L’Afrique de l’Ouest renonce aux sanctions économiques contre le Mali
Lors d’un sommet à Accra, les dirigeants de l’organisation régionale infléchissent leur principe de « tolérance zéro » pour évaluer les situations de crise au cas par cas.
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A Accra, le 3 juillet 2022, lors du sommet de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) consacré aux différents putschs qui ont eu lieu au Mali, au Burkina et en Guinée depuis 2020, le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo, qui a pris la direction pour un an de l’organisation régionale.
A Accra, le 3 juillet 2022, lors du sommet de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) consacré aux différents putschs qui ont eu lieu au Mali, au Burkina et en Guinée depuis 2020, le président bissau-guinéen
Rester fermes sur leur principe de « tolérance zéro » envers les coups d’Etat, quitte à abîmer un peu plus leurs économies par d’impopulaires sanctions, ou jouer le compromis, au risque de conforter l’assise des putschistes qui tiennent le pouvoir au Mali, en Guinée et au Burkina Faso. Placés devant ce dilemme, les dirigeants d’Afrique de l’Ouest, réunis dimanche 3 juillet en sommet à Accra, au Ghana, ont choisi de maintenir une approche au cas par cas. Les décisions de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dessinent cependant une inflexion favorable aux militaires qui se sont emparés du pouvoir dans leur pays.
La prise de position la plus attendue concernait le Mali, avec l’annonce de la levée immédiate du blocus commercial et financier instauré six mois plus tôt. Les frontières avec le Mali seront rouvertes et les diplomates régionaux pourront revenir à Bamako, la capitale.
Un train de sanctions avait été adopté le 9 janvier alors que la junte au pouvoir à Bamako proposait une transition pouvant durer jusqu’à cinq ans et semblait prête à toutes les ruptures pour conserver le pouvoir. Le représentant de la Cedeao sur place venait d’être expulsé, l’ambassadeur de France n’allait pas tarder à l’être. Les paramilitaires russes de Wagner commençaient leur déploiement, poussant rapidement les soldats français de l’opération « Barkhane » vers la sortie.
Les chefs d’Etat de la région avaient alors décrété une fermeture des frontières, le gel des avoirs de l’Etat malien et un blocage de tous les échanges, à l’exception des produits de première nécessité. « En défaut de paiement, les autorités maliennes ne tiendront pas trois mois », espérait alors l’un des tenants d’une ligne dure, regroupés autour du Nigeria, du Ghana et du Niger.
Appui du Togo et du Sénégal
Six mois plus tard, force est de constater que la stratégie d’étouffement économique du pouvoir a échoué. Même si l’organisation régionale a maintenu les sanctions individuelles contre la junte et la suspension du Mali de ses organes – une mesure automatique et symbolique qui frappe les trois pays de la région où des putschistes sont au pouvoir, comme au Burkina Faso et en Guinée –, le colonel Assimi Goïta est toujours installé à la présidence, près de deux ans après son premier putsch d’août 2020. De plus, la loi électorale promulguée le 24 juin ne lui barre pas de façon irrémédiable la route vers une candidature à la future présidentielle, désormais fixée à février 2024.
lemonde.fr