L’AFRICAIN ET L’HOMOSEXUALITE
Il y’a quelques jours, je rendais visite à un ami dans le quartier de Port-Bouet à Abidjan. J’y suis resté jusqu’à 8 heurers du soir. Et au moment de lui dire au revoir, j’ai constaté que son petit frère s’habillait en jean et T-shirt et avait l’air très nerveux. Renseignement pris, il se rendait à une manifestation à Angré-Djibi. J’ai alors dit tiens, cette manifestation doit être consécutive à l’augmentation éventuelle du coût des appels téléphoniques. Non, il s’agissait plutôt d’un mouvement de ras-le-bol exprimé par les habitants d’un sous quartier de la commune de Cocody, suite à la découverte dans leur cité de nouveaux voisins pas trop ordinaires : ceux-ci seraient homosexuels. Vous avez bien lu ? Ils seraient « pédé ». Est-il opportun d’emprunter un taxi de Port-Bouet à la Djibi pour manifester contre des homosexuels. Pourquoi ces riverains ont si peur de ce phénomène ? Cette peur est-elle vraiment justifiée ?
La peur sociale prend sa source dans l’apparition de l’intrus capable de rendre le système social hétérogène. En un mot, tout élément capable d’agir sur homogénéité d’un groupe de personnes est à bannir pour que cette société ne se dénature, se dévalorise. L’homosexualité est-elle un de ces éléments nouveaux ?
Si notre postulat part du fait que la culture est l’ensemble des éléments hérités de nos congénères et se transmettant de générations en générations, tout le monde serait tenté de dire que le thème « sexe » dans le discours africain est interdit. Le taux de parents abordant ce thème avec leurs progénitures est resté quasi nul jusqu’à ces dernières décennies. Pourquoi ce mystère ? Parce qu’aucun parent ne souhaite voir sa fille, ou son fils franchir le Rubicon avant le mariage. L’amour avant de se marier est source de honte pour les parents lors de « l’attachement » du lien sacré. pour que l’enfant ne tombe dans les filets du vice, l’on a cru que l’idéal était de ne même pas aborder le thème avec eux. Puis, il y’a le cas des gris-gris, et pratiques fétichistes qui auraient pour totem dans l’essentiel des cas, le contact avec le sexe opposé au sens propre du terme. Il n’est pas rare d’entendre dans certains discours « si tu as ça sur toi, tu ne dois pas chercher femme, sinon c’est gâté » ainsi, l’on a crée les conditions pour que le « sexe » soit ôté du langage africain. Cette politique de l’autruche a eu pour conséquence, le fait que les enfants sont surpris, lorsqu’apparaissent les caractères sexuels secondaires. Et dans ce cas, les filles sont les mieux lotis, dans la mesure où les mères se positionnent comme des protectrices, lors des menstruations, et c’est tout. Voilà donc l’attitude face au sexe en général.
Qu’en sera-t-il alors de l’homosexualité ? Cette pratique n’apparait dans aucun texte des explorateurs et des colons. C’est vrai qu’un nombre croissant d’auteurs articulent leurs analyses autour des relations consanguines, de discriminations liées aux castes, la polygamie, cependant, rares sont celles qui affirment avoir eu écho, ou été témoins d’actes d’homosexualité. Cette affirmation est restée tellement encrée dans les mémoires occidentales colonisatrices que certains iront jusqu’à pretendre que l’Afrique au sud du Sahara est hors de la zone Sotadique (expression de R. Burton in The Book of The Thousand Nights and Night, pour designer l’espace submergé par la pratique homosexuelle). Cela peut paraitre d’autant plus vrai qu’autant le sexe lui-même est tabou et vécu loin du langage, autant les pratiques associées telles les stratégies d’excitation, les zones érogènes sont restées enfuis dans l’obscurité. Et c’est justement dans cette catégorie que l’on placerait l’homosexualité. D’ailleurs, si la pratique a existé, le mystère de barbelés qui l’entourent est tellement solide que le nom n’existe dans pratiquement aucune ethnie. L’homosexualité est-elle un « produit importé » ? Voilà ce qui constitue l’objet de notre analyse.
