[JSS 2025 à San Pedro] Le SYNACASS-CI ouvre la réflexion sur l’avenir de la médecine à l’ère de l’intelligence artificielle
La 24ᵉ édition des Journées Scientifiques du SYNACASS-CI, ouverte à San Pedro ce 31 juillet 2025, explore les enjeux de l’intelligence artificielle en santé humaine et vétérinaire, avec près de 200 professionnels mobilisés autour de l’innovation médicale en Côte d’Ivoire.
San Pedro, le 31 juillet 2025 (lepointsur.com) – Face à l’essor rapide des technologies numériques et à leurs implications pour les systèmes de santé, la 24ᵉ édition des Journées Scientifiques de la Santé (JSS), organisée par le Syndicat National des Cadres Supérieurs de la Santé de Côte d’Ivoire (SYNACASS-CI), a été officiellement lancée ce jeudi 31 juillet 2025 à San Pedro. Le thème de cette édition, « Intelligence Artificielle en médecine humaine et vétérinaire », reflète une volonté affirmée d’ancrer les pratiques médicales dans l’innovation tout en préservant l’éthique et l’humain.
Durant trois jours, du 31 juillet au 2 août, l’Hôtel Degny Plage de San Pedro accueille près de 200 participants : médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes, vétérinaires, enseignants-chercheurs, mutuelles, ONG et partenaires institutionnels. Tous sont réunis autour d’un objectif commun : penser l’intégration maîtrisée de l’intelligence artificielle dans les systèmes sanitaires ivoirien et africain.
Une cérémonie d’ouverture riche en symboles et en engagements

De gauche à droite :
● Dr Akpess Guillaume, Secrétaire général du SYNACASS-CI
● Dr N’Da Allechi Prosper, représentant le ministre Pierre Dimba
● Mme Agnimel, représentant Madame Cissé née Kéita Nakaridja, maire de San Pedro
● Professeur Konan ANHUM, représentant le Professeur Aboubakar Diabaté, président du comité scientifique
Placé sous le parrainage du ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture Maladie Universelle, M. Pierre N’Gou Dimba, l’événement a été lancé en présence de plusieurs personnalités. Parmi elles, Mme Agnimel, représentant Madame Cissé née Kéita Nakaridja, maire de San Pedro ; le Dr N’Da Allechi Prosper, directeur régional par intérim de la Santé à San Pedro et directeur régional de la Santé du Gbôklê, représentant le ministre de tutelle ; ainsi que les leaders syndicaux du SYNACASS-CI, notamment son secrétaire général, Dr Akpess Guillaume, et le professeur Konan Anhum, représentant du président du comité scientifique.
En amont de la cérémonie protocolaire d’ouverture des Journées Scientifiques de la Santé 2025, les participants ont eu droit à une conférence inaugurale de haut niveau, animée par le Professeur Konan Anhum. Cette intervention introductive a permis de poser les bases scientifiques et stratégiques du thème central : « Intelligence artificielle en médecine humaine et vétérinaire ».
Le Pr Anhum a exploré les enjeux majeurs liés à l’intégration de l’IA dans les pratiques médicales en Afrique, soulignant à la fois les opportunités offertes en matière de diagnostic prédictif, d’optimisation des traitements, mais aussi les défis éthiques et réglementaires.
Cette conférence a ouvert la voie à une série d’interventions de personnalités et d’experts venus partager leurs perspectives sur l’impact de l’IA dans le secteur de la santé. Chaque prise de parole est venue enrichir la réflexion collective, posant les jalons d’un dialogue interdisciplinaire entre professionnels de la santé, chercheurs et décideurs politiques.
Selon lui, l’IA transforme déjà en profondeur la médecine humaine et vétérinaire. Utilisée pour affiner les diagnostics, accélérer la recherche pharmaceutique ou encore optimiser la gestion de la santé publique, elle offre des perspectives prometteuses pour améliorer les soins. Toutefois, ces avancées s’accompagnent de défis majeurs, notamment en matière d’éthique, de responsabilité juridique et de gouvernance des données. « Qui assume les conséquences en cas d’erreur commise par une intelligence artificielle ? », a-t-il interrogé, appelant à une vigilance accrue face à ces enjeux émergents.
Le Pr Anhum a ensuite mis en garde contre le risque d’exclusion technologique : si l’Afrique ne prend pas le virage numérique, elle pourrait voir s’élargir le fossé entre pays développés et pays en développement. Pour y faire face, trois chantiers prioritaires s’imposent selon lui : la création de bases de données médicales représentatives du continent, l’élaboration d’un cadre législatif adapté, et surtout, le développement de solutions d’intelligence artificielle conçues localement, par et pour les Africains.
Enfin, il a tenu à rappeler que l’intelligence artificielle ne doit en aucun cas se substituer au professionnel de santé, mais plutôt renforcer son action. « L’IA ne remplacera pas les médecins. En revanche, les médecins qui refuseront de l’adopter pourraient être remplacés par ceux qui sauront l’intégrer intelligemment », a-t-il conclu dans un appel clair à l’anticipation et à l’engagement.
