Sante

Lutte contre l’insuffisance rénale  / Tout savoir sur  ce tueur silencieux  


En donnant le premier coup de pioche du Centre international d’hémodialyse d’Abidjan en octobre 2011, l’ex-Première dame Henriette Konan Bédié, présidente de « Servir », réalisait ainsi un rêve vieux  de 13 ans. Trois années après, elle annonce l’ouverture de l’appel d’offres pour la construction du centre, appelant toutes les entreprises à soumissionner.

Anatomie du corps humain: les reins

Anatomie du corps humain: les reins

Le gala de l’Ong Servir s’est tenu en fin d’année dernière, pour lancer officiellement l’appel d’offres en vue de démarrer véritablement la construction du Centre des hémodialysés de l’Ong Servir, a déclaré Mme Bédié, lors d’une  récente visite sur le site du chantier. « A l’évidence, ce projet occupe une place toute particulière dans mon cœur. J’invite donc toutes les entreprises à soumissionner pour donner une assiette plus large de concurrents afin d’en permettre le meilleur choix, car c’est l’envergure du projet qui l’exige », avait-t-elle ajouté en présence des ministres de la Santé, de la Solidarité et de la Construction. Cet hôpital spécialement dédié aux insuffisants rénaux, sera bâti sur une superficie de quatre hectares en face du Sanctuaire marial d’Attécoubé, et en bordure de lagune. Il aura une architecture en forme de rein. Son coût est estimé à cinq milliards de F CFA. Selon Mme Bédié, toutes les conditions sont désormais réunies pour le démarrage des travaux de construction du centre. Un dîner gala présidé par le président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema, a eu lieu pour la collecte des fonds nécessaires. Chaque minute, les reins filtrent environ 1 litre de sang, soit un cinquième de la quantité pompée par le cœur. L’insuffisance rénale chronique est une maladie grave qui entraîne une détérioration graduelle et irréversible de la capacité des reins à filtrer le sang et à excréter certaines hormones. Les produits du métabolisme et l’eau en excès passent de moins en moins dans l’urine et s’accumulent dans l’organisme. L’insuffisance rénale chronique résulte des complications du diabète, de l’hypertension ou d’autres maladies. L’insuffisance rénale aiguë, quant à elle, survient soudainement. Elle se produit souvent à la suite d’une diminution réversible du flot sanguin rénal. Les causes sont multiples, comme la déshydratation, les infections sévères, d’une obstruction comme dans l’hypertrophie de la prostate, ou l’exposition à des substances qui sont toxiques pour les reins comme les produits de contraste utilisés en radiologie.

Comment fonctionnent les reins

Les reins ont pour fonction essentielle de retirer du sang l’excès de liquide et les déchets du métabolisme. Les reins reçoivent le sang par les artères rénales qui transportent le sang oxygéné provenant du cœur. En pénétrant dans les reins, le sang circule dans des vaisseaux de plus en plus petits qui aboutissent chacun à un néphron, une sorte de rein miniature. Un néphron est formé d’un glomérule qui filtre l’eau, les sels minéraux, le calcium, les acides aminés et les déchets et d’un tube qui transporte l’eau et tous les matériaux collectés. Le sang réabsorbe alors les matériaux que le corps peut utiliser de nouveau, et le reste est collecté dans le bassinet, une sorte d’entonnoir relié à l’uretère qui transporte l’urine à la vessie.

Quand consulter

Si vous souffrez de diabète ou d’une autre maladie susceptible de provoquer une insuffisance rénale, votre médecin suivra la santé de vos reins sur une base régulière par des analyses de sang et d’urine. Si des symptômes se manifestent entre deux visites, n’hésitez pas à contacter votre médecin. Même si vous n’êtes pas à risque de souffrir d’insuffisance rénale, contactez votre médecin immédiatement si le volume de votre urine change considérablement ou si votre urine contient des traces de sang. La progression de l’insuffisance rénale chronique est si lente que les symptômes sont souvent imperceptibles au cours des premières années, car les reins s’adaptent et compensent leur perte de fonction. Plusieurs patients ne prennent connaissance de leur problème de santé que lorsque leurs reins opèrent à moins de 25 % de leur capacité normale.

