Sante

Myopie, scoliose …ces maladies scolaires


deux groupes distincts d’affections : 1° aux maladies qui sont provoquées ou aggravées par la sédentarité et le travail à l’école ; 2° à des affections qui se développent plus particulièrement chez l’enfant à l’âge scolaire.

Au premier groupe, celui des affections qu’on peut appeler maladies scolaires proprement dites, parce qu’elles sont produites ou aggravées par l’école, appartiennent la myopie et la scoliose ; au second, toutes les affections parasitaires ou microbiennes ; celles-ci ne peuvent être appelées maladies scolaires que dans un cas particulier : lorsque, atteignant des écoliers, elles intéressent le bon fonctionnement de l’école et appellent l’intervention de l’autorité scolaire.

Ces deux catégories de maladies sont d’ailleurs tout à fait distinctes par leur marche et leur évolution, et elles demandent des précautions différentes.

I — Maladies scolaires proprement dites.

Myopie. — On a longuement discuté pour savoir si le séjour à l’école était la cause efficiente de la myopie. Il n’y a qu’à consulter les statistiques des ophtalmologistes de tous les pays pour voir que la myopie augmente avec l’âge des écoliers et avec la durée de leur séjour à l’école. Despagnet, au collège Rollin, à Paris, note 10 % dans les classes inférieures ; la proportion s’élève progressivement dans les classes supérieures, pour atteindre 72 % chez les élèves qui préparent les écoles du gouvernement.

La table mal appropriée à la taille et forçant l’écolier à se rapprocher et à accommoder son œil à la lecture de près, le mauvais éclairage des classes, les caractères trop 0ns et imprimés sur du papier de qualité inférieure, enfin la sédentarité et l’excès de travail, sont les causes habituelles de cette affection.

Scoliose. — On peut dire que la scoliose, si elle n’est pas toujours d’origine scolaire, est fortement aggravée par le séjour à l’école. La longueur des heures de travail, et aussi la table défectueuse, forcent l’enfant à prendre une attitude vicieuse. La déviation de la colonne vertébrale, d’abord accidentelle, devient bientôt permanente.

La scoliose et la myopie ont, comme on vient de le voir, beaucoup de causes communes. Pour éviter ou tout au moins pour diminuer le nombre de ces affections, il faut donner à l’écolier une table appropriée à sa taille, et varier souvent les altitudes en n’obligeant pas l’enfant pendant un temps trop long à un travail qui exige la même position.

— Maladies contagieuses qui peuvent atteindre les écoliers.

Les maladies du second groupe comprennent toutes les maladies contagieuses.

L’enfant plus que l’adulte est apte à contracter les germes de certaines affections qui trouvent en lui un terrain favorable à leur évolution.

On divise les maladies contagieuses de la période scolaire en trois groupes :

A, les maladies parasitaires : B, les maladies de la peau et du cuir chevelu ; C, les maladies infectieuses.

  1. Maladies parasitaires.

Les deux plus communes sont la phtiriase et la gale.

La phtiriase est provoquée par la présence dans la chevelure du pou vulgaire (Pediculus capitis). Il se reproduit avec une grande rapidité. Les œufs attachés aux cheveux sont appelés lentes.

C’est une maladie contagieuse, très facilement évitable et qui ne doit pas être tolérée à l’école. Il est inadmissible qu’un enfant bien tenu puisse l’attraper par le contact d’un écolier malpropre.

Tout enfant atteint de phtiriase doit être éloigne de l’école. Dans beaucoup de villes, au Havre en particulier, l’instituteur remet à l’enfant atteint une notice indiquant le moyen de guérir rapidement. (Test une pratique que nous voudrions voir se généraliser.

La gale est occasionnée par un sarcopte (Sarcoptes scabiei), acarien de la classe des arachnides, qui s’introduit dans la peau en y creusant des sillons et en y provoquant des démangeaisons intolérables. Les enfants qui en sont atteints doivent être exclus de l’école. Ils ne peuvent être admis à nouveau qu’après guérison et désinfection complète de leurs vêtements.

  1. Maladies de la peau et du cuir chevelu.
  2. Maladies infectieuses.

On donne ce nom, depuis les découvertes de Pasteur, à toutes les maladies produites par la présence dans l’organisme d’un microbe, d’un germe pathogène. Elles attirent rapidement l’attention du maître, car rarement elles surviennent par cas isolé ; habituellement elles prennent le caractère épidémique.

