Le Niger, ou la honte de l’Afrique !Par EKB
Abidjan-03-03-16 (lepointsur.com)L’Afrique ne finira jamais de surprendre. En témoigne la situation honteuse qui prévaut actuellement au Niger. Dans ce pays situé au sud du Sahara, ont lieu des élections présidentielles. Scrutin qui a mis en compétition plusieurs candidats, dont un prisonnier. Encore dans les geôles d’une prison à quelques encablures de Niamey, la capitale du pays.
Aussi curieux que cela puisse paraître, ce prisonnier a contraint le président sortant Mahamadou Issoufou, son « bourreau » à un deuxième tour de l’élection présidentielle dans ce pays pauvre, dont l’issue des résultats est incertaine. Que va-t-il se passer, si par extraordinaire, le « prisonnier » parvenait à terrasser son adversaire ? Cette question mérite d’être posée, tant l’Afrique est abonnée aux coups d’Etat et autres agissements à la limite du réel.
Justement, à cause de la mal gouvernance des dirigeants. Une mal gouvernance qui les contraint à s’éterniser au pouvoir quelque fois contre leur gré. Le 20 mars prochain, « le prisonnier » Hama Amadou et Mahamadou Issoufou vont se disputer le fauteuil présidentiel du Niger devant les caméras du monde entier. Une situation qui à l’analyse pose juridiquement problème. Hama Amadou, ce candidat-prisonnier qui dérange tant aura-t-il la chance d’être remis en liberté pour battre campagne avec ses « supporters » ?
Pas si sûr. Car déjà, au premier tour, sur la même question, la Cour constitutionnelle nigérienne avait déclaré ne pas être compétente pour enjoindre au juge pénal de mettre le candidat détenu Hama Amadou en liberté. Toutefois, certains magistrats indiquent que la seule issue pour Hama Amadou est de comparaître devant un juge. Parce que soutiennent-ils, aucun juge ne peut libérer un détenu sans une requête signée en bonne et due forme par ses avocats ». Que vont donc faire les avocats de Hama Amadou qui déclaraient qu’ils n’engageaient aucune action pour la libération de leur client, qualifiant l’affaire de « politique ».
De l’idylle à la confrontation
Comment Hama Amadou qui avait formé une coalition avec Mahamadou Issoufou pour permettre à ce dernier de devenir président de la République au Niger, puisse devenir aujourd’hui son pire ennemi aujourd’hui, au point de se retrouver derrière les barreaux ? Pour comprendre les origines des ennuis du candidat-prisonnier, il faut remonter à l’année 2014. Cette année-là, un réseau de trafic d’enfants entre le Niger et le Nigeria est démantelé et une vingtaine de personnes arrêtée parmi lesquelles, la femme de Hama Amadou, alors président de l’Assemblée nationale.
Elle est accusée d’avoir simulé une grossesse au Nigéria et d’avoir acheté deux nouveau-nés, un délit appelé « supposition d’enfants ». Soupçonné de complicité de « supposition d’enfants », Hama Amadou devient selon la version officielle un «problème à gérer». Dès lors, apparaissent des nuages dans l’avenir politique de Hama Amadou
Le séjour dans l’hexagone de Hama Amadou le rapproche davantage des autorités françaises. Dès lors, les proches d’Issoufou Mahamadou l’accusent de vouloir préparer un coup d’Etat. Au regard de cette situation confuse, des partisans et proches de Hama Amadou dirent craindre pour son intégrité physique, surtout que les autorités nigériennes ont tout mis en œuvre pour empêcher ses partisans et parents de lui rendre visite à la prison de Fillingué à 5 heures de la capitale Niamey.
Telle est, une autre manifestation du contraste de l’Afrique qui traduit éloquemment la volonté de certains dirigeants africains à tirer leurs pays respectifs vers le bas, plutôt que de donner un coup d’accélérateur à son développement et conforte ceux des observateurs qui pensent que les premiers ennemis des Africains sont les Africains eux-mêmes dans leur position, au grand dam de ces nombreux Africains assoiffés de démocratie.
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