LA PLUS GRANDE INTRODUCTION BOURSIERE DE L’HISTOIRE.25 MILLIARDS DE DOLLARS US RECOLTES.
Alibaba a fait des débuts en Bourse en fanfare. Deux heures après l’ouverture de Wall Street, le titre parvenait enfin à être coté et affichait déjà une hausse de 36 % à 92,70 dollars. Le géant chinois de l’Internet a ainsi réussi à lever un peu plus de 25 milliards de dollars, battant le record détenu jusqu’à présent par un autre groupe chinois, AGBank, qui avait levé 22,1 milliards de dollars en 2010.
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Dans ses premières minutes d’échanges, le titre a même frôlé le seuil psychologique des 100 dollars, décollant jusqu’à 99,70 dollars. La société s’est hissée directement au 10e rang des plus grosses capitalisations de la Bourse new-yorkaise devant Walmart et juste derrière General Electric. Alibaba pèse désormais plus que eBay et Amazon réunis.
UN NOUVEAU GOOGLE
Pour ses premières déclarations, Jack Ma, le président d’Alibaba Group, n’a pas hésité à prendre des accents messianiques : « Nous avons un rêve, a-t-il déclaré à la chaîne CNBC. Nous espérons qu’au cours des quinze prochaines années le monde va changer grâce à nous. Nous voulons être plus gros que Walmart », a-t-il affirmé. Dans le même temps, le fondateur d’Alibaba a cherché à rassurer : « Nous prendrons soin de nos actionnaires », a-t-il lancé à l’adresse des investisseurs qui ont critiqué le manque de transparence de la gouvernance de son groupe.
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Est-ce la raison pour laquelle la grande majorité des actions ont été réservées aux institutionnels ? « Le fait qu’Alibaba soit une structure chinoise avec des structures opaques a peut-être incité le régulateur américain à ne pas trop exposer les particuliers », estime Sebastien Laye, patron de Laye Holding, une société new-yorkaise spécialisée dans les fusions-acquisitions et la valorisation d’entreprise.
En tout cas, chez les investisseurs institutionnels, les réticences ont été visiblement balayées par la crainte de rater le train d’un nouveau Google. Il faut dire que tout avait été fait pour réduire au minimum les risques. « Peut-être que les leçons de l’introduction en Bourse de Facebook ont été tirées. La valorisation d’Alibaba nous semble conservatrice et nous ne croyons pas que l’évaluation reflète pleinement les caractéristiques qui font d’Alibaba un investissement unique », estime RJ Hottovy, analyste chez Morningstar.
FORTE RENTABILITÉ
Il est vrai que quand on compare Alibaba à certaines sociétés internet introduites en Bourse récemment, le groupe chinois à des atouts à faire valoir. Twitter ou le chinois JD.com ont levé ces derniers mois à Wall Street 2 milliards de dollars chacun sans afficher le moindre bénéfice. Dans le même temps, Alibaba affiche une forte rentabilité, les bénéfices représentant environ la moitié de ses ventes.
A 68 dollars, son cours d’introduction, Alibaba était évalué à 29 fois les bénéfices anticipés pour son exercice comptable clos en mars 2015. Un multiple qui reste inférieur à tous ses rivaux comme Tencent, Baidu ou bien encore Amazon. Les analystes anticipent une croissance de 50 % des revenus en 2015 par rapport à l’année précédente.
« On est sur des marchés actions qui se portent bien, il y a un peu d’exubérance irrationnelle, dans ce contexte, il paraissait naturel que les institutionnels cherchent à se positionner sur l’une des introductions les plus attendues », souligne M.Laye.
SOURCE: LE MONDE