Représentant Mme Cissé née Kéita Nakaridja, maire de San Pedro, Mme Agnimel a salué le professionnalisme de l’équipe organisatrice et exprimé sa gratitude aux participants venus de divers horizons, ainsi qu’aux partenaires institutionnels et privés. Elle a également rendu un hommage appuyé au soutien constant du ministère de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle, dont l’accompagnement a été déterminant pour la tenue de cet événement scientifique.
« Ville économique et touristique, San Pedro est fière de vous accueillir« , a-t-elle déclaré, formulant le vœu que ces journées soient marquées par des débats riches, des opportunités de réseautage utiles et des avancées concrètes pour le système de santé ivoirien.
Enfin, en déclarant la remise symbolique des clés de la commune, elle a officiellement ouvert cette 24ᵉ édition, placée sous le signe de l’alliance entre tradition hospitalière et modernité médicale.
Dans son allocution d’ouverture, Dr Akpess Guillaume, secrétaire général du SYNACASS-CI, a souligné l’importance stratégique de cette édition, qu’il a qualifiée de tournant décisif pour la profession. L’intelligence artificielle, selon lui, représente une opportunité majeure pour optimiser les diagnostics, la gestion des soins, la recherche et l’enseignement médical. Mais au-delà des promesses technologiques, il a insisté sur les enjeux éthiques et humains liés à cette transformation.
« L’intelligence artificielle doit être un outil maîtrisé par les professionnels de santé, et non une technologie subie », a-t-il affirmé, avant d’encourager la formation continue comme pilier fondamental d’une action syndicale proactive.
En appelant les participants à s’impliquer pleinement dans les réflexions, il a réitéré la volonté du SYNACASS-CI de faire de l’IA un levier de progrès, au service des patients et de l’excellence médicale.
Le message du ministère de la Santé : innover sans perdre l’humain
Représentant le ministre Pierre Dimba, le Dr N’Da a transmis un message de soutien fort à cette initiative, qualifiant le thème choisi de « plus que jamais d’actualité ». Il a mis en lumière les perspectives concrètes offertes par l’IA en santé : diagnostics améliorés, traitements personnalisés, télémédecine et veille épidémiologique.
Toutefois, il a aussi souligné les risques liés à une dérive technocratique :
« L’IA ne doit jamais remplacer la relation humaine entre médecin et patient. Elle doit rester un outil complémentaire. »
Le ministère attend de ces journées des recommandations concrètes pour garantir une intégration harmonieuse de l’intelligence artificielle dans le système de santé ivoirien, dans le respect des valeurs humaines fondamentales. Dans une interpellation claire aux professionnels présents, Dr N’Da a conclu :
« Il serait inconcevable, alors que la majorité d’entre vous a moins de 60 ans, que nous restions à l’écart des grandes transformations mondiales. »
C’est sur ces mots qu’il a officiellement déclaré ouverte la 24ᵉ édition des JSS.
Trois jours pour décrypter les défis de l’IA en médecine
Conduit par le Pr Aboubakar Diabaté, le comité scientifique a structuré un programme ambitieux et diversifié sur trois jours, comprenant :
● des conférences thématiques sur l’IA appliquée au diagnostic, à la pharmacologie et à la recherche médicale ;
● des ateliers pratiques portant sur les applications concrètes de l’IA en médecine humaine et vétérinaire ;
● des tables rondes abordant les aspects éthiques, juridiques et réglementaires de l’utilisation de ces technologies ;
● un espace d’exposition où laboratoires, mutuelles, assurances et start-ups présentent leurs innovations.
Une visite des stands a ponctué la première journée, favorisant les échanges directs entre les participants et les exposants. Le dîner-gala de clôture, prévu le 2 août à 20h, viendra symboliquement refermer ce moment de convergence professionnelle et de prospective.
Une profession en transition : former, sensibiliser, encadrer
À travers ces journées, le SYNACASS-CI poursuit un engagement clair en faveur d’une transformation durable du système de santé ivoirien. L’intelligence artificielle, si elle ouvre des perspectives inédites, ne saurait remplacer le jugement et l’empathie des praticiens.
L’ambition est triple :
● Former les professionnels à ces nouveaux outils,
● Sensibiliser aux risques et enjeux,
● Encadrer réglementairement l’usage de l’IA pour garantir équité et sécurité.
Le défi est aussi politique : faire en sorte que la transition numérique du système de santé bénéficie à tous, sans exclusion.
Pour une médecine plus humaine à l’ère de l’intelligence artificielle
En plaçant l’intelligence artificielle au cœur des débats, les JSS 2025 de San Pedro inaugurent une nouvelle étape pour la santé ivoirienne, entre exigence d’excellence et impératif d’humanité. À l’heure où les défis sanitaires se multiplient – vieillissement de la population, maladies émergentes, surcharge hospitalière – l’IA se présente comme un allié incontournable, à condition d’en faire un outil éthique, accessible et maîtrisé.
Rendez-vous est donc pris à San Pedro pour écrire, ensemble, la médecine de demain, au service des populations ivoiriennes et africaines.
Médard KOFFI