Nigeria: Boko Haram tue près de 170 personnes en 36 heures #terrorisme
Abidjan, 3-7-15 (lepointsur.com)- Près de 170 morts: la vague d’attentats qui frappe le nord-est du Nigeria depuis mercredi soir est la plus meurtrière depuis l’investiture en mai dernier du nouveau président nigérian, Muhammu Buhari. Ce dernier, qui a fait de la lutte contre Boko Haram sa priorité absolue, a condamné vendredi des attaques «inhumaines» et «barbares» qui illustrent, selon lui, la nécessité «de former une coalition internationale plus efficace». Depuis un mois, plus de 400 personnes ont péri dans des violences attribuées au groupe Boko Haram, selon un décompte réalisé par l’Agence France-Presse.
Les dernières attaques meurtrières ont toutes été perpétrées par des membres présumés du groupe islamiste. Dans la nuit de jeudi à vendredi, «des combattants de Boko Haram ont tué 11 personnes dans notre village» de Miringa, dans l’Etat de Borno, raconte un habitant. Selon un autre habitant, les islamistes sont arrivés à Miringa vendredi vers 2h30. Ils ont alors «choisi 13 hommes dans des maisons sélectionnées et les ont emmenés vers le lieu de prière de l’Aïd, à l’extérieur du village, où ils leur ont tiré dessus», a-t-il raconté, précisant que deux hommes avaient réussi à s’enfuir. «Les victimes ont toutes été choisies parce qu’elles avaient fui leur village de Gwargware il y a quelques mois pour échapper à leur enrôlement forcé par Boko Haram.»
Jeudi après-midi, c’était une jeune fille d’environ 15 ans qui s’est ruée dans une mosquée de Malari, un village de l’Etat de Borno, dans laquelle des fidèles se préparaient à la prière. «Elle a tué 12 fidèles et en a blessé au moins sept autres», a rapporté un milicien nommé Danlami Ajaokuta. Le mode opératoire correspond à celui utilisé par Boko Haram, qui n’avait pas encore revendiqué cette attaque vendredi.
Bain de sang mercredi
Avec au moins 97 victimes, l’attaque qui a visé mercredi le village de Kukawa, près du lac Tchad, est la plus sanglante. Peu après, à une cinquantaine de kilomètres, des islamistes s’en prenaient cette fois à deux villages à la sortie de Monguno. Bilan: 48 fidèles musulmans fusillés pendant la prière du soir. Les habitations avoisinantes ont, elles, été complètement rasées.
La veille, l’attaque de Kukawa débutait vers 18h30. À en croire les témoins de la scène, une cinquantaine d’islamistes ont alors ouvert le feu sur des fidèles qui priaient dans les mosquées du village, peu après la rupture du jeûne pendant le ramadan. «Les assaillants n’ont pas épargné les enfants qui avaient entre 4 et 12 ans et qui étaient à la mosquée avec leurs pères», témoigne Malami Abdulkareem, un professeur d’arabe de Kukawa. «Je peux vous assurer que les assaillants ont tué au moins 97 personnes», déclare un dénommé Kolo. Kwantami Amodu, un pêcheur du village, évoque un chiffre similaire mais aucun bilan officiel n’a pour l’heure été avancé. Les islamistes ne se sont retirés du village que vers 23 heures.
« Nous étions en train de faire nos prières du soir. »
Un rescapé
Aux alentours de 20h30, des hommes armés arrivaient à moto et à bord de camionnettes dans deux villages proches de Monguno. «Nous étions en train de faire nos prières du soir. Ils ont réuni les hommes d’âge adulte qui venaient des deux villages et ils nous ont tiré dessus», relate un rescapé depuis Monguno, à 8 km de là, où il a trouvé refuge. «Plusieurs d’entre nous ont réussi à s’enfuir sous les balles.» «Les hommes armés de Boko Haram ont tué 48 hommes et en ont blessé 11 autres dans l’attaque de deux villages voisins», indique à l’AFP Mohammed Tahir, député de cette région au Parlement nigérian. Selon lui, les assaillants venaient de la région du lac Tchad, non loin, où les insurgés de Boko Haram se sont réfugiés quand ils ont été chassés par l’armée de leur fief de la forêt de Sambisa.
Lancée en février, une opération militaire régionale par le Nigeria et les pays voisins, Tchad en tête, a permis au pouvoir nigérian de reprendre possession de la quasi-totalité des localités du nord-est que contrôlait le groupe armé. Depuis, Boko Haram a intensifié ses attaques, principalement sur Maiduguri, capitale de l’État de Borno et la plus grande ville du nord-est du Nigeria. Dans ce pays, le groupe islamiste prend souvent pour cible des mosquées car il juge que l’islam qui y est professé est dévoyé. Les attaques de Boko Haram et leur répression par les forces de sécurité ont fait plus de 15.000 morts depuis 2009 à travers le pays.
lepointsur.com Avec l’AFP (Crédit photo AFP et Le Figaro)
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