PDCI-RDA : Célébration des 70 ans, reconquête du pouvoir…/A l’heure des interrogations…Par EKB
Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) fête ses 70 ans d’existence. Plus d’un demi-siècle d’existence sur fond d’interrogation. En effet, après avoir perdu le pouvoir en 1999, le parti fondé par Félix Houphouët Boigny en 1946 est à la croisée des chemins.
De la recherche de son hégémonie à la reconquête du pouvoir d’Etat, en passant par les alliances politiques, quelquefois, empreintes d’incertitudes, le plus vieux parti d’Afrique est en proie à des interrogations. S’il est vrai que, fort de son expérience, le parti présidé par Aimé Henri Konan a la meilleure assise politique, il n’en demeure pas moins, que 17 ans après la perte du pouvoir, la formation politique qui célèbre depuis quelques jours ses 70 ans d’existence peine à imposer son hégémonie.
De la scission du parti à la création du RDR
Des incompréhensions au sein du parti vont entrainer la scission du parti en deux. Le Rassemblement des républicains, issu du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), ancien parti unique, qui se réclame des idéaux de l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, voit le jour le 27 septembre 1994. Sa création, fait directement suite au refus d’accorder la parole à Djéni Kobina, membre influent du parti d’Houphouët, lors d’un congrès extraordinaire du PDCI.
Evidemment, cette nouvelle donne affaiblit plus le parti. Ainsi, assiste-t-on à une nouvelle recomposition politique avec l’arrivée de l’ancien premier ministre d’Houphouët Alassane Ouattara. Qui entretemps s’était positionné comme le leader incontesté de cette nouvelle formation politique qui a en son sein plusieurs membres influents du plus vieux parti du continent Africain. Rentré de washington, DC (USA), le 30 juillet 1999, ADO sera porté, le 1er août de la même année, à la tête du RDR, lors d’un congrès mémorable tenu au palais des sports de Treichville. Ce nouvel environnement politique sera fatal au parti qui a vu le jour à l’Etoile du Sud de Treichville.
De la perte du pouvoir d’Etat en 1999…
Après avoir régné sans partage pendant plus de 30 ans, grâce au génie politique de son fondateur Félix Houphouët Boigny, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire sera déchu, 6 ans après la disparition du Bélier de Yamoussoukro. En effet, alors même que le pays s’apprêtait à célébrer les festivités de fin d’année en 1999, les « jeunes gens » du Général Robert Guéi, renverse le pouvoir dirigé par le dauphin constitutionnel de Félix Houphouet Boigny, Henri konan Bédié, dont l’exercice du pouvoir d’Etat venait d’être légitimé par des élections, à tout le moins mitigé en 1995.
Commence alors, l’amère expérience d’opposant pour ce parti, dépourvu de toute culture d’opposition, tant ses dirigeants se sont accommodés à la gestion sans partage du pouvoir. Une difficile expérience qui sonne pour nombre de militants du parti comme une descente aux enfers. Ce ne sont pas, Emile Constant Bombet, Laurent Dona Fologo, Niamien N’goran, Ahoua N’Guetta, pour ne citer que ceux-là, qui diront le contraire. Eux, qui ont subi, pour certains les pires humiliations.
La situation du parti va se dégrader davantage avec l’arrivée et la gestion du Comité national de salut public(CNSP), présidé par le général Robert Guéi. La tentative, d’appropriation du parti par le natif de Kabacouma, qui entretemps a troqué le treillis contre le costume va diviser et affaiblir davantage l’héritage d’Houphouët Boigny. S’ensuit alors un imbroglio politique qui va conduire à la prise du pouvoir par l’opposition ivoirienne, conduite par l’opposant historique Laurent Gbagbo, président du Front populaire ivoirien (FPI) à la faveur de l’élection présidentielle 2000. Qui a opposé Laurent Gbagbo à Robert Guéi.
De la rébellion armée, à la naissance du RHDP
L’arrivée de ce dernier au pouvoir va plonger le pays dans une décennie marquée par une crise militaro-politique, débutée en septembre 2002, suite à un coup d’Etat manqué qui s’est mué en rébellion armée, avec pour chef de file, un jeune homme issu de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) qui a vu le jour en 1990. Après que le pays soit coupé en deux (zone CNO et Abidjan), commence un ballet poilitico-diplomatique qui va déboucher sur les élections présidentielles de 2010.
Un scrutin, marqué, d’une part par la naissance d’une nouvelle coalition politique, Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix(RHDP), rassemblant les différents partis politiques qui ont vu le jour, suite à la scission sus-mentionnée (RDR, UDPCI, MFA), se réclamant tous des idéaux du père de la Côte d’Ivoire moderne, Félix Houphouët Boigny, et d’autre part, par la coalition de l’opposition, La Majorité présidentielle (LMP), conduite par Laurent Gbagbo. Au terme, d’une bataille politico-militaire qui a conduit à une crise poste-électorale qui a fait 3000 morts selon la communauté internationale, conséquence de la contestation des résultats par le président sortant Laurent Gbagbo, les leaders du RHDP, retranchés à l’Hôtel du Golf pendant quatre mois, sortiront vainqueurs avec la chute de Gbagbo le 11 avril 2011.
De l’idylle au divorce
Commence, une gestion collégiale (sic) du pouvoir par les héritiers d’Houphouët Boigny. Au bout de cinq ans d’exercice du pouvoir par le leader du RDR, naissent des dissensions, quant à une alternance du pouvoir en 2020 au profit du PDCI. En dépit de la volonté des deux leaders de la coalition des houphouestistes (Bédié et Ouattara) de pérenniser l’œuvre du père de la Côte d’Ivoire moderne, les gardiens dudit héritage, pour cause d’intérêts mesquins peinent à accorder les violons. Au grand dam de ces milliers de militants qui rêvent du retour du PDCI aux affaires après plus de 17 ans de disette. La célébration des 70 ans du plus vieux parti du continent sera-t-il la panacée ? Wait and see.
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