Mort de Doh Désiré à Duekoue : Ce qui s’est réellement passé
-Le récit complet de notre correspondant dans l’Ouest
Suite aux évènements qui ont secoué la ville de Duékoué toute la journée du mercredi 12 octobre 2016, des accusations circulant font état de ce que le Commissariat de Police de la ville aurait engagé des ex-combattants dont certains seraient intervenus dans l’interpellation et auraient provoqué le décès de Doh Amos Désiré, prévenu décédé à l’hôpital général de Duékoué, selon des sources médicales.
Deux jours après, ces heures chaudes, nous nous sommes rendus au Commissaire de Police et au quartier carrefour de Duékoué pour faire toute la lumière sur cette affaire qui a failli faire basculer la capitale de la région du Guémon dans la violence.
Les faits
Il ressort des enquêtes menées sur le terrain que le lundi 10 octobre 2016, aux environs de 09 H, le sieur TInto Boureima, né en 1970 à Kolodougou (Burkina Faso), planteur domicilié à Toa-zéo, village situé à 3 km de Duékoué, a déclaré au commissariat de police de la ville avoir été victime, une heure plus tôt (08 H) d’une attaque à mains armées de kalachnikovs et de machettes, perpétrée par huit (08) individus, opérant à visages découverts sur l’axe Duékoué-Toa-Zéo.
Le plaignant a affirmé avoir été dépossédé de sa moto de couleur grise et de la somme de 40 000 FCFA.
Le mardi 11 octobre 2016, aux environs de 21H, le sieur Tinto Boureima joint par téléphone, le commissariat de police de Duékoué pour l’informer qu’il vient d’apercevoir, dans un maquis du quartier Carrefour de Duékoué, en compagnie d’une jeune fille, l’un de ses agresseurs.
Dépêchés sur les lieux, des agents de police assermentés contrairement à ce qui est dit, procèdent en présence de quelques jeunes du quartier et du plaignant, à l’interpellation de Doh Amos Désiré, ivoirien, sans emploi, né en 1987 domicilié à Blody, village situé à 10 km de Duékoué.
Interrogé dans les locaux de la police où il a été conduit à 22 H45 mn, suite à son arrestation, Doh Amos Désiré passe rapidement aux aveux et dénonce un ressortissant burkinabé, domicilié dans le village de Pinhou, à 11 km de Duékoué, qui garderait leurs kalachnikovs.
Le mercredi 13 octobre 2016, à 03 H du matin, se plaignant de douleurs au ventre, Doh Amos Désiré est conduit à l’hôpital général de Duékoué où il décède.
Analyse de la situation
Les informations recueillies auprès des parties en conflit (police de Duékoué et jeunesse du carrefour) ne contestent nullement la présomption de culpabilité pesant sur feu Doh Amos Désiré, individu connu des services de police. Cependant, la pomme de discorde se trouve être la participation des ex-combattants, démobilisés, à l’arrestation de Doh Amos Désiré.
Des ex-combattants ont-ils participé à l’interpellation de Doh Amos Désiré et participent-ils aux opérations de police à Duékoué ?
De source sécuritaire, nous avons appris que certains ex-combattants (ex-membres des forces de sécurité) continuent d’apporter leur concours aux forces de sécurité de la Région (gendarmerie, Police, Frci, Eaux et forêts… ), en dépit de leur démobilisation. C’est dans le cadre de cette collaboration que certains continuent de fréquenter le commissariat de police de Duékoué et les autres unités des forces de l’ordre. Cette contribution se limiterait strictement aux renseignements d’ordre sécuritaire.
En tout état de cause, Dosso Mandou Olivier, commissaire de police de Duékoué, dément formellement les allégations faisant état de l’implication des ex-combattants dans l’arrestation Doh Amos Désiré. Si tel était le cas, cette situation devrait sa justification, selon lui, à un déficit d’effectif des agents de police à Duékoué. Et le cas échéant, il aurait suffit d’adresser une demande d’effectif supplémentaire à la hiérarchie qui n’aurait pas hésité à répondre favorablement. Et le commissariat de Duékoué qui a récemment bénéficié du renforcement de l’effectif de ses agents ferait preuve de mauvaise foi en sollicitant à nouveau des agents.
Ces actes de violence injustifiée, aux dires d’un officier qui a souhaité garder l’anonymat, couvent le projet d’affaiblir la cellule judiciaire de la police de Duékoué, nourri par des individus connus des services de police dont certains ont été identifiés au cours de ces manifestations.
Meneurs de la manifestation, ces derniers ont tenté lors de ces événements de libérer certains de leurs compagnons détenus au commissariat de police.
En effet, la cellule judiciaire de la police de Duékoué s’est particulièrement montrée efficace ces derniers mois, en démantelant une quinzaine de bandes armées et des gangs de coupeurs de route dans la Région. Ce qui lui vaut d’être sollicitée dans toute la Région, mais aussi et surtout, d’être la cible des individus de mauvais acabit. Hier, les amis de feu Doh Amos Desiré ont incendié trois maquis au quartier Carrefour accusant les propriétaires d’avoir dénoncer leur chef à la police. Il faut souligner les efforts incessants du préfet Sory Sangaré qui ont permis de faire tomber la fièvre.
De notre correspondant permanent dans l’Ouest K.K.Lucien