Voici la preuve que la ministre Mariatou Koné a bel et bien été prise en otage à la morgue de Bouaké
Bouaké, 22-05-2017 (lepointsur.com) Une cérémonie de levée de corps des plus spectaculaires, c’est ce à quoi la Ministre de la Solidarité, de la femme et de la Protection de l’Enfant, et plusieurs autorités ont assisté, le lundi 22 mai 2017 à la morgue de Bouaké.
Venue apporter le soutien et la compassion du gouvernement, suite à la mort de l’ex-combattant Diawara Issouf, le Professeur Koné Mariatou a été séquestrée pendant plus d’une demi-heure par des ex-combattants qui disent ne pas se reconnaitre dans les propositions faites par l’émissaire du gouvernement. Invitée, en effet, à prendre la parole pour exprimer les condoléances du chef de l’Etat et du gouvernement, Pr Koné Mariatou a tenu un discours qui a du coup irrité les ex-combattants.
« La violence ne donne rien. Il faut que nous sortons de la violence pour faire nos revendications. Nous avons bien compris le contexte dans lequel le frère est décédé », indique-t-elle. Puis d’ajouter que les quatre jours de mutinerie ont fait régresser le pays. Elle ne manque pas de rassurer ses hôtes sur ce que le Président de la République envisage de faire pour les sortir de leurs conditions sociales.
« En venant, le Président de la République m’a chargé le message suivant. Il a bien compris les problèmes que vous avez. J’ai reçu des démobilisés à Abidjan qui m’ont transmis vos messages. Ce que vous voulez aujourd’hui c’est de travailler. Il faut que vous puissiez travailler, car seul le travail peut donner la dignité à l’Homme, au lieu de rester dans la mendicité ou de prendre des armes. Il faut travailler à restaurer la dignité de tous.C’est pour cela qu’il existe beaucoup de projets pour les jeunes. Spécialement pour les démobilisés, le Président de la République me charge de vous dire qu’il y a un fonds spécial qui est mis en place pour les démobilisés. Si vous vous mettez en groupe chacun pourra bénéficier en fonction des projets que vous voulez réaliser (…) » a-t-elle indiqué.
Bien entendu, ce discours a suscité le courroux des ex-combattants qui n’adhèrent pas à l’idée d’une insertion via des projets économiques. Sur le champ, ceux-ci l’ont fait savoir à Mme la Ministre Mariatou Koné. « Nous ne voulons pas de projets. Ce que nous voulons c’est notre argent », lâchent ils en chœur. Toute chose qui a créé un remue-ménage sous le préau où a eu lieu la cérémonie de levée de corps.
Lasse d’attendre et de se faire entendre par ses hôtes dans une ambiance surchauffée qui ne finissait pas et qui durait environ 20 minutes, la Ministre de la Solidarité décide de se retirer de l’activité funèbre. Alors qu’elle se dirigeait vers sa voiture de commandement, les ex-combattants l’immobilisent pendant près de 30 minutes, et exigent le paiement de leur prime, comme cela ce fut pour les ex-démobilisés. Mieux, les portes de la maison mortifère ont été fermées par les ex-combattants, obligeant l’émissaire du gouvernement à les écouter de force.
Après plusieurs négociations, les ex-combattants décident de laisser partir la ministre non sans promettre d’aller bloquer le corridor sud. Sortie de cet imbroglio, le véhicule de commandement de Pr Mariatou Koné fonce en trombe sur le corridor sud avant que son accès ne soit obstrué. Direction Abidjan.
Simon Debamela, correspondant à Bouaké