L’épidémie est très difficile à enrayer, car ces maladies sont le plus souvent contagieuses avant l’apparition des symptômes objectifs. Nous allons passer rapidement en revue les maladies infectieuses les plus communes à l’école, en insistant sur les caractères propres à chacune d’elles.

Rougeole. — La rougeole est la maladie de beaucoup fa plus fréquente, du moins en France. Les écoles maternelles et les dernières classes des écoles primaires sont celles qui sont ordinairement atteintes.

Lorsque l’éruption caractéristique de boutons apparaît, reniant est déjà un danger pour ses camarades depuis quatre à cinq jours ; et les voisins sont déjà contagionnés lorsque la maladie est reconnue.

La rougeole se propage toujours par contact direct, soit d’un enfant malade à un enfant sain, soit d’une tierce personne portant les germes d’un malade à un écolier sain, soit par des livres ou des objets souillés par un enfant atteint.

En moyenne, douze à quatorze jours s’écoulent entre l’inoculation et l’éruption caractéristique. Dès l’apparition d’un premier cas, il faut surveiller les voisins, les frères et sœurs, et les camarades de la même maison. L’enfant qui perd sa gaieté et son enjouement, dont les yeux et le nez coulent, doit être immédiatement isolé. Les institutrices expérimentées savent bien dépister ces malades et les renvoyer à leur famille. Une recommandation importante, c’est de ne jamais placer un enfant à la table d’un manquant lorsqu’on ne connaît pas la cause de l’absence.

Scarlatine — La scarlatine a une période d’incubation bien moins longue que celle de la rougeole : trois à quatre jours. Dès l’apparition de l’angine scarlatineuse, qui habituellement précède l’éruption, la salive et le mucus pharyngé deviennent dangereux. La scarlatine est contagieuse avant, pendant et après l’éruption. Les squames de la peau du malade, qui se détachent, sont extrêmement virulentes.

Variole. — Si la loi du 15 février 1902 était sérieusement appliquée, et si les revaccinations étaient pratiquées régulièrement, la variole devrait avoir disparu. Ce qu’on observe à l’école, c’est la varioloïde, variole atténuée, rarement grave, survenant chez les enfants vaccinés antérieurement.

Varicelle. — La varicelle ou petite vérole volante s’observe fréquemment. Elle est très contagieuse à son début, et survient par poussées successives.

Diphtérie. — La diphtérie se présente à l’école sous trois formes : la rhinite, l’angine et la laryngite.

La diphtérie nasale avec écoulement de mucus par les narines est fréquente à l’école. En temps d’épidémie, il faut toujours suspecter les enfants qui présentent ces symptômes et exiger l’examen bactériologique du liquide pharyngé. La diphtérie est produite par le bacille découvert par Klebs et cultivé par LÖffler. Après la diphtérie, on ne doit admettre à nouveau l’enfant à l’école qu’avec un certificat attestant l’examen négatif de ses sécrétions naso-pharyngiennes.

Oreillons. — Les oreillons sont déjà contagieux avant l’apparition du gonflement parotidien, et la contagiosité persiste quatre à cinq jours.

Coqueluche. — On ne peut affirmer la coqueluche que lorsque l’enfant présente la quinte de toux convulsive si caractéristique. Mais à ce moment le malade est déjà depuis longtemps contagieux, et il a pu propager la maladie autour de lui.

Le règlement demande un isolement de trois semaines ; mais bien souvent la coqueluche n’est pas encore terminée après ce laps de temps, et l’on doit alors prolonger l’exclusion de l’école jusqu’à complète disparition des quintes.

Tuberculose. — La tuberculose pulmonaire contagieuse est très rare chez l’enfant à la période scolaire. Ce qu’on observe le plus ordinairement, ce sont des adénites tuberculeuses ouvertes et des abcès froids, qu’un pansement occlusif permet de conserver à l’école.

Méningite cérébro-spinale. — Cette affection, provoquée par le méningocoque de Weichselbaum, se développe quelquefois dans les écoles. Le virus siège ordinairement dans le mucus nasal. Si un cas est signalé, des précautions sérieuses doivent être prises pour enrayer l’épidémie.

Toutes ces affections contagieuses nécessitent des mesures énergiques pour éteindre le foyer épidémique. La classe doit être désinfectée

[Dr L. DUFESTEL.]

 

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