Man / Après avoir soutenu la rébellion : Le partage du gâteau fait des frustrés
S’il y a une personne qui a un pincement au cœur aujourd’hui, eu égard à son soutien sans faille à la rébellion des Forces nouvelles, c’est bien la vieille Koné Nombra, du nom de celle qui, en son temps, avait accepté tous les sacrifices pour la cause des FN dans le département de Man.
En effet, par crainte de subir le même sort que les populations qui avaient épousé la cause de la rébellion à Daloa, les habitants se méfiaient encore des nouveaux maîtres des lieux, jusqu’à ce que la vieille Koné prenne le devant de la scène, en vue d’organiser des femmes pour la cuisine. Ce, face à la menace des armes.
Elle est soutenue par le doyen Coulibaly Inza, qui mettra au service de cette dernière, ses deux filles dans sa tâche à concocter des repas pour les soldats des Forces Nouvelles. Compte tenu de l’immensité de la tâche qui se faisait de façon quotidienne, plusieurs autres personnes ont joint leur force au petit noyau formé par la vieille et les deux filles du doyen Coulibaly Inza.
Il s’agit notamment de la vieille Cissé Kango et ses belles-filles qui sont venues soutenir les efforts des premières dans la cuisine.
Avec l’assurance que les premières à s’être engagées volontairement pour faire la cuisine étaient en sécurité, plusieurs femmes rejoignent le petit groupe de la vieille Koné Nombra. Malheureusement, c’est à cette période que les Forces loyalistes, appuyées par des mercenaires angolais reprennent Man.
C’est la chasse aux cuisinières dans toute la ville, pour leur exécution, pour avoir collaboré avec ceux que les Forces loyalistes de ces temps-là appelaient leurs ennemis. Prises de peur, les populations ont cédé et ont dénoncé les cuisinières volontaires. Plusieurs d’entre elles ont été rattrapées et abattues sans aucune forme de procès.
Considérées comme tête de file de ces cuisinières volontaires, la vieille Koné Nombra a réussi à s’enfuir de la ville, ainsi que son soutien le doyen Coulibaly Inza. Le domicile de dame Nombra est assiégée par les nouveaux occupants.
C’est dans ce climat délétère que les Forces Nouvelles reprennent la ville au grand bonheur des populations en général et des cuisinières en particulier. La cuisine pouvait donc reprendre en toute sécurité sous la protection des chefs de guerre Coulibaly Adams, puis Coulibaly Ousmane, aujourd’hui Préfet de région à San Pedro, succédé à son tour par le Commandant Losseni Fofana.
Après la guerre malheureusement, l’Addr (Autorité pour la démobilisation, désarmement et réinsertion) refuse de prendre en compte ces braves dames qui ont risqué leur vie pour la cause des Forces Nouvelles.
Au nombre de 14, avec à leur tête la vieille Koné Nombra, ces cuisinières d’hier ne savent plus où donner de la tête. D’autant que, selon la cuisinière principale jointe par téléphone, « tous les recours possibles ont été utilisés ». C’est pourquoi elle et les 13 autres ont décidé de s’adresser au Président de la République pour que justice leur soit rendue.
Idrissa Konaté
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