Ce n’est pas parce que le thème est resté tabou dans le langage que l’on penserait que le phénomène est nouveau sur le continent, qu’il serait le fruit d’une colonisation. Les recherches approfondies ont prouvé l’existence de l’homosexualité depuis plusieurs années. La pratique est restée liée au mysticisme (comme toujours en Afrique). Ainsi selon Stephen O. Murray et Will Roscoe, rapporté par Daniel Vangroenweghe, in « Sida et sexualité en Afrique » la pratique était liée à des actes d’initiation ancestrale. En Haïti et au Benin, elle a toujours été mise en rapport avec une déesse vaudou et les homos sont convaincus que c’est elle qui est responsable de leur orientation sexuelle. Le sociologue camerounais Charles Gueboguo, l’a aussi démontré dans ses recherches sur la pratique. Et en quise d’illustration, il a évoqué les cas des Massai, et des haussa. Puis avec l’apparition du bagne, ce fut l’arrivée de l’homosexualité circonstancielle. Les tolards en quête de plaisir partageant la même cellule s’en sont adonné à cœur joie, pour finalement en être accro. À leurs sorties de prison, les ex-prisonniers (femmes et garçons) créeront des espaces clos, dans le but de satisfaire le nouveau plaisir acquis en taule. Progressivement, d’autres facteurs de modification des penchants sexuels sont nés : les internats, l’armée, les équipes de sports, où les individus sont rangés selon le genre, et où les endroits douches, chambres, air de jeu sont partagés.
Il n’ya aucun doute à reconnaitre donc que le phénomène de l’homosexualité des africains prend sa source ici même en Afrique. Ni l’occident, encore moins l’influence de l’Asie ne sont à la base de ce dérapage dans les mœurs. Aussi, elle a toujours été pratiquée par un nombre pléthorique de nos compatriotes de toutes les couches sociales. N’avons-nous pas appris en 1994 en Cote d’Ivoire que les deux enfants de ce couple chantant en famille étaient devenus PD au vallon, que dire de ce ministre qui a été accusé à la une d’un journal de la place en 1999 ? Accusation suivie de publication d’une liste de personnalités homos ? Ceux même qui le jour affichent des pancartes pour la mise à mort des homos, se métamorphosent les nuits, et arpentent les rues, les couloirs du vallon, la rue du Canal…
Mais pourquoi aujourd’hui, l’on est témoins d’une série de manifestations tendant à extirper, à déloger, et même à vouloir la pénaliser ?
Parce que les homosexuels ont décidé de lever définitivement le voile sur leur activité. Parce qu’il y’a une partie de la population qui pendant ces années à passer le temps à regarder dans la maison à travers le trou de la serrure. Aujourd’hui, la maison est grandement ouverte. Et c’est maintenant qu’ils s rendent compte que le bateau social à pris de l’eau de toute part. Pire, ils crient à la pénalisation. Oui toujours les minorités. Ce qu’ils font n’est l’affaire de qui que ce soit. Quant aux religieux qui brandissent leur livre saint. Ok, nous nous mettons aussi pour la logique que l’homosexualité est un péché. Mais diantre laissez le Seigneur lui-même appliquer la peine. Ou bien voulez vous-vous substituer en Dieu ? Le salut est personnel et nul ne répondra de l’acte d’un autre devant le Seigneur. Avant de te battre pour l’extermination des homos, libère la jeune femme que tu héberges depuis 10 ans et avec laquelle tu vis en concubinage. Abstiens toi de l’usure qui te rend ventripotent, restitue enfin les biens de ce gamin que tu nommes neveu et dont l’éducation t’a été confiée depuis la mort de ton frère. Tu te dis croyant ? Saches que ces trois péchés font partie des 7 péchés capitaux et non l’homosexualité
Voilà résumé ce que j’ai ressenti lorsque j’ai vu ce gamin prenant son taxi pour la djibi.
Omar Samson.