Boko Haram, cette lutte qui coince
Les attaques du groupe islamiste Boko Haram sont devenues récurrentes depuis plusieurs semaines au Nigéria. Selon le confrère AFP ces attaques auraient fait près de 520 morts. Et ce, en dépit de la volonté affichée par le nouveau président, Muhammadu Buhari, de stopper ce cycle de violences. De sources concordantes, des divisions internes empêcheraient son parti (APC) de commencer à gouverner et à mener sa politique sécuritaire.
Nigeria : Lutte contre Boko Haram / Voici pourquoi ça coince
Selon les mêmes sources, les premières divisions sont nées quelques jours seulement après l’investiture de Muhammadu Buhari , fin mai. Sa coalition, l’Alliance du congrès progressiste, attendait avec impatience la formation d’une nouvelle Assemblée nationale, les députés devant soumettre une liste de ministres au nouveau président.
Pour diverses raisons, le président nouvellement élu a différé la formation d’un nouveau gouvernement. Là, où l’attendaient ses camarades de parti. En lieu et place de toutes ces attentes,, seulement, ce sont Bukola Saraki et Yakubu Dogara, qui se sont imposés à la tête du Sénat et de l’Assemblée nationale. Deux personnages qui inspirent la défiance au sein de la coalition du Congrès progressiste.
Evidemment, cette situation a créé d’une part la division au sein des militants et d’autre part, des leaders influents ont commencé à se livrer à une guerre interne très rude : il s’agit notamment l’homme d’affaires Bola Tinubu et de l’ancien vice-président Atiku Abubakar. « L’APC a gagné la bataille et a perdu l’espoir », note avec amertume Muhammadu Buhari, lors d’une réunion de crise au sein de sa formation. Toutefois, il a donné des consignes pour que les militants se rangent tous derrière les décisions du parti et « laissent l’APC travailler ».
Conséquemment, Muhammadu Buhari a reporté la formation de son gouvernement à septembre. Cette situation n’a pas échappé à un député. « Aucune loi ne sera promulguée d’ici là et les crises internes, telles que l’électricité et la lutte contre Boko Haram, ne trouvent pas de réponse immédiate », regrette cet élu qui siège à l’Assemblée.
Intensification des attaques de la secte Boko Haram
Comme il fallait s’y attendre cette situation qui semble laisser plus de champ à Boko Haram aura conséquence, l’intensification des attaques de la secte Boko Haram. Par exemple à Maiduguri les attaques ont repris de plus belle le 29 mai dernier, le soir même de l’investiture du nouveau président Muhammadu Buhari. Depuis quatre semaines, les insurgés de Boko Haram multiplient les attaques à la bombe: ils ciblent des lieux très fréquentés et/ou symboliques, tels que les lieux de culte, les marchés et les restaurants.
Comme stratégie, les islamistes de Boko Haram utilisent régulièrement des civils, notamment des femmes, comme kamikazes. Réputé pour les attentats suicides, il s’agit pour les combattants de la secte de cibler certains lieux stratégiques comme cela a été le cas dans l’Etat de Borno où le centre de commandement des opérations militaires contre Boko Haram a été transféré à la mi- juin.
On a enregistré l’attaque la plus meurtrière la semaine dernière dans le village de Kukawa. Selon des témoins, une cinquantaine d’islamistes présumés de Boko Haram ont tiré sur des fidèles, qui priaient dans des mosquées, peu après la rupture du jeûne.
Au total, de sources proches de la Nema, l’agence nationale de gestion des situations d’urgence, le bilan révèle que 118 personnes sont mortes dans ce village situé près du lac Tchad. Outre le choc lié à l’ampleur du massacre, les témoins cités par des médias locaux expriment leur indignation de voir se produire de tels actes en période de ramadan. Alors même que l’Afrique est en train de prendre toutes les dispositions sécuritaires pour mettre fin à la folie meurtrière de la secte Boko Haram.
EKB
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