Monsieur OUATTARA, ne laissez pas parasiter votre 2ème mandat! #rémaniementciv
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Comme un léger ballon de plage, le pouvoir passe et rebondit…!
Abidjan, 2-1er-16 (lepointsur.com)-L’espérance face à l’avenir, l’universalité du bien commun, la solidarité, la paix durable, la démocratie, la clairvoyance politique et le courage dans la responsabilité doivent constituer le socle du vivre-ensemble; car tout est caresse de Dieu: la terre, les eaux, les montagnes, la richesse, la pauvreté, le pouvoir, la vie…la République. La république consiste en la publicité (caractère public) de la politique et elle ne peut subir durablement les caprices, les appétits et arrangements traités en privé, en secret, dans des chambres closes et autres corridors. Ce serait tout sauf de la démocratie. La démocratie, ce n’est pas la démagogie paternaliste qui s’assimile au prétexte «C’est pour ton bien!». Les peuples de notre Temps ne s’infantilisent plus. Ils savent mieux que des groupuscules où se trouvent leurs intérêts, les choisir et les réclamer quand les circonstances l’exigent.
Il s’agit donc maintenant de rétablir ce qu’est la démocratie, de renommer vraiment et rejeter ce qu’on appelle faussement « démocratie », en prenant en compte les sanglots et les aspirations des populations au détriment des lamentations de la minorité de proches et alliés tendant à revigorer leurs conforts suffisamment étincelants.
La démocratie pour une citoyenneté active n’a pas de valeur en soi et n’est pas une simple recette parée de toutes les vertus. C’est plus profondément une révolution culturelle qui est proposée, une métamorphose, selon l’expression d’Edgar Morin, à l’opposé de l’individualisation et de la personnalisation du pouvoir; un risque que court la Côte d’Ivoire si nous n’y prenons garde. Oui la démocratie qui implique une juste forme d’attribution des tâches d’exercice du pouvoir, fondée sur le renforcement de la participation des meilleurs citoyens et l’écoute de la masse dans la prise de décision politique.
Les politiciens et serviteurs de l’État joueurs de bonneteau, le peuple ivoirien n’en a plus besoin et le président OUATTARA doit entendre son appel pressant. Le bonneteau, en effet, est un jeu d’argent, un jeu de dupes de l’ordre de l’escroquerie, proposé à la sauvette sur les marchés et dans les lieux publics. Il est pratiqué au moins depuis le XIVè siècle en France et encore dans de nombreux pays. Ces politiciens et serviteurs de l’État joueurs de bonneteau font passer pour du réel ce qui n’est que de l’idéologie, pour du concret ce qui n’est que du langage, pour scientifique ce qui n’a que l’apparence de la science.
Ils participent à la destruction de l’universalisme fondé sur l’assimilation républicaine et déconstruisent cet enracinement ivoirien pour le jeter aux chiens. Les appétits politiques, aussi légitimes soient-ils, ne doivent pas faire éclater notre espace public en morceaux, menacer la paix civile et parasiter la marche de notre République vers la modernisation institutionnelle, l’édification de l’Ivoirien Nouveau, l’émergence et donc du développement. Parasiter, c’est perturber, troubler la réception des signaux sonores, empêcher le bon fonctionnement de quelque chose.
Au-delà des goûts et des formations de chacun et des choix des systèmes politiques, l’espace public doit être un lieu de confrontation des idées et de synthèse des talents. On ne peut pas tolérer que des ministres et animateurs des grandes chaînes de la gouvernance publique biaisent et perturbent l’exercice du pouvoir d’État en transformant le fonctionnement de la République en un jeu d’appâtage de 2020. Monsieur OUATTARA doit avoir le courage politique nécessaire pour désigner un nouveau premier ministre aussi brillant, travailleur, moins marqué politiquement mais plus jeune que monsieur Daniel Kablan DUNCAN qui n’a plus la fraîcheur physique et intellectuelle requise pour conduire la barque. D’ailleurs, les exemples de bon profil ne manquent pas dans son entourage professionnel immédiat actuellement au Palais si la confiance devrait être le critère fondamental.
Ce sera l’occasion de faire un nettoyage profond et à sec de ce gouvernement actuel truffé d’incompétents, de corrompus et de politicards ou politiciens manœuvriers regardant déjà 2020 du coin de l’œil avec envie et empressement. Tous les politiciens joueurs de bonneteau et leurs suppôts qui lorgnent déjà 2020 ne doivent pas être reconduits dans le nouveau gouvernement. Que ces derniers retrouvent leur liberté légitime pour aller se préparer sur le terrain pour 2020 et éviter de parasiter le deuxième mandat du Président de la République. Car la gouvernance du pays ne peut pas être freinée par des ruses politiciennes de positionnement pour 2020. Il faut des citoyens ivoiriens compétents et moins marqués politiquement pour servir la république. Et que les politiciens impatients se préparent légitimement pour 2020 hors du gouvernement et des autres parcelles sensibles de la gouvernance nationale.
