Contribution

La lettre à Colette : Attention au front universitaire en ébullition !


Omar Samsonlepointsur.com (Abidjan, le 6-4-2015) Dans notre intervention du lundi 19 janvier 2015, nous disions que plus rien n’empêchait le front social de s’embraser. Et l’université de Cocody en serait l’épicentre. Et depuis 2 semaines, les faits sont là : têtus, honteux, scandaleux. Et les raisons de la colère sont multiples. Axons notre analyse sur seulement trois points : ouverture des cités déjà réhabilitées, équipement en matériels des UFR médecines, pharmacie, et diminution du coût de la carte d’étudiant qui serait désormais à 10 000 Fcfa.

L’université de Cocody a rouvert depuis le 03 septembre 2012, après une longue et chère réhabilitation. Trois ans après, combien de projets lancés ont été inaugurés, et définitivement livrés ? Impossible de les énumérer tous, cependant une chose est certaine, Mermoz, cité rouge (l’ex-bande de Gaza), Bouaké, Riviera 2 et Daloa ont été remises en forme. Et après le nouveau départ lancé par le PR lui-même, l’on a eu la confirmation qu’il restait seulement quelques retouches avant la mise de ces bâtiments à la disposition des apprenants.

Quelles sont ces dernières retouches qui ne finissent pas ? La réponse à cette question est toute simple. L’Etat refuse tout simplement que ces regroupements d’apprenants dans la même sphère ne conduisent à la renaissance de la FESCI. On ne réhabilitera pas les autres cités et on brandira toujours la carte de la retouche pour maintenir ces beaux bâtiments inhabités aussi longtemps que possible. Pourtant, l’on fait semblant d’ignorer une chose : la FESCI, est comme un plante qu’il faut éviter de piétiner.

Sinon elle te traverse le corps et ses bourgeons apparaissent sur ta tête. En outre, il y a la revendication hyper légitime de la fac de médecine. Combien de nos compatriotes savent que depuis la réouverture, aucune année n’a été validée dans ce département, par manque de matériels didactiques ? Aucune expérience, rien dans les salles de TP. Et dire que ce sont nos futures médecins et pharmaciens. Normal ? Dans la forme oui, parce qu’en notre qualité d’ancien étudiant de cette université, nous dirons que « c’est bien fait pour ces étudiants en médecine » parce que ces apprenants se sont toujours mis en marge des revendications estudiantines.

Pour eux, tout allait tellement bien que rien ne justifiait une coalition. Et les voilà devenus pleurnichards. Enfin, la cherté de la carte d’étudiant. Evidemment, l’université est une EPN donc en droit de rechercher des ressources additionnelles. Mais de là à rendre la carte d’étudiant plus onéreuse que la C.N.I ? Il y a quand même des réformes qui frisent l’arnaque et c’est en partie ce que les étudiants dénoncent. Toute tentative de politisation ne serait que pure fuite en avant.

Assises de la jeunesse 2015, occasion de pourvoir à 1200 emplois. Les postulants ne voient aucun inconvénient, mieux, ils ont l’opportunité de découvrir le dur milieu de l’emploi en Côte d’Ivoire, des nouvelles réalités du monde qu’ils souhaitent intégrer. Hélas, le diable qui n’est même pas concerné conclut une œuvre inutile, une cérémonie de trop. Et si rien n’avait été organisé ? Et si l’on avait conclu qu’il fallait laisser ces néophytes s’auto-initier. Apprenons à apprécier certains gestes à leur juste valeur, en faisant plutôt des propositions aux organisateurs au lieu de tout vilipender.

Et les propositions ne manquent pas. Combien de stands pour apprendre à ces enfants l’usage de la langue française, un bilan professionnel, comment élaborer un C.V., la méthodologie de la rédaction du mémoire, les nouvelles contraintes du monde professionnel (général au détriment de la formation initiale) ? Voilà les faits qu’il faudrait mettre en avant, afin d’inciter les chefs d’entreprise à s’octroyer le concours des demandeurs de premiers emplois. Sinon qu’ai-je à foutre avec une stagiaire qui, le premier jour se présente à moi en ces termes : «  je suis la fille qu’on vous a parlé hier »…, Voilà la base à inculquer. Et comme pour nous donner raison, la RTI nous a fait étalage des lacunes primaires de ces futurs demandeurs d’emploi au JT du samedi, lorsque des jeunes présentés comme étudiants syndicalistes, habillés comme des « gnambro » et s’exprimant dans un français approximatif, incapables d’aligner deux phrases cousues, appelaient leurs camarades à la reprise des cours ?

