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Mussa Hassan Bility ( F L F) candidat à la présidence de la FIFA : « Je suis le meilleur candidat… »


Le 2 juin, en plein scandale de corruption, le Suisse Joseph Blatter, président de la Fédération internationale de football (FIFA) depuis 1998, annonçait à la surprise générale, quelques jours après sa réélection pour un cinquième mandat, qu’il démissionnait de son poste. Depuis, il a fait machine arrière et semble désormais prêt à se représenter à l’occasion d’un congrès électoral extraordinaire, qui devrait avoir lieu entre décembre 2015 et mars 2016.

 « L’Afrique, aussi, peut diriger la FIFA »

Après le prince jordanien Ali Ben Al-Hussein, la légende brésilienne Zico et l’ancien Bleu David Ginola, le Libérien Musa Hassan Bility, 48 ans, se lance dans la course à la succession de Blatter. Patron de la Fédération du Liberia depuis 2010, il explique au Monde pourquoi il souhaite devenir le premier président africain de la FIFA.

Pourquoi êtes-vous candidat à la succession de Joseph Blatter ?

Je me présente à l’élection présidentielle à la FIFA car je crois que notre organisation a besoin d’un leader qui représentera les vues et les aspirations de l’ensemble de ses membres (209). Un leader qui s’investira pleinement dans la réforme immédiate de la FIFA afin qu’elle soit à nouveau crédible et qu’elle regagne la confiance du monde. Je pense être ce leader.

Quand avez-vous commencé à y songer ?

J’ai bien sûr toujours nourri l’ambition de devenir un jour président de la FIFA. Mais ma décision découle de l’annonce de la démission prochaine du président Blatter.

 La Confédération africaine de football (CAF) n’a pas présenté de candidat depuis le scrutin de 2002 et la défaite de son président Issa Hayatou face à Joseph Blatter. Dans quelle mesure est-ce important que la CAF ait un représentant lors de la prochaine élection ?

En tant que Confédération la plus large du monde (54 pays membres, contre 53 pour l’Union des associations européennes), la CAF doit absolument montrer la voie en trouvant, dans ses rangs, le nouveau président de la FIFA. Et c’est pourquoi je me présente. Nos valeurs ne doivent pas faire de notre continent celui qui apprend toujours en suivant. Nous pouvons, nous aussi, diriger la FIFA, et c’est le moment opportun pour le faire. Je suis persuadé que nous obtiendrons le soutien de l’Europe, de l’Asie, des Amériques, ainsi que de toutes les autres confédérations.

 La CAF sera-t-elle unie derrière vous ?

Bien sûr. Pourquoi ne le serait-elle pas ? Si je me fie aux conversations que j’ai eues avec beaucoup de mes homologues, partout sur le continent, nous sommes pleinement soutenus. J’ai absolument besoin du soutien du président Issa Hayatou. Je n’ai aucune raison de penser qu’il fera autrement.

 Quelles sont vos principales propositions ?

Nous devons étendre le processus de décision à la FIFA en incluant les associations membres pour choisir les pays hôtes des Coupes du monde, et en réévaluant les critères d’adhésion. Il faut aussi améliorer nos programmes de développement et enlever ce bouchon qui rend plus difficile l’accès des associations membres à ces fonds. Nous devons aussi regarder l’Europe d’une manière particulière. En tant que leader du foot mondial, la FIFA peut tout apprendre de l’Europe, qui accroîtra les capacités financières des autres confédérations et particulièrement dans les domaines de la commercialisation. Car, en fin de compte, ce n’est pas l’argent que la FIFA donne aux membres qui les rendra financièrement indépendants. C’est seulement la base de leur donner ce dont ils ont besoin au départ pour devenir viables. Pour résumer, la FIFA doit avoir un style européen dans le domaine de la commercialisation pour servir les autres confédérations. Et seule l’Europe peut être leader dans ce domaine. Nous essaierons de travailler avec l’Europe pour rendre cela possible. Par conséquent, je pense qu’un partenariat avec l’Europe refaçonnera le monde du football.

Que pensez-vous de vos adversaires, notamment le prince Ali et Zico ?
Je n’ai rien contre mes challengers. Je pense que nos plates-formes programmatiques donneront un aperçu de ce que sera la nouvelle FIFA, que nous appelons de tous de nos vœux. Je ne suis pas juge. Ce sont les associations membres qui rendront leur jugement à la fin.

 Accepterez-vous de débattre avec vos adversaires ?