Ce qui donnera plus de sérénité rationnelle et de dextérité confortable au plan politique et diplomatique au Chef de l’État pour traiter les bruits de couloir dans l’édifice RHDP à propos du projet de parti unifié et les délicates tracasseries judiciaires de ses soutiens internes et externes d’hier dans la conquête du pouvoir d’État. Le Président OUATTARA doit traiter avec abnégation les défis des appétits au RDR et au RHDP afin de clairement démocratiser la lutte pour sa succession au risque de menacer la paix sur laquelle s’est construit le rétablissement de la Côte d’Ivoire depuis la dernière crise post-électorale. S’il veut que l’histoire retienne ses efforts de développement, il a le devoir impérieux de stopper au ras du sol l’ouragan socio-politique qui se dessine et faire en sorte que les appétits de succession ne se propagent en incendie.
Les disputes politiciennes qui sont les nôtres sont la marque de notre liberté et doivent être constamment encadrées par les règles et les vertus démocratiques. Malgré toutes nos différences, la plupart d’entre nous, nous partageons certains espoirs quant à l’avenir de la Côte d’Ivoire. Nous voulons que nos enfants grandissent dans un pays où ils auront accès aux meilleures écoles, aux meilleures administrations et aux meilleurs centres de santé; un pays qui se montre à la hauteur de son ambition de leader en économie, en technologies, innovations et découvertes, avec les emplois qualifiés pour ses jeunes, ses femmes et les nouvelles entreprises qui en découlent; un pays fondé sur les promesses de solidarité de sorte que la mort n’emporte plus personne pour une plaquette d’aspirine, un blister de coartem, une dose de perfusion, une ampoule d’antibiotique, un kit d’accouchement et une boîte de cérélac ; une nation qui brille de civisme, de bonheur et de liberté citoyenne et républicaine, dans un environnement sain.
Sans langue de bois, sans éviter les sujets qui fâchent, sachons donner du sens à la République, à la démocratie et à la politique, à savoir: une direction et une orientation pour nos concitoyens en ce début d’année 2016. Le rappel savant et vivant de l’histoire coexistentielle partagée par tous les ivoiriens doit ranimer les valeurs républicaines. Contre les prophètes de la division et des cataclysmes qui annoncent des moments de gouvernance difficiles à partir de 2016 et une période d’instabilité dès 2020, un peu comme ce que le pays a connu après la mort de Félix Houphouët-Boigny, il nous faut donner des raisons d’espérer en un avenir commun, en multipliant les gestes et les actes de la dignité humaine, du savoir-vivre ensemble et de la démocratie. C’est cela le sens de la République et du devoir que doit incarner le President Alassane OUATTARA. Nos acteurs politiques doivent apprendre à tenir leurs promesses et à favoriser le bien collectif, en repoussant l’entre-soi et le communautarisme voire l’apartheid social.
Il y a aussi le phénomène de la corruption qui grippe considérablement les efforts de développement de la Côte d’Ivoire en crispant son avenir. Notre société est foncièrement corrompue et des chefs d’orchestre de cette gangrène sont, malheureusement aussi, au sommet des grandes chaînes de la gouvernance du pays. La corruption dans les concours administratifs et les grandes chapelles politiques ne régresse véritablement pas ! Le racket des forces de l’ordre continue sur les routes secondaires où aucune autorité et aucun élu ne s’arrêtent pour comprendre pourquoi des véhicules sont alignés à certains corridors. L’occupation anarchique des trottoirs, l’interdiction des sacs plastiques, la politique d’hygiène publique ignorée par l’institut national d’hygiène publique puis restreinte à la délivrance des certificats aux hôtels, l’interdiction de fumer dans les espaces publics et de téléphoner au volant restent dévoyées et inopérantes !
Les mesures concernant le système éducatif sont gérées avec un amateurisme inconséquent et révoltant: le wifi généralisé et gratuit sur les campus depuis 2012 est quasi inexistant et infonctionnel à l’Université Alassane OUATTARA et ailleurs; dans toutes les universités publiques et dans les instituts ou centres professionnels, les laboratoires et amphithéâtres manquent d’équipements quand ils ne sont pas défaillants; il est plus aisé de rencontrer des cafards et des souris dans les bibliothèques que de trouver des livres; les enseignants sont confinés dans des petits mètres carrés à défaut de bureaux suffisants; des TD sont déportés dans les collèges et lycées environnants les week-ends, jours fériés et pendant les vacances scolaires parce qu’il n’y a pas assez de salles dans nos universités: mais à quoi a servi l’investissement moyen de 110 milliards ?
