[Kalieh Festival 2025] À la rencontre de la caste des forgerons à Lenguedougou
Dans le cadre de sa 4ᵉ édition, le Kalieh Festival 2025 a marqué une halte inédite et hautement symbolique à Lenguedougou, un village sénoufo situé à trois kilomètres de Dianra, dans la région du Béré. Le samedi 12 avril, cette escale culturelle a offert aux festivaliers une immersion exceptionnelle dans l’univers des savoirs endogènes de la caste des forgerons, à travers des danses rituelles, des masques sacrés et des expressions artisanales ancestrales.
Dianra, le 12 avril 2025 (lepointsur.com) Portée par le Commissariat général du festival, dirigé par le professeur Nanourougo Coulibaly, cette visite s’inscrit dans une dynamique de valorisation du patrimoine immatériel et des traditions locales. En mettant en lumière les cultures vivantes, le Kalieh Festival ambitionne de faire du dialogue avec les communautés une passerelle entre mémoire et modernité.
Lenguedougou, village emblématique, a été choisi pour la richesse de son organisation sociale et la diversité de ses héritages. Composé de quatre grands quartiers – deux sénoufo, un dédié aux tisserands et un autre aux forgerons – il incarne à lui seul l’équilibre traditionnel entre fonctions sociales, rites initiatiques et transmission intergénérationnelle.
La cérémonie d’accueil, conduite par le chef de canton entouré de sa notabilité, s’est déroulée en présence de plusieurs personnalités : des représentants du Ministère du Tourisme et de la Culture, des chercheurs, des étudiants ainsi que de nombreux acteurs du monde artistique et patrimonial. Tous ont répondu à l’invitation dans un esprit de communion et de célébration du génie culturel local.
Dans une ambiance empreinte de solennité, le porte-parole du chef de canton a salué cette initiative, appelant les bénédictions des ancêtres pour qu’elle contribue à renforcer les liens entre les générations et à raviver la conscience identitaire des jeunes.
Le point d’orgue de la journée fut sans nul doute la sortie rarissime de deux masques sénoufo, appartenant à la caste des forgerons. Ces masques, bien que dépourvus de caractère sacré, étaient soumis à un strict protocole d’apparition et ont émerveillé les visiteurs. À travers eux, les festivaliers ont pu contempler une représentation symbolique de la vie agraire sénoufo, rythmée par les battements du balafon. Les gestes des danseurs, puissants et maîtrisés, illustraient le travail de la terre, la solidarité communautaire, mais aussi l’union entre le visible et l’invisible.
Cette immersion culturelle a suscité un grand intérêt, notamment chez les festivaliers, curieux de mieux comprendre ce pan souvent méconnu de l’histoire du peuple Sénoufo. Somme toute, cette visite à Lenguedougou fut une révélation : celle d’un patrimoine encore bien vivant, riche de significations, et porteur d’une sagesse pluriséculaire.
En misant sur la proximité avec les communautés détentrices de savoirs traditionnels, le Kalieh Festival confirme son rôle de trait d’union entre culture, développement et tourisme durable. En mettant en lumière des savoir-faire ancestraux comme ceux des forgerons, il contribue non seulement à la préservation de la mémoire collective, mais aussi à la revalorisation des identités locales dans une perspective contemporaine.
Le pari est clair : faire du patrimoine vivant un levier d’épanouissement et d’innovation sociale. Et à Lenguedougou, ce pari semble avoir déjà trouvé un écho vibrant.
Médard KOFFI à Dianra