[Kalieh Festival 2025] Quand tradition, arts du spectacle et écologie se conjuguent au présent à Dianra
Placée sous le thème « Parures Féminines », la 4e édition du Kalieh Festival, tenue du 10 au 12 avril 2025 à Dianra, a brillamment célébré les arts initiatiques, les cultures Gbatôh et Nigbi, ainsi que le développement communautaire. Danses rituelles, sensibilisation écologique et actions sociales fortes ont rythmé cet événement d’envergure.
Dianra, le 16 avril 2025 (lepointsur.com) — Pendant trois jours, le département de Dianra et ses localités voisines — Yéritchéle, Dalagbè, Sononzo, Gbatosso, Diaradougou et Lenguedougou — ont vibré au rythme de ce rendez-vous devenu incontournable pour les arts du spectacle, la culture initiatique sénoufo et le développement communautaire durable.
Un patrimoine vivant transmis aux jeunes générations
L’ouverture officielle du festival à Yérétiélé a été marquée par des discours empreints de reconnaissance envers les autorités locales et de soutien affirmé aux organisateurs. Le commissaire général, le professeur Coulibaly Nanourougo, avec l’appui déterminant de l’opérateur économique Koné Dossongui, a lancé un vibrant appel à la communauté scientifique pour la sauvegarde et la valorisation des traditions.
La cérémonie s’est déroulée en présence de nombreuses personnalités locales et nationales, parmi lesquelles le ministre Koné Dossongui, protecteur du Kalieh Festival et figure tutélaire des arts et de la culture du peuple sénoufo. À ses côtés, le professeur N’Galadjo, l’honorable Gnangadjomon Koné, plusieurs maires, chefs traditionnels, universitaires, ainsi que des représentants institutionnels tels que la Direction régionale de la Culture et de la Francophonie du Béré et Côte d’Ivoire Tourisme. Des acteurs culturels venus d’ici et d’ailleurs ont également honoré de leur présence ce moment fort de la vie culturelle ivoirienne.
Point d’orgue du festival, la présentation exceptionnelle de la danse initiatique du Wôlô, exécutée seulement tous les sept ans. Véritable instrument de régulation sociale, ce rituel permet aux jeunes initiés de formuler, avec solennité, des critiques constructives à l’endroit de leurs aînés sortis du « bois sacré ». Ce moment rare renforce les liens intergénérationnels et valorise la transmission des savoirs ancestraux.
L’écologie comme valeur culturelle : « Un initié, un arbre planté«
Autre temps fort : le lancement du projet « Un initié, un arbre planté », soutenu par le directeur général de la SODEFOR, M. Sangaré Mamadou, qui a ainsi marqué son appui à l’organisation du festival. Cette initiative écologique à forte portée symbolique inscrit la protection de l’environnement dans la continuité des valeurs traditionnelles sénoufo, révélant une conscience environnementale enracinée dans l’héritage ancestral.
Des actes concrets pour le développement local
À Dalagbè, la remise d’un forage a matérialisé l’engagement du festival en faveur de l’accès à l’eau potable. Cette action a été suivie d’un quartier libre festif, véritable espace de convivialité et de partage entre les différentes communautés.
À la découverte des lieux sacrés et des danses rituelles
À Diaradougou, deux événements ont particulièrement marqué les esprits : la danse du Fogué, essentielle dans le parcours initiatique des jeunes Gbatôh, et la visite de la forêt sacrée Kolpélé, espace mystique menacé par l’expansion agricole. Ce moment a donné lieu à un vibrant plaidoyer de Dame Koné Fonondja, gardienne du site sacré, en faveur de la préservation de ce patrimoine naturel et spirituel.
Richesse culturelle et diversité des peuples
À Sononzo, les festivaliers ont exploré l’univers du peuple Nigbi à travers chants, objets d’art et danses emblématiques telles que le Gbégbé, le Kapatchan, le Kroubi et le Ya, symboles respectifs de l’authenticité culturelle, de la cohésion sociale, de la valorisation de la jeune fille et de l’héroïsme.
À Lenguedougou, l’univers méconnu des forgerons du canton Gbatôh a été mis en lumière. Détenteurs d’un savoir sacré, ces maîtres du feu ont ouvert les festivités par la danse des forgerons et la prestation rare du balafon des braves, aujourd’hui menacé par la disparition progressive des cultures d’igname. La cérémonie s’est conclue avec l’apparition du masque Kodal, réservé aux fins de cérémonies funéraires, ajoutant une dimension mystique à cette immersion dans le sacré.
Clôture en apothéose : la nuit des Arts du Spectacle
La dernière soirée à Dianra, baptisée « Nuit des Arts du Spectacle« , a mis à l’honneur la créativité des jeunes. Danses féminines, ballets de jeunes filles nubiles et spectacles contemporains ont offert un moment intense d’émotions, de couleurs et de fierté culturelle.
En mettant en lumière les racines profondes du peuple Gbatôh, le Kalieh Festival 2025 a su conjuguer tradition, expression artistique et engagement écologique. Une manifestation exemplaire d’ancrage culturel tournée vers l’avenir.
Médard KOFFI à Dianra