Kouadio Konan Bertin : » Nous allons anticiper les questions brûlantes par une réflexion sereine et des analyses rigoureuses »
Je rédige cette brève adresse d’abord à l’intention des militants du PDCI-RDA, notre valeureux Parti. Mais je la rédige aussi en ayant à l’esprit tous nos compatriotes. Ils méritent nos pensées dans toutes les déclarations qui ont pour objet l’avenir de ce bien commun qu’est notre pays. Ils les méritent plus encore à un moment qui est celui des vœux.
Chers camarades du PDCI-RDA, voilà déjà trois mois que j’aurais dû vous adresser ce mot. C’est en octobre dernier que j’avais voulu vous écrire. Je voulais vous remercier de votre soutien dans les combats que le 12ème congrès de notre Parti m’avait donné l’occasion de mener au nom d’un grand nombre d’entre vous.
Si en fin de compte je n’ai pas mis ce projet à exécution, c’était parce que le moment ne m’avait pas paru suffisamment favorable à une réception optimale de mon discours. Dans les controverses qu’avaient exhibées les enjeux du congrès, dans les passions qu’ils avaient suscitées, dans les anathèmes qu’on avait entendu proférer de toute part, dans les tranchées où chacun s’était retiré, qui était prêt à accorder son attention à l’autre ? Quelle chance ma parole avait-elle de tomber dans l’humus plutôt que sur la pierre ou dans les ronces ?
Aujourd’hui, l’atmosphère est différente. Le début de l’année, période naturelle des vœux et des échanges de toutes les gentillesses, offre un moment pour le moins propice. Je le saisis pour vous dire combien j’ai été sensible à votre engagement à mes côtés, sensible aux encouragements qu’un nombre sans cesse croissant d’entre vous ont manifestés à l’égard de mon humble personne, de mes idées, de mes combats.
Le congrès que notre Parti a tenu en octobre dernier était le résultat de notre sollicitation insistante et déterminée. Personne, quelques mois avant, n’en ressentait l’urgence. Lorsque sa tenue avait fini par être programmée, il ne devait être, pour beaucoup, qu’une formalité de routine. Le débat sur l’application des statuts, qui s’était soldé par une modification de nos textes et une réorganisation de nos instances, a été un acte avantageux dont nous revendiquons l’initiative. Je dois une très vive reconnaissance à tous ceux qui, des militants sans voix aux hommes et aux femmes du pavois, m’ont encouragé, raffermi, parfois secondé dans ces revendications salutaires.
Notre requête principale, comme vous le savez tous, concernait – et demeure aujourd’hui encore – la présence de notre formation à l’élection présidentielle de 2015. Nous avions démarré le congrès d’octobre sans aucune certitude sur l’issue de cette question grave, dont dépend la survie du PDCI-RDA. Nous avons été heureux et fiers d’avoir amené le congrès à écarter les palinodies de certains de nos camarades et à adopter une résolution claire et nette. Une Convention aura lieu dans les mois à venir, qui aura pour objet unique de donner à notre Parti un champion.
Ici pas moins que dans les luttes pour la programmation du congrès et pour l’application de nos statuts, je ne peux oublier le soutien résolu reçu de beaucoup d’entre vous. Je suis particulièrement reconnaissant aux jeunes qui ont été, depuis les années 90 et dans toutes les occasions, le fer de lance de mon action. Ils ne se sont pas reniés au long des mois qui ont précédé le congrès. Savent-ils que leur présence, leurs idées et leur énergie ont apporté à ma barque le vent qui a sans cesse gonflé ses voiles ? Dans ces moments de ferveur, c’est avec eux que j’ai partagé avec le plus de proximité le souci de notre retour aux affaires. Puissent-ils trouver dans ces lignes le témoignage de ma profonde gratitude à leur égard !
