Point de Vue

La Réponse de Colette/ Mais où va le Pdci dans sa quête de réunification des Houphouetistes ? #CIV


-Comment tu vas mon cher Omar ? Et si nous nous posons une question ce matin ?

Aimé Henri Konan Bédié du Pdci-Rda et Alassane Ouattara du Rdr.Ph.Dr

Aimé Henri Konan Bédié du Pdci-Rda et Alassane Ouattara du Rdr.Ph.Dr

Lorsque le président Bédié a lancé l’appel de Daoukro le 17 septembre 2014, pour le faire entériner plus tard en février 2015 par 98,84%, des voix,  peu de sympathisants de Ouattara avaient imaginé qu’au-delà de la non-candidature d’un PDCI en octobre 2015, plusieurs autres alinéas avaient été examinés par les deux vieux briscards de la politique ivoirienne.  Il aura fallu attendre plusieurs semaines, pour voir les langues se délier, les propos bloqués dans les gorges se faire entendre, pour  au final, voir une volontéquasi consensuelle  remettre à plat, quant aux  différentes ramifications politiques (RDR, UDPCI, MFA),  issues du PDCI.

A-t-il été question de fusion de partis, de suppression, de baptiser à nouveau ou de retour pur et simple au PDCI ? Telle est  la série de  questions que tout le monde se pose après les sorties de Maurice Kacou Guikahué. En effet, Le 8 février dernier, devant un parterre de journalistes, le « porte-parole » de M. Bedié disait ceci : « si tu dis que tu aimes Houphouet, reviens au PDCI » : (tentative de séduction), plus tard, il enfoncera le clou  « Houphouët n’a pas créé le RDR, ni l’UDPCI » (volonté de mise au pas).

Compte tenu du fait que son langage passe de la séduction au chantage, en transitant par la conviction, nous avons cru juste de recentrer ce débat d’une autre époque, et réinstaller l’église au centre du village. En écoutant Guikahué, un seul enjeu découle de ses propos : aider le président Bédié à restituer à la base du parti, le PDCI soudé, tel qu’il en a hérité en 1993. Bref ne pas quitter la scène politique dans la honte, confondre ses détracteurs tels que Jean Konan Banny, et les cadres Nanafoué qui l’on traité de casseur du canari à lui légué par le père. Malheureusement, la reconstitution du puzzle PDCI sera hyper difficile,  voir impossible. Beaucoup d’eau a coulé sous le pont, tellement d’eau que le pont n’existe que de nom. Et les pseudos coalitions, ou accords ne furent que temporels.

Juste le temps de se débarrasser de l’ennemi commun, inciter le boulanger à baisser rideau, flirter, quelques années et avancer sur de nouvelles bases. Cette stratégie de retrouvailles qui consiste à s’allier contre l’obstacle commun, et divorcer par la suite n’est d’ailleurs pas un fait nouveau dans le microcosme politique ivoirien. Et le père en chef reste Houphouët,  lui-même. D’abord, le 18 Octobre 1946, dans le but de lutter contre l’assimilation tant souhaitée par le colon, de se démarquer des concepts philosophiques….et situation sociale en vigueur en occident, le président Houphouët, et Fily Dabo Sissoko ont réuni autour de la« même table » à Bamako, plusieurs partis politiques PDCI (Côte d’Ivoire), UDV ( Haute-Volta) l’Union Soudanaise (Mali), PDG (Guinée) … excepté la lutte contre l’assimilation, et les fusions dans les partis occidentaux, ces partis politiques n’avaient absolument rien en commun.

Le président du Pdci-Rda, Aimé Henri Konan Bédié et Maurice Kacou Guikahué.Ph.Dr

Le président du Pdci-Rda, Aimé Henri Konan Bédié et Maurice Kacou Guikahué.Ph.Dr

Ils se sont juste unis, pour une cause, un combat. Et la victoire obtenue, chaque formation est retournée s’occuper de ses oignons. Houphouët a-t-il exigé par la suite la fusion et un nouveau baptême, des partis politiques signataires de la résolution de Bamako ? Absolument pas. Ensuite, avec le même Houphouët, le RDA, s’apparentera au groupe parlementaire communiste français en 1947. Avec pour objectif, de donner de la force et du poids aux projets de loi émis par Houphouët et ses pairs. Houphouët l’a d’ailleurs répété en 1985, lors du congrès sur l’histoire du RDA. C’est grâce à cet apparentement que le décret sur l’abolition du travail forcé a été voté sans détour.  Puis, lorsqu’il a constaté qu’il n’y avait plus d’enjeu à se retrouver dans une union avec le PCF, l’on a assisté au « desapparentement » et chaque entité, chaque formation a vogué dans sa sphère.