Les symptômes de l’insuffisance rénale chronique et aigüe

Certains symptômes non spécifiques, comme la fatigue, peuvent être la seule manifestation de la maladie pendant longtemps. Chez les personnes à risque, le suivi par analyses sanguines et urinaires est donc essentiel afin de détecter des signes annonciateurs d’insuffisance rénale. Une fois la maladie bien installée, les symptômes suivants peuvent se manifester : Enflure des pieds, des chevilles, des jambes ou des paupières ; douleur à la miction et diminution du volume d’urine ; Mictions plus fréquentes ; urine mousseuse, trouble ou de couleur foncée ; Hypertension artérielle ; Fatigue et faiblesse plus marquées ; nausées et vomissements ; perte d’appétit et mauvais goût en bouche ; perte  inexpliquée de poids ; somnolence, ralentissement psychomoteur ; maux de tête . Troubles,  du sommeil ; douleur dans le milieu, le bas du dos ou sur les côtés du bassin ; Contractions involontaires des muscles et crampes ; démangeaisons persistantes

La prévention de l’insuffisance rénale

Dans certains cas, la maladie est impossible à prévenir. Cependant, les deux causes principales sont le diabète (type 1 et 2) ainsi que l’hypertension artérielle. Un bon contrôle de ces maladies diminue grandement le risque d’évolution vers l’insuffisance rénale. Cependant, de saines habitudes de vie peuvent aider à réduire les risques. Suivez fidèlement les traitements recommandés par votre médecin si vous souffrez d’une maladie chronique comme le diabète, le lupus ou l’hypertension. Faites prendre ou prenez vous-même votre tension artérielle de façon régulière. Évitez les abus d’alcool, de drogues et de médicaments, y compris ceux vendus sans ordonnance, comme l’aspirine, l’acétaminophène ou l’ibuprofène. Faites-vous traiter sans tarder en cas d’infection urinaire ou de toute autre affection des voies urinaires.

Les traitements médicaux de l’insuffisance rénale

Sans pouvoir guérir l’insuffisance rénale chronique, le traitement peut ralentir ou même stopper sa progression. En cas d’insuffisance rénale aigue, le processus est souvent réversible. On traite en priorité la maladie qui se trouve à l’origine de l’insuffisance rénale, comme le diabète ou l’hypertension. L’insuffisance rénale proprement dite est traitée en parallèle.

Régime alimentaire

87325805La première mesure proposée aux patients est souvent la modification du régime alimentaire. Le médecin peut recommander une réduction de l’apport en protéines pour ralentir l’accumulation de déchets dans le sang et limiter les nausées et les vomissements. On diminue le risque d’avoir recours à la dialyse et on diminue la mortalité. Les apports en sodium (contenu dans le sel) ainsi qu’en lipides (gras) doivent être limités. Le tout doit être ajusté à la gravité de l’insuffisance rénale et les conseils d’un nutritionniste se révéleront très utiles dans ces circonstances. Le médecin peut aussi prescrire une réduction de la consommation de liquides : eau, glaçons, café, thé, boissons gazeuses, jus, soupes, lait, crème, crème glacée et sorbets. Il pourrait par exemple limiter cette consommation à 1,5 litre par jour. Pour contrôler la soif, on propose aux patients de se rincer régulièrement la bouche avec de l’eau, sans l’avaler. Sucer des bonbons ou mâcher de la gomme peut aussi aider à humidifier l’intérieur de la bouche grâce à la salive. Un vaporisateur buccal comme le Biotène peut aider.