Je ne peux pas mettre moins de chaleur à remercier mes collègues du Parlement. Un bon nombre d’entre eux n’ont pas hésité à prendre publiquement position pour mes idées, dans des tribunes de presse admirables de clairvoyance et de témérité. Ils ont fait bouger les lignes, y compris au-delà du Parti. Je leur sais gré des risques qu’ils sont prêts à prendre encore, pour faire advenir la démocratie dans notre pays. Eux aussi puissent-ils trouver ici l’expression de mon infinie reconnaissance !
Je remercie en troisième lieu les anciens du PDCI-RDA. Tous m’ont gratifié d’une inoubliable obligeance. J’ai trouvé auprès d’eux, parfois avec stupéfaction, toujours avec émotion, une oreille attentive et des conseils avisés, lucides et responsables. Ils ont été nombreux à me faire savoir que, dans l’arène où je m’étais jeté, j’étais loin d’être seul. Je leur rends hommage ici pour la leçon du partage que leur humilité a permis au Président Houphouët-Boigny de donner à tous les militants de notre Parti. Et je prie qu’ils vivent longtemps pour perpétuer cette leçon par leur présence.
Je remercie enfin le président de notre Parti pour qui j’éprouve une considération demeurée intacte malgré la précarité des circonstances. Certes j’ai croisé le fer avec lui durant ce congrès, mais il sait que c’est pour la bonne cause. Il sait surtout que je ne suis pas le dernier des Bédéistes du PDCI-RDA. C’est en effet Bédié qui, plus que le président Houphouët-Boigny, a appris le PDCI aux jeunes de ma génération. C’est lui qui nous a associés à la gestion de ce Parti, qui nous a même mis le pied à l’étrier du pouvoir national. Comment après cela, ne pas être parmi les siens ?
Chers amis, beaucoup d’Ivoiriens ne soupçonnent pas la masse que vous êtes, et cela est bien ainsi. Grâce à vous, nos idées ont été entendues, portées, soutenues lors de notre 12ème congrès, et je sais qu’elles le seront plus encore dans les temps qui viennent. En amenant le PDCI-RDA à la résolution d’une présence au scrutin présidentiel d’octobre 2015, vous avez été les acteurs d’une victoire majeure, importante pour l’existence de notre Parti. Notre famille politique a lieu d’en être fière. Je voudrais maintenant vous engager à apporter tout le poids que vous représentez à la vigilance nécessaire pour nous assurer de la mise en œuvre effective d’une résolution si considérable.
Des menaces existent en effet, quotidiennes, récurrentes, persistantes. Nous les voyons, nous les entendons, et justement rien ne nous dispense de nous prémunir contre elles. Au contraire ! Ces menaces n’existeraient-elles pas, je vous aurais rappelé tout de même que rien n’est jamais acquis, et que la vigilance est justement une des voies pour consolider les résultats obtenus.
Nous devons faire en sorte que la Convention annoncée ne soit compromise en aucune façon, et qu’elle ne se tienne ni trop tôt ni trop tard pour garantir au candidat du PDCI-RDA qui en sortira, les chances d’une campagne pleine et efficace.
Dans les semaines qui viennent, nous entendons prendre régulièrement la plume pour articuler nos idées, exposer nos vues sur la société ivoirienne, sur ses défis et ses perspectives, sur les enjeux de son développement. Il suffit de considérer des sujets comme le recensement général de la population, la recomposition de la CEI, les dispositions à prendre pour garantir la transparence du prochain scrutin présidentiel, pour s’apercevoir de la gravité des questions qui restent dressées devant nous et de la nécessité de les anticiper par une réflexion sereine et des analyses rigoureuses. Pour aujourd’hui, je voudrais m’en tenir à ces remerciements qui me permettent de tirer un trait sur l’année écoulée.
Je voudrais, avant de m’arrêter, présenter des vœux d’une bien meilleure santé à notre pays et à ses habitants, et souhaiter que 2014 permette à tous nos compatriotes de connaître ce progrès collectif et ce bonheur pour chacun dont un inqualifiable esprit d’aventure nous a regrettablement fait quitter le chemin il y a quelques années.