Qu’elle est loin de nous cette époque où nous courrions pour suivre les émissions de la RTI. Eh oui, les temps ont vraiment changé, les hommes aussi, hélas, le contenu a suivi sans crier gare. Malheureusement de la pire des manières. Walaye Coco, l’ère Gbagbo est 10000 fois préférable à ce ramassis de contenus de programme basé sur aucune recherche de créativité. Tout est plat, nulle, absurde, et semblable à une volonté de juste justifier le salaire. Exceptées trois émissions : émission agricole du samedi, le dossier du Jeudi, et l’impôt et vous (cette dernière émission a une place d’honneur car il faut qu’on nous explique pourquoi et comment nous sommes sucés) tout le reste est fait pour la poubelle.

Pourtant, à quoi avions nous été habitués il y a quelques années : débats parlementaires au cours desquels un ministre venant défendre en direct son projet, les émissions du dimanche soir au cours desquels Tiémoko Assalé et ses collègues édifiaient les novices sur des thèmes de la semaine, les grands rendez-vous de la une toujours ponctuels. Pourquoi ne pas penser à inviter sur un même plateau les spécialistes en économie de tous les bords, pour qu’au cours d’une émission, tout le monde soit situé sur les risques d’un endettement à outrance ? que pensent nos professeurs des réformes Gnamien Konan.

Voilà quelques thèmes qui méritent débat. Malheureusement, chaque inauguration d’infrastructures doit être objet de caporalisation à outrance de la RTI. Des cérémonies au cours desquelles le Président fait son auto-sondage, Patrick Achi son test oratoire, le tout, rythmé par des reportages décousus, et rébarbatifs. Hum ! Notre redevance.

Mais Coco, Aboudramane Sangaré à quoi? N’est ce pas lui-même en personne qui nous a exhortés à nous mettre dans une logique de Gbagbo ou rien ? Et c’est cette idéologie qui a abouti à la naissance du FPI pro-frondeur que nous soutenons contre celui d’Affi baptisé FPI pro-RDR. Après notre engagement dans cette logique, voilà qu’il est aperçu en compagnie de ceux qui ont élaboré une plate-forme aboutissant à la conquête du pouvoir. Pourtant, le prisonnier Gbagbo reste le locataire de la cellule N°6 de la prison de Scheveningen. Alors et si l’on nous prenait un peu au sérieux ?

Soit un vecteur directeur logique nous est donné (Gbagbo ou rien) ou bien ces gens se moquent de leur base, en s’alliant à ceux qui ont opté pour une participation à l’élection de 2015. Avez-vous oublié ce jour où à la place FICGAYO, vous nous disiez de menacer de mort M. Affi ? Votre mémoire est-elle devenu si aride pour que vous oubliiez brusquement qu’à Mama vous m’avez prié d’hurler « Affi judas, Gossio Judas… » Parce que tout simplement, Affi souhaite trahir Gbagbo en se présentant aux présidentielles, sachant que celui-ci est toujours dans les couloirs de La Haye ?

Quelle volte face ! Quel sont ces pécheurs berneurs, aimantés ? Essy, Banny, et KKB. Et quel appât au bout de leur hameçon ? Libérer Gbagbo. On découvre brusquement la valeur marchande du produit Gbagbo. Mais où étaient-ils lorsque le pauvre à été livré le 29 novembre 2011 ? De cette date à ce jour ont-ils manifesté une simple sympathie à l’égard de nous les militants désemparés ? Cette comédie club semblable à la fameuse fable a pour enjeu les 47% de Gbagbo. Mais est-ce qu’en réalité, ces 47% sont intacts comme au soir du second tour de la présidentielle de 2010 ? Les semaines à venir nous situeront.

Et si nous terminons par une bonne nouvelle. La campagne anacarde 2015 avait débuté par un prix bord champ fixé à 275frs. Quelques semaines après son ouverture, l’Etat remonte le prix d’achat à 375frs. Du jamais vu depuis 10 ans. Mais où sont passés nos eternels critiques, spécialisés dans la négation. Jamais nous ne les verrons applaudir ce geste salutaire. Mais attendez que le train soit en retard, ils sont capables de voir des poux sur la tête du « coco taillé. »

Très bon début de semaine à M. Thomas Yayi Bony que j’ai cherché hier dans la foule venue rendre hommage aux victimes du musée de Tunis. J’ai pensé que cette fois et comme il l’a fait pour Charlie Hebdo, il coudrait un costume aux couleurs du drapeau tunisien, et qu’il mouillerait de ses larmes. Nous ne l’avons pas vu. Parce qu’apparemment, un cadavre sur le sol africain a moins de valeur à ses yeux qu’une victime française.

Juste un point de vue et à lundi prochain Inch-Allah

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