Médicaments

Lorsque le régime alimentaire ne suffit plus à contrôler les déséquilibres en eau et en électrolytes (calcium, phosphore, potassium, etc.), l’introduction de médicaments en ajout aux bonnes habitudes alimentaires aidera à atteindre cet objectif : vitamine D, sévélamer (Rénagel) pour contrôler le phosphore, sulfonate de polystyrène sodique (Kayexalate) pour contrôler le potassium, et calcium et calcimimétiquescinacalcet (Sensipar) pour réguler le calcium. Un traitement sera proposé au besoin pour maintenir les globules rouges sanguins à un certain taux : darbopoïétine (Aranesp) et érythropoïétine (Eprex). Un contrôle strict de l’hypertension artérielle diminue la progression des dommages aux reins et une médication sera presque certainement nécessaire afin d’atteindre les valeurs de pression souhaitées. La cible est de moins de 140/90, voire 130/80 en cas de diabète ou de protéinurie. De plus, on tentera au besoin de faire uriner « l’excès d’eau » présente dans le corps avec des diurétiques : furosémide (Lasix), hydrochlorothiazide (Hydrodiuril). Chez les diabétiques, la glycémie doit être maintenue à un taux acceptable, par l’utilisation de médicaments oraux ou d’insuline si la diète ne suffit plus. Voir la fiche sur le diabète.

Dialyse

La dialyse fait appel à une membrane qui joue le rôle de filtre et sert à éliminer les toxines et les excès de liquide du sang. Il existe deux types de dialyse : la dialyse péritonéale et l’hémodialyse. Le choix d’une méthode plutôt que l’autre repose sur l’âge du patient, sa capacité à gérer son traitement (la dialyse péritonéale exige un minimum de dextérité et d’autonomie), la présence d’autres maladies et la préférence du patient. Dans la dialyse péritonéale, on utilise le péritoine pour jouer le rôle de filtre. Le péritoine est la double membrane qui tapisse la paroi de l’abdomen (ventre) et les organes abdominaux (intestin, estomac, etc.) Ces deux membranes sont séparées par un espace infime dans lequel on installe un cathéter (un tube flexible, de très petite dimension) de façon permanente. Grâce à ce tube, on remplit le péritoine d’une solution appelée dialysat, laisser  quelques heures dans cette cavité. Le sang qui circule dans les vaisseaux ratissant le péritoine est alors filtré : les toxines et l’eau en excès passent du côté du dialysat. Une fois l’opération terminée, on retire le dialysat pour le remplacer par un autre, vierge. La dialyse péritonéale est généralement effectuée à la maison, par le patient ou un membre de sa famille. La dialyse péritonéale continue ambulatoire est généralement répétée toutes les 6 heures. La dialyse péritonéale automatisée se fait 1 fois par jour, durant la nuit, grâce à un appareil programmé. L’hémodialyse doit être pratiquée à l’hôpital ou dans une clinique spécialisée. On utilise une machine appelée « dialyseur » pour filtrer le sang. Le sang est d’abord pompé dans le dialyseur. À l’intérieur de la machine, il demeure d’un côté d’une membrane qui sert de filtre. Les déchets et l’excès de liquide traversent la membrane et passent de l’autre côté, où se trouve le dialysat. Le sang filtré est retourné dans l’organisme. En général, la procédure requiert 4 heures. Elle doit être répétée environ 3 fois par semaine.

Greffe rénale

Pour certains patients, une greffe rénale s’impose. Les candidatures sont évaluées par des critères très stricts pour éviter toute forme de discrimination. Une évaluation détaillée par un néphrologue spécialisé en greffe rénale est nécessaire afin d’établir si cette option thérapeutique est adéquate pour un patient donné. Le rein peut provenir d’un donneur vivant, souvent un parent, ou d’un donneur qui vient de décéder. Grâce à une greffe réussie, le receveur arrive à mener une vie active, en bonne santé.

Dossier réalisé par Eugene Kanga

Collaboration : Dsk

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