[JSS 2025 : Santé et Intelligence Artificielle] Le Pr Konan Anhum appelle à un sursaut africain face aux défis technologiques
Lors des Journées Scientifiques de la Santé 2025 à San Pedro, le Professeur Konan Anhum a alerté sur les enjeux éthiques et stratégiques de l’IA en médecine en Afrique. Il appelle à une action urgente pour ne pas rater le virage numérique.
San Pedro, le 2 août 2025 (lepointsur.com) – À l’ouverture de la 24ᵉ édition des Journées Scientifiques de la Santé (JSS) du SYNACASS-CI, le professeur Konan Anhum, maître de conférences agrégé spécialisé en radiodiagnostic et imagerie médicale à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan et praticien au Centre Hospitalier Universitaire de Yopougon, a lancé un appel fort à l’action pour une appropriation africaine de l’intelligence artificielle (IA) en médecine humaine et vétérinaire. Face à près de 200 experts réunis à San Pedro, il a dressé un état des lieux lucide des avancées, défis et urgences à relever.
Une voix scientifique qui pose les enjeux de l’IA dans le contexte africain
À l’Hôtel Degny Plage, les 31 juillet, 1er et 2 août 2025, médecins, pharmaciens, enseignants-chercheurs, vétérinaires, mutuelles et ONG ont débattu autour du thème : « Intelligence artificielle en médecine humaine et vétérinaire ». Cette édition, placée sous le parrainage du ministre de la Santé, M. Pierre N’Gou Dimba, a été marquée par une conférence inaugurale de haut niveau animée par le Pr Konan Anhum, également praticien au CHU de Yopougon.
Dans son exposé d’ouverture, le professeur a d’abord rappelé les fondements de l’intelligence artificielle et ses applications concrètes dans le diagnostic médical, la recherche pharmaceutique et la gestion de la santé publique. Toutefois, il a très vite élargi son propos aux implications éthiques, juridiques et politiques.
« Qui est responsable en cas d’erreur médicale commise par une IA ? » a-t-il lancé, interpellant à la fois les praticiens et les décideurs.
Entre promesses technologiques et risques d’exclusion sanitaire
Le professeur Anhum a insisté sur les écueils d’une adoption non maîtrisée de l’IA. Parmi les principaux défis : la protection des données, les biais algorithmiques, la responsabilité en cas d’erreur, mais aussi les inégalités croissantes entre le Nord et le Sud.
Selon lui, l’Afrique ne peut se permettre de rester en marge de cette révolution. Pour y faire face, trois priorités sont à mettre en œuvre :
● La création de bases de données médicales africaines représentatives ;
● L’élaboration d’un cadre législatif spécifique à l’IA appliquée à la santé ;
● Le développement de solutions locales, conçues par des Africains pour répondre aux besoins des populations africaines.
Un plaidoyer pour une IA au service du praticien, non en remplacement
Malgré les bouleversements annoncés, le Pr Anhum a tenu à rassurer la profession : l’IA, selon lui, ne remplace pas le médecin, mais en devient un allié précieux. Il alerte cependant : « Les professionnels qui ignorent l’IA risquent d’être remplacés par ceux qui sauront l’utiliser », mettant en garde contre l’immobilisme technologique.
Cette prise de parole a ouvert la voie à un cycle d’échanges interdisciplinaires entre experts de la santé, chercheurs et autorités sanitaires, tous mobilisés pour penser une intelligence artificielle éthique, souveraine et adaptée aux réalités africaines.
Médard KOFFI