanche fut celui d’Oumar Djiguiba dit « La Terreur ». Puis, le lendemain, Abobo avec l’assassinat et la disparition du corps du superviseur, Coulibaly Laciné, mandaté par le candidat Koné Téfour ainsi qu’à Man où M. Téfour a annoncé l’enlèvement de l’un ses superviseurs. À Séguéla, selon le confrère de l’AIP qui cite des villageois, les corps de victimes qui gisaient en milieu d’après-midi sur le sol en bordure de la voie Séguéla-Vavoua, à environ 1 km de Téguéla. Ils se nomment Diomandé Namory (16 ans) pour l’un, quand l’autre se surnomme ‘’Tout mignon’’ (18 ans). Deux autres manifestants blessés ont été évacués sur Séguéla.

Cette liste, apparemment, ne semble pas exhaustive, au regard des posts qui affluent sur les réseaux sociaux. Un décor macabre d’une démocratie des temps caverneux.

Derrière cette voile noire, triste, entachée de sang, se cache la main des hommes politiques qui aiguisent les tensions et se murent dans un silence. Ils ont oublié que la Côte d’Ivoire sort d’une crise qui, officiellement, a fait 3000 morts. Des milliers de famille gardent cette macabre page de l’histoire de la Côte d’Ivoire, qui est loin de se refermer.

Elles tentent d’oublier, mais les vampires ont besoin que le sang coule. Ils en ont besoin parce qu’ils n’ont rien fait pour ces enfants nés au moment où la crise éclatait 2002. À ce jour, ces nourrissons nés dans la violence ont 16 ans. Ils ont grandi dans un contexte allant de la violence verbale à la violence extrême (la guerre).

Ce sont des enfants qui ont besoin d’être encadrés psychologiquement, parce qu’ils ne connaissent que la violence comme mode de revendication.  La preuve, Diomandé Namory (16ans) et ‘’Tout mignon’’ (18 ans) dont l’âge a pu être révélé, sont nés dans la période de la crise.

Les hommes politiques savent que cette franche de la population est fragile et facilement manipulable avec quelques billets de banque. Vu que taux de chômage en côte d’Ivoire est compris entre 70 et 90 % et celui d’emploi informel dépasse 90%, selon des experts.

La qualité des emplois créés reste un défi majeur en Côte d’Ivoire que saisissent les politiciens. La démocratie a foutu le camp en laissant place au sang des innocents à chacune des élections locales en Côte d’Ivoire.

Dans ce contexte où faire couler le sang devient un simple jeu, pour les hommes politiques, à quelle sauce les enfants qui auront l’âge de voter (18 ans) en 2020, seront-ils mangés ?

 

Sériba Koné

 

 

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