Malgré les mesures rendant obligatoire l’école pour les enfants de 6 à 16 ans, des jeunes filles, principalement, de cette tranche d’âge continuent de vendre du dêguê, du tchongon, des arachides, du bissap, de l’eau glacée sur les marchés d’Adjamé, Treichville et ailleurs aux heures de cours, pire, aux heures de récréation au sein même d’établissements scolaires, alors qu’elles devraient être dans les salles de classe pour s’instruire. Chez presque tous les décideurs en Côte d’Ivoire, vous avez des enfants non scolarisés de cette tranche d’âge et /ou des adultes analphabètes qui servent de personnels de maison. C’est inadmissible et écœurant! Des kits scolaires sensés être gratuits et des anti retroviraux subventionnés sont abusivement commercialisés.
Et que dire des frasques du prisonnier Yacou le Chinois qui a organisé dernièrement un anniversaire en chandelle en pleine cellule pénitentiaire…? Comme quoi, il y a un véritable problème d’application et de suivi des mesures gouvernementales du fait de la corruption des acteurs et de la faillite professionnelle des premiers chefs.
Il y a également une concurrence déloyale imposée par des ministres, des DG, des PCA et leurs complices qui ont créé des entreprises et se retrouvent dans tous les compartiments économiques: transports, mines, pétrole, constructions, travaux publics, établissements éducatifs, alimentation. Le pourcentage croissant des marchés de gré à gré reflète bien ce malaise social: on attribue des marchés et des contrats uniquement aux proches (parents, amis, maîtresses et alliés), très souvent incompétents et improductifs.
La corruption est une source de sous-développement. Sans information, il ne peut pas y avoir de transparence dans la gestion de la chose publique et, à ce niveau, il faut remettre à flot le pays. La corruption fait perdre à la Côte d’Ivoire, chaque année, des dizaines de milliards d’investissements publics qui glissent dans des poches de particuliers véreux, du gardien d’immeuble à des animateurs de services généraux, de structures religieuses, d’officines cantonales ou royales, de ministères jusqu’à la Primature et au Palais Présidentiel. C’est pourquoi, la Haute Autorité pour la bonne gouvernance conduite par monsieur Seydou Diarra doit changer de direction si le Président Alassane OUATTARA attend des résultats escomptés. Monsieur Seydou Diarra n’a plus les énergies physiques et intellectuelles suffisantes pour mener une telle bataille.
Personne ne veut vivre dans une société où la règle de droit cède la place à la loi du plus fort, de ceux qui ont le carnet d’adresses le mieux fourni, des plus nuls et à la corruption. Ce n’est pas la démocratie, c’est de la cupidécratie, même si de temps en temps on y sème une élection ça et là. Il est temps que ce style de gouvernement disparaisse. Pour promouvoir une gouvernance vertueuse en Côte d’Ivoire, il faut adapter le cadre juridique et institutionnel de lutte contre la corruption aux standards internationaux, à travers une véritable réforme du cadre juridique de lutte contre la corruption. Aussi, il nous faut susciter une demande citoyenne comme l’engagement des acteurs, le pacte d’intégrité.
Monsieur le Président OUATTARA, tous ceux qui sont autour de vous et qui ne font pas l’affaire, doivent être remplacés. La Côte d’Ivoire n’a plus besoin de ministres et cadres affairistes qui se comportent comme des propriétaires ou chefs de nos parcelles étatiques qui leur ont été provisoirement confiées. Il faut une purge drastique du gouvernement et des autres parcelles de la gouvernance publique (directions générales et conseils d’administration) où des compatriotes n’ont pas épousé votre esprit de travail et votre ferme volonté de contribuer à l’amélioration des conditions de vie de vos concitoyens. Il faut l’entrée de jeunes technocrates et de femmes dans le gouvernement de votre dernier mandat sensé conduire la Côte d’Ivoire vers l’émergence. D’ailleurs les jeunes ministres Abdourahmane Cissé (34 ans), Sidi Touré et le DGA puis DG du BNETP, monsieur Kinapara Coulibaly (37 ans), pour ne citer que ceux-là, séduisent par leurs compétences, dynamisme et professionnalisme. Les ivoiriens croient encore en leur président et il ne doit pas décevoir, car l’impatience est nettement perceptible.