Oui. Je pense que c’est très important qu’il y ait un débat. Le monde entier a besoin de prendre connaissance de nos points de vue, directement à travers nous, pas par l’intermédiaire d’experts qui les coucheraient sur le papier. Je veux profiter de cette occasion pour défier les autres candidats lors d’au moins trois débats, ce qui offrira au monde la chance de nous voir exprimer nos points de vue. C’est crucial, si nous prévoyons de réformer la FIFA. Cela pourrait être le début d’une nouvelle forme d’ouverture qui pourrait changer le regard du monde sur la FIFA.

 Comment avez-vous réagi à la démission de Joseph Blatter ?

J’ai d’abord été triste. Car, quoi qu’il arrive désormais, le président Blatter a beaucoup fait pour le football. Mais je pense que sa décision est le reflet d’un grand leadership. En fin de compte, quelqu’un devait en payer le prix, et lui, en tant que leader, est effectivement cette personne. A ce stade, je crois qu’il a fait preuve d’une grande force morale et a montré son leadership pour sauver la FIFA d’une possible implosion. Pour cela, nous devons lui témoigner notre gratitude. Malgré tout, aujourd’hui, je pense que le président Blatter laisse une FIFA forte et viable. Nous ne devrions pas laisser les scandales de ces derniers mois ternir l’image d’un homme qui a tant fait pour le football. Le faire, c’est s’aliéner un tiers du congrès de la FIFA. En décidant de démissionner, je pense qu’il a sauvé la FIFA, et nous devons le louer pour cela.

 Quel regard portez-vous sur le processus de réforme de la gouvernance de la FIFA lancé, le 2 juin, par Joseph Blatter ?

Je n’ai pas eu la chance d’en prendre connaissance dans le détail, donc je ne peux pas le commenter. Mais je crois qu’actuellement toute forme de réforme doit incorporer les vues et intérêts de tous les membres. Elle doit être en phase avec les pratiques courantes. Il n’y a pas de solution de rechange.

 Est-ce problématique que Joseph Blatter n’ait pas préparé sa succession ces dernières années ?

Je crois qu’on désigne son successeur lorsqu’on a prévu de lâcher les rênes. Je pense qu’il l’aurait fait après son élection [le 29 mai], car c’était son dernier mandat [le cinquième]. J’ai le souvenir d’en avoir discuté avec lui avant.

Quel bilan dressez-vous de la présidence Blatter ?

Je pense que nous avons fait beaucoup de chemin avec lui. Mais on doit faire beaucoup plus aujourd’hui. La FIFA est plus forte et plus grande maintenant. Nous devons la rendre plus transparente afin de regagner la confiance du monde.

Comment restaurer la confiance alors que les soupçons de corruption émaillent l’attribution des Mondiaux 2018 et 2022, respectivement à la Russie et au Qatar ?

Nous devons ouvrir notre porte et assumer plus clairement nos responsabilités. Nous devons enquêter sur toutes les allégations de malversations, dans le respect du cadre juridique, ainsi que sur tous les événements passés à la FIFA, et pas seulement sur l’attribution des Mondiaux 2018 et 2022. Nous devons permettre aux autorités judiciaires d’avoir accès à nos documents pour que leurs enquêtes suivent leur cours.

La FIFA doit-elle organiser un nouveau vote d’attribution des Mondiaux 2018 et 2022 si des preuves de malversations sont établies ?

Oui. S’il est établi que des malversations de toute sorte ont été commises, la bonne chose à faire est de revenir complètement sur le processus d’attribution.

 Le rapport d’enquête de Michael J. Garcia sur ces attributions doit-il être publié avant le prochain scrutin ?

Oui. Je pense que pour le bien de la FIFA le monde doit savoir ce qu’il y a dans ce rapport. Nous devons prendre des mesures s’il le faut.

Ce sont les 209 membres du congrès de la FIFA qui désigneront le pays hôte du Mondial 2026. Pensez-vous que ce nouveau processus permettra réellement d’endiguer la corruption ?

Je crois que nous devons différer ce vote en l’absence d’une réforme institutionnelle acceptable qui donne à ce processus de la crédibilité. Nous devons en premier lieu voter pour réformer ce processus électoral. C’est ce qui est préférable à la suite des allégations qui s’accumulent à propos des votes précédents.

S’il se présentait, Michel Platini, le président de l’Union des associations européennes de football (UEFA), serait-il un bon candidat ?

Musa Hassan Bility est le meilleur candidat.

 Qu’attendez-vous du prochain congrès de la FIFA ?

Le prochain congrès doit élire le nouveau président de la FIFA. J’espère que ce sera moi.

 Source : Le monde

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