Enfin, un autre exemple qui cette fois ne concerne pas Houphouët,  mais le PDCI, lui-même. Lors de la nomination de Djedji Amondji Pierre en 2002 en  qualité de gouverneur du district d’Abidjan, le PDCI s’est impliqué fortement  au côté du FPI, sans que l’un des deux partis n’exige de l’autre une fusion, et un autre dénominatif.     

Au risque d’exposer ici une encyclopédie présentant toutes les circonstances au cours desquelles,  les uns et les autres ont mis en veilleuse leur orgueil pour s’associer avec des partis ou groupements politiques, nous avons cru bon de rafraichir la mémoire au PDCI. Aucun apparentement ne doit rimer avec disparition, ou fusion d’une des entités. Les objectifs visés conduisent à s’associer et une fois le but atteint, chacun vogue dans sa sphère selon l’idéologie directrice.

Les coalisions, aussi longues soient-elles,  ont toujours un sens stratégique. On  s’ampute toujours de certains avantages, et honneur, s’associer avec les autres, pour former un nouvel élément, sans pour autant altérer sa propre structure. A travers les exemples ci-dessus, l’on peut affirmer sans se tromper que Houphouët lui-même fut un exemple en termes d’union, et de fin d’union en temps opportun. Ainsi, aimer Houphouët comme le dit Maurice Kacou, c’est savoir appliquer cette politique qui lui fut si chère. Quelle devront être les points focaux pour le PDCI en attendant 2020 ? Le premier point à court terme, c’est la préparation des élections législatives. Celle-ci devra se caractériser par la désignation sans complaisance et frustration de candidats pouvant tenir tête et aux FPI et au RDR. Cette élection à venir sera une vraie composition de passage, conduisant à des présidentielles au cours desquelles, l’allié a promis ouvrir un boulevard. Wait and see.

La seconde inquiétude du PDCI, c’est la réunification endogène,  suite à la fronde de la présidentielle de 2015. Bien que n’ayant pas de poids réel au niveau de leur base (si base,  ils ont), le fait que Konan Bertin, Banny et Essy se soient engagés malgré l’appel de Daoukro est la preuve d’une entente fragile, et un certain manque de communication véritable au sommet du parti cinquantenaire. Et les vacances obligées de Bédié en 2020, risquent d’ouvrir la voie à plusieurs courants au sein du parti. Et c’est pour éviter ce drame que nous parlons de réunification en tendant la perche aux frondeurs de 2015.

Enfin, au lieu de se battre pour que tous les autres partis se réclamant d’Houphouët rejoignent la maison mère, Maurice Kacou guikahué et ses camarades gagneraient plutôt chercher le candidat technocrate de 2020, le former, et lui indiquer certains rouages. Ainsi, l’Elu ne sera pas un choix par défaut et ne se perdra pas au sein d’un vieux parti.

Il ressort donc de tout ce qui précède que la coalition pour un objectif et le « desaparentement »  en temps opportun, ont toujours été  des facteurs intégrants de la politique nationale. D’ailleurs, cette saine appréciation des choses du moment a été à plusieurs occasions l’apanage de Houphouët dont tout le monde se réclame. En conclusion, le PDCI gagnerait plus à résoudre ses problèmes internes que de se concentrer sur la réalisation d’un vieux rêve cher à M. Bedié : reconstituer le PDCI, tel qu’il était au moment où Houphouët le lui remettait. Qu’on ne se trompe pas, les facteurs qui ont concouru au départ des uns et des autres du PDCI sont dans un état comateux. Donc,  susceptibles de se réveiller chaque jour. D’ailleurs les idéologies des alliés sont devenues d’autant plus contradictoires qu’une introspection s’impose.

Par Omar Samson

 

Commentaires

commentaires