C’est pourquoi monsieur OUATTARA doit faire appliquer son programme de société déroulé pendant l’élection d’octobre 2015, en se libérant des Accords de camaraderie et des chantages des fidèles de parcours et des soutiens politiques et stratégiques d’hier afin de travailler en toute liberté. Le Docteur Alassane OUATTARA doit concrétiser sa volonté de changement proclamée à travers le concept d’IVOIRIEN NOUVEAU et il confortera les ivoiriens sur le fait qu’il est un homme d’engagement respecté. Tout mon dessein ne tendait qu’à m’assurer et à rejeter la terre mouvante et le sable, pour trouver le roc ou l’argile. Ces mots de René Descartes dans « Discours de la Méthode » (Troisième partie) sont d’une actualité retentissante, au regard du contexte socio-politique actuel de la Côte d’Ivoire, en ce qu’ils nous invitent à nous atteler à découvrir, à promouvoir des certitudes et des vérités, des méthodes et des actions, c’est-à-dire du dur sur lequel s’appuyer, tout comme le roc et l’argile pour « construire » l’IVOIRIEN NOUVEAU et, partant, la Côte d’Ivoire du développement accompli, des valeurs et des pratiques modernes.
Il est alors essentiel, pour Monsieur Alassane OUATTARA, de passer de la théorisation des promesses de la campagne politique à la pratique d’un début de réalisation du projet de société promis aux ivoiriens pour son second mandat, dès les premiers jours de 2016. Oui toute réalité vivante est embarquée dans un mouvement se traduisant par le passage du virtuel au réel, de la « puissance » à l’« acte », selon les termes aristotéliciens.
Place donc à une nouvelle gouvernance qui tienne compte des promesses de campagne d’octobre 2015 et des pratiques modernes de la démocratie ! Il faut alors désethniciser et déclaniser les armées et la gestion administrative et politique de notre pays.
Nous sommes en République et on ne choisit pas, on ne négocie pas ses héritiers politiques au coin d’une table ou au chevet d’un lit. Il faut tout simplement un consensus sur les règles de désignation et laisser tous les prétendants légitimes s’essayer au jeu démocratique par le devoir social et le droit souverain du peuple, à travers les urnes, en temps opportun. Et la Côte d’Ivoire se mettra à l’abri des tempêtes incendiaires de liberté, de stabilité politique, de bonne gouvernance et de démocratie. Car se sentir prêt et public, ce n’est pas être populaire c’est-à-dire avoir l’adhésion du peuple. Chaque citoyen peut faire tourner et développer son pays grâce à ses mains ou à son ingéniosité. Personne ne peut freiner personne! Chacun de nous est dans l’Histoire et a son histoire. Mais chaque histoire citoyenne ne peut orienter l’Histoire d’une Nation ou d’un peuple. Le drame, c’est quand on perd la lisibilité de son histoire, car cela peut nous desservir de façon fracassante. Attention: la seule volonté ne peut jardiner l’Histoire…!
Certes, notre époque est confrontée à de nombreux défis. Comment concilier les impératifs de l’économie par la bonne gestion des richesses nationales, de la recherche du bonheur collectif par l’emploi massif, de la pérennité des institutions par la fluidité du jeu démocratique, de la paix républicaine par l’observation de la justice des droits de l’Homme, de la sécurité sociale par la bonne gouvernance et du respect de notre environnement existentiel ?
Ces impératifs correspondent à trois échelles de temps, le court, le moyen et le long terme, auxquelles se superposent trois types d’intérêts — les nôtres, ceux de nos proches et ceux de tous les êtres. L’altruisme est le seul concept qui peut nous permettre de relier naturellement les trois échelles de temps — court, moyen et long termes — en harmonisant leurs exigences. Dans le monde contemporain, l’altruisme est plus que jamais une nécessité, voire une urgence. Il est aussi une manifestation naturelle de la bonté humaine, dont nous avons tous le potentiel, en dépit des motivations multiples, souvent égoïstes, qui traversent et parfois dominent nos esprits. L’altruisme semble être un facteur déterminant de la qualité de notre existence présente et à venir. Partant, ayons la perspicacité et l’audace de promouvoir et engager l’altruisme politique et républicain par des actes forts empreints d’une haute grandeur et d’une opiniâtreté qui préservent l’intérêt général et stabilisent la république, en mettant en derniers plans les petits arrangements de cousinage.
Albert Camus avait écrit que « Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde. » dans « Sur une philosophie de l’expression » de 1944 (Poésie 44, Œuvres complètes, tome I, La Pléiade, p. 908). Monsieur le Président OUATTARA, ne vous trompez pas de lecture des événements! Ne manquez pas ce rendez-vous de notre histoire! Il faut maintenant passer à l’action…!
Que 2016 soit une année radieuse et que notre monde nous montre autre chose que les terreurs, les misères et les détresses….!
Docteur Pascal ROY
Philosophe–Juriste–Politiste–Coach politique–Analyste des Institutions, expert des droits de l’Homme et des situations de crises–Médiateur dans les Organisations–Enseignant des Universités–Consultant en RH–Écrivain-Chroniqueur
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