[Journée mondiale de la liberté de la presse] Journalistes ivoiriens, où vivez-vous ? En province ou à la cour ? (Simple avis par Pascal Kouassi)
-Vous avez dit » liberté de la presse »?
-La liberté de la presse existe-t-elle ?
Pour répondre à ces interrogations, on doit se demander d’abord ce que les journalistes eux-mêmes entendent par la liberté de la presse.
Nous disons, par notre culture de la presse ivoirienne, que la liberté de la presse n’existe pas. Et pour cause. Leur liberté n’existe pas, non qu’elle soit forcément entravée par les pouvoirs, mais parce qu’ils ne sont pas indépendants. Ils sont militants : soit à gauche (avec l’opposition), soit à droite (avec le pouvoir).
Le premier groupe se compose de ceux qu’ils ne veulent être libres que dans les critiques, les diatribes, sans réserve, contre le pouvoir. Ceux-là, les plus nombreux, ne voient que du négatif dans chaque action du gouvernement. Et quand ils sont interpellés par les tenants du pouvoir, ils clament que le régime est liberticide.
‘’Nous disons, par notre culture de la presse ivoirienne, que la liberté de la presse n’existe pas. Et pour cause. Leur liberté n’existe pas, non qu’elle soit forcément entravée par les pouvoirs, mais parce qu’ils ne sont pas indépendants. Ils sont militants : soit à gauche (avec l’opposition), soit à droite (avec le pouvoir).’’
Pendant ce temps, ils ferment les yeux et les oreilles sur toutes les turpitudes des partis de l’opposition pour lesquels ils écrivent et militent. Ils veulent la liberté d’expression à l’encontre du pouvoir, mais esclaves de leur parti respectif de l’opposition.
‘’La liberté de la presse que les journalistes ivoiriens recherchent est celle qui doit pourfendre le pouvoir en ignorant les impairs de l’opposition ou celle qui attaque l’opposition, encensant le pouvoir et faisant sa propagande, par contre.’’
Le second groupe se constitue de ceux qui officient dans les médias dits pro-gouvernementaux. Ceux-ci sont protégés, ils ne sont pas convoqués par la police, ils ne sont pas entendus, ils sont rarement réprimandés ou suspendus par l’ANP.
La liberté de la presse que les journalistes ivoiriens recherchent est celle qui doit pourfendre le pouvoir en ignorant les impairs de l’opposition ou celle qui attaque l’opposition, encensant le pouvoir et faisant sa propagande, par contre.
Dès lors qu’il n’y a pas de journalistes indépendants, on ne peut raisonnablement pas parler de liberté de la presse. La liberté, c’est avec des gens indépendants. La liberté rime avec indépendance.
Référons-nous à cette pensée de l’écrivain français Jean de La Bruyère : « Le noble, s’il vit chez lui dans sa province, il vit libre mais sans appui ; s’il vit à la cour, il est protégé mais il est esclave . »
Journalistes ivoiriens, où vivez-vous ? En province ou à la cour ?