Contribution

La leçon de Goodluck à Gbagbo


Comment vas-tu COCO ? Et si nous parlons cette semaine de « La leçon de Goodluck à Gbagbo » ?

Voilà, c’est fait. Après nous avoir damé le pion sur le plan culturel avec leur fameux ‘’azonto’’, et en économie, le Nigeria vient de nous démontrer qu’il est notre « vieux père » de la sous région en politique avec une élection apaisée, sans débats absurdes de recomptage des voix, de cacophonies institutionnelles, sans faux-fuyants. Et le gagnant est Goodluck. Dans notre petit bonhomme de coin, et au risque d’être taxé de nègre à la rancune tenace, nous n’avions jamais souhaité la victoire d’un seul membre du cercle des « amis » (Maitre Wade, Blaise Compaoré, Sarkozy, et Goodluck) de M. Laurent Gbagbo. Et pour cause, nous voulions juste voir quelle serait leur attitude lorsqu’ils se seraient retrouvés dans la même situation que M. Gbagbo au soir du second tour de la présidentielle de 2010. Le cas Nigérian et Sénégalais nous tenaient particulièrement à cœur, surtout qu’ils partageaient plusieurs similitudes avec la Cote d’ivoire : une éternelle rébellion armée, une partie du territoire réfractaire aux lois de la capitale.

A part le cas burkinabé ou Blaise a volontairement ôté quelques mois à ses mandats, tous ceux qui dans un élan de solidarité, et de raccourcis légitimes, ont encouragé M. Gbagbo à mettre fin au débat politico-juridico-procédural, ont perdu les élections. Et après que chacun d’eux ait en leur possession les résultats définitifs, et suite aux premières déclarations des commissions électorales, un coup de fil, un simple appel qui a grandi chacun de ces perdants. Faisant d’eux des stars aux yeux du monde. Pourquoi ont-ils abandonné si tôt ? Ne pouvaient-ils pas faire autrement ? Pas du tout. Dans la mesure où après la fermeture du dernier bureau de vote, et avec la bénédiction et la rapidité des TIC, chacun d’eux savait qu’il avait perdu. En outre, il y’a la manière de vouloir intégrer l’Histoire : par les claustras ou par la grande porte ? Nul ne l’ignore. Quels que soient les reproches à vous faits par la Communauté Internationale pendant votre mandat, le simple fait d’approuver la décision de leurs certificateurs vous attribue une certaine virginité au niveau du ‘’casier politique’’. La preuve, malgré tous les reproches faits à M. Gbagbo, M.  Raila Odinga, l’un des négociateurs venus le rencontrer a affirmé qu’Obama avait proposé à M. Gbagbo un post d’enseignant à une Université, si en contre-partie, il renonçait aux débats stériles de la crise électorale. Enfin et ironie du sort, ceux que M. Gbagbo qualifiait de conspirateurs semblent être les seuls à assimiler le sens de l’ultime bout de phrase des LMPistes (Les partisans de Gbagbo). Bout de phrase entonné dans la presse, à la place de la République, et même dans certains lieux de cultes : «  LE TEMPS EST L’AUTRE NOM DE DIEU ». Comme si c’est M. Gbagbo seul qui avait un contrat de bail avec Yahvé. Dans moins de deux ans, Sarkozy pourra encore postuler à la magistrature de son Pays. Goodluck Jonathan, dans 3 ans 10 mois, hors lui Gbagbo, il se serait retiré en honneur et douceur, il aurait eu sa chance dans seulement 6 mois. Ah oui que le temps passe vite, et il est vraiment le nom du Seigneur. Et quelle stratégie et privilège quand on accepte de déposer le sucre dans le verre d’eau attendant patiemment qu’il fonde ! En d’autres mots, qu’il est sage, celui qui reconnait vite sa défaite en attendant l’élection prochaine ? Statut d’ancien chef d’état, passeport diplomatique, gardes de corps, voitures, salaire, conférences à travers le monde, consultations, brefs, une quiétude à n’en point finir. Enfin, la possibilité de se représenter si l’âge le permet. C’est justement ce que Goodluck,  le jeune de 57 ans a compris.

 Comparaison n’est pas raison. Puisque la Cote d’Ivoire n’est pas le Nigeria, M. Gbagbo était confronté à une rébellion. Et plus grave, il n’était pas en possession de tout son territoire. Ces trois fallacieux arguments sont les dernières bouées auxquelles ceux qui encourageaient le pauvre, s’accrochaient, quitte à le conduire à la mythique chambre 468 du Golf Hotel, et enfin à la cellule 6 de l’Haye. L’argument de la rébellion désarmée semble moins convainquant.  C’est en connaissance de cause que M. Gbagbo s’est engagé dans un processus électoral. Sa ‘’petite’’  rébellion, il a été incapable de la déloger en huit (8) ans. Il a été même obligé de sympathiser avec elle. La preuve, il a été à Bouaké le 30 juillet 2007, et à battu campagne électorale à Man en 2010. C’est sur ce socle que furent bâtis les multiples reports des élections. Bilan : dix ans de Pouvoir ensuite, des résultats contestés. Que dire donc du cas nigérian ? Goodluck a été confronté à Boko haram (ce nom a lui seul suffit pour tout annuler), incapable de battre campagne dans certaines régions du pays, et pire aucune intégrité territoriale préservée. Avec ces trois arguments, tout devrait être remis sine die. Mais, il a tout concédé et est allé aux élections. Et l’ayant perdu, (tout juste après la fermeture des bureaux, il avait les résultats de tous les PV en sa possession) Il  a évité à son pays le drame. A travers un geste hyper banale. Un coup de fil à Buhary et game over ! S’attribuant ainsi, une virginité politico-morale. Aux calandres grecques ses échecs face à Boubakary Shekau, le mariage luxueux et révoltant de sa fille, incapacité à veuiller sur l’intégrité territoriale.

C’est cette manière de sortir par la grande porte que nous aurions souhaité dans le cas Gbagbo, lui ouvrant les portes d’une éventuelle candidature dans quelques mois. Malheureusement, que de faux-fuyants, que d’arguments, et que de mensonges mijotés par le « possédé du diable » obligé de s’autosaisir. Point besoin de rappeler le bilan. Mais prêtons souvent attention à ceux qui nous interpellent. Ils ne sont pas toujours nos ennemis mais ils voient plutôt le mal venir de très loin. Ne nous trompons pas en croyant être les seuls bénis de Dieu. Que Dieu aurait frappé tous les amis de Ouattara. Calmez-vous, le puzzle de 2010 pourrait se reconstituer avant 2018, avec le tiercé gagnant dans l’ordre ADO-Sarkozy-Goodluck. Car, Buhary atteint par la limite d’âge pourrait laisser le fauteuil à Goodluck qui n’aurait que 60 ans. Les dernières départementales en France semblent ouvrir un boulevard à Sarkozy pour 2017. Et avec ce semblant d’opposition sans programme concret en Cote d’Ivoire, Ouattara serait en place jusqu’en 2020 !

S’était la notre point de vue. Juste une manière de voir parmi tant d’autres.

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