lepointsur.com (Abidjan, le 18-6-2015) Ça y’est ! Ce qui était considéré comme débats de salon a été porté sur la place publique. C’est la présidente de l’Urd (Union pour la République et la Démocratie) qui a eu le courage de percer cet abcès au cours d’une conférence de presse qu’elle a animée jeudi 18 juin 2015. En effet, au cours de cette rencontre d’échanges avec les journalistes, Danielle Boni Claverie a émis des réserves quant à l’organisation de la présidentielle d’octobre 2015. Selon elle, les conditions ne sont pas réunies pour aller à des élections crédibles.

Présidentielle 2015/Danielle Boni-Claverie (Présidente de l’Urd) : ‘’Le Président Ouattara est inéligible au même titre que moi’’

« Le Président Alassane Ouattara est inéligible au même titre que moi », a indiqué l’ancienne ministre de la Communication de Côte d’Ivoire. Puis de regretter que « le Président Ouattara n’ait pas procédé dès le début de son mandat au toilettage de notre Loi fondamentale, en amendant tout particulièrement l’article 35, ce qui le contraint aujourd’hui à respecter cette même Loi », a indiqué la présidente de l’Urd. A côté de la polémique autour de l’article 35 de la Constitution, Danielle Boni Claverie est revenue sur diverses difficultés qui, selon elle, ne contribueront pas à déboucher sur une élection consensuelle.

Il s’agit notamment du désarmement et de l’insécurité. Selon elle, malgré le satisfecit de l’Addr, 18 000 ex-combattants manquent à l’appel et avec eux des armes qui n’ont pu être retirées. « La réconciliation n’est pas effective », a-t-elle fait remarquer. Pour elle, « la réconciliation n’a de chance de se réaliser que si elle cherche à recoudre le tissu social à l’aide d’un fil d’amour » car, estime-t-elle, le dialogue politique est un fiasco.

Danielle Boni Claverie n’a pas omis la question judiciaire. A juste titre, elle a souhaité que les poursuites judiciaires ne soient pas à une seule vitesse. « Il faut que les poursuites judiciaires ciblent les deux camps et que la recherche de la vérité soit faite dans les règles de l’art et en toute transparence pour être plus convaincante », a-t-elle exhorté. Mieux, la présidente de l’Urd a dénoncé la composition de la Cei dans laquelle le pouvoir, selon elle, se taille la part du lion.

Pour ces différentes raisons, Danielle Boni Claverie a, au nom de l’Urd, proposé le report des élections sur une durée à étudier de façon consensuelle. « L’Urd propose la constitution d’une plate-forme transitionnelle avec une feuille de route précise qui aura à mener un certain nombre de réformes pour améliorer le système politique et électoral, notamment amender la Constitution et l’article 35 pour permettre à tout candidat qui le désire de se présenter », a-t-elle renchéri.

Idrissa Konaté

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