[Investiture à l’Église de Pentecôte de Côte d’Ivoire] Une cérémonie entachée d’une ombre persistante ?
Après six années d’intérim, l’Apôtre Amon Koffi Raymond a été investi président de l’Église de Pentecôte de Côte d’Ivoire, le 27 septembre 2025, à l’Assemblée de la Riviera 2, Temple Le Bon Berger, à Abidjan. Une cérémonie marquée par une profonde ferveur spirituelle et un fort engagement missionnaire, mais assombrie par une ombre persistante : l’absence des candidats malheureux au sein du nouveau bureau exécutif.
Abidjan, le 28 septembre 2025 (lepointsur.com) – L’Assemblée de la Riviera 2, Temple Le Bon Berger, a accueilli ce samedi la cérémonie d’investiture du nouveau président de l’Église de Pentecôte de Côte d’Ivoire (EPCI) ainsi que la présentation officielle de son bureau. Après six années d’intérim, l’Apôtre Amon Koffi Raymond prend désormais la tête de l’une des principales communautés évangéliques du pays avec une vision claire : unir les fidèles autour de la mission évangélique et porter l’Évangile vers les peuples non atteints. Toutefois, l’absence des candidats malheureux au sein du bureau exécutif soulève des interrogations.
Une investiture placée sous le signe de la mission évangélique
Devant une assemblée composée de pasteurs, de responsables régionaux et de fidèles venus de tout le pays, le nouveau président, livrant son premier discours officiel, a dévoilé sa vision pour l’avenir de l’institution. Fidèle à la tradition missionnaire de l’Église de Pentecôte de Côte d’Ivoire (EPCI), il a rappelé que la priorité demeure « l’évangélisation et l’appel des âmes à la lumière du Christ ».
« Le Seigneur Jésus-Christ nous a confié une grande mission : aller et gagner le monde à Lui. Ici, en Côte d’Ivoire, Dieu m’a fait la grâce de servir aujourd’hui à la tête de l’Église de Pentecôte. Notre vision est simple et claire : nous devons apporter l’Évangile à ceux qui vivent encore dans les ténèbres et qui ne connaissent pas encore le Seigneur », a-t-il affirmé avec conviction.
L’Apôtre Amon a insisté sur la responsabilité collective de l’Église d’aller à la rencontre des peuples encore non atteints par le message du Christ. Pour lui, cette mission sacrée exige fidélité, persévérance et unité :
« Le champ est grand, mais nous comptons sur la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ et sur la force qu’Il nous communique pour avancer. »
Abordant la question de la gouvernance interne, le nouveau président a tenu à rassurer les fidèles et à apaiser les esprits, en affirmant que l’élection n’avait produit ni vainqueurs ni vaincus. Selon lui, seul Jésus-Christ demeure le véritable triomphateur :
« Être président n’est pas un titre, mais une responsabilité : celle d’être le premier serviteur de tous. Que ce soit moi ou un autre, c’est toujours Jésus-Christ qui triomphe », a-t-il martelé.
Dans un appel solennel, il a exhorté l’ensemble de la communauté, électeurs comme non-électeurs, à dépasser le passé pour bâtir une Église unie. Reprenant le proverbe biblique « Un fil à trois cordes ne se rompt pas facilement », il a invité les fidèles à resserrer leurs liens afin de relever ensemble les défis futurs.
Enfin, il s’est présenté non pas comme un dirigeant lointain, mais comme un frère, un père et un ami proche des fidèles :
« Je suis votre serviteur, votre président, et ensemble nous irons jusqu’au bout. Que personne ne se retire. Je suis enfant de Dieu, votre frère, votre père, votre ami, et surtout, le serviteur de Jésus-Christ. »
Unité proclamée, mais une main non tendue
Si les discours ont exalté la communion, plusieurs voix se sont élevées pour souligner une contradiction : l’absence des autres candidats de l’élection présidentielle au sein du bureau exécutif.
Le pasteur Marcelin Kouakou, responsable de la région du Sud-Comoé, n’a pas caché son étonnement face à la composition du nouveau bureau exécutif.
« Ce que nous avons tous constaté est assez surprenant, surtout après les propos du secrétaire général de la FECI. Normalement, dans un souci d’unité, les candidats en lice auraient dû être intégrés au bureau exécutif. Peut-être qu’ils ont été approchés par le président et qu’ils n’ont pas donné suite, mais je doute qu’ils aient réellement refusé de participer à l’œuvre de Dieu. Et si tel est le cas, c’est véritablement déplorable », a-t-il affirmé.
Selon lui, l’absence des autres candidats à l’élection présidentielle de l’Église de Pentecôte parmi les responsables élus constitue une faiblesse pour l’avancement de l’institution. « Dans un souci d’unité, ils auraient dû être associés au travail de gouvernance », a-t-il insisté.
Le pasteur Kouakou a également rappelé que les quatre étapes évoquées par le secrétaire exécutif de la FECI, en référence à l’exemple biblique de Néhémie, auraient dû inspirer la nouvelle équipe dirigeante. À ses yeux, ces principes, qui avaient permis à Néhémie de réussir sa mission, n’ont pas été pleinement appliqués dans la réorganisation actuelle, ce qui pourrait freiner la progression de l’œuvre de Dieu.
Un constat partagé par plusieurs observateurs, qui y voient une faille dans le processus d’intégration et de réconciliation interne.
La FECI appelle au discernement spirituel
De son côté, le pasteur Silué David, secrétaire exécutif de la Fédération évangélique de Côte d’Ivoire (FECI), a tenu à relativiser les inquiétudes suscitées par la constitution du nouveau bureau exécutif. Selon lui, la gestion d’une communauté de foi « ne peut pas être calquée sur des logiques politiques », l’essentiel étant de garder Jésus-Christ au centre de toute action.
« Cela peut être une perception, mais je pense que le message a été bien reçu. La gestion d’une communauté demande parfois des gestes symboliques dont l’objectif est de mettre chacun à l’aise dans la prise de décision. Tout ce qui se fait sur la scène politique n’est pas toujours transposable dans la vie spirituelle, et il est essentiel d’éviter ces travers », a-t-il souligné.
Pour le secrétaire exécutif de la FECI, il n’existe ni vainqueurs ni vaincus à l’issue de cette élection. « L’unique triomphateur reste Jésus-Christ, et le seul adversaire véritable demeure Satan », a-t-il rappelé, insistant sur le fait que l’Église elle-même demeure la grande bénéficiaire de ce processus, au-delà des sensibilités personnelles ou des intérêts particuliers.
Confiant dans l’avenir, le pasteur Silué David a salué le leadership du nouveau président :
« Je suis convaincu que, sous la direction du Seigneur, le leadership éclairé de l’Apôtre Raymond Koffi contribuera à une véritable unité au sein de l’Église de Pentecôte », a-t-il affirmé.
Il a également rappelé le rôle de la Fédération évangélique, qui consiste à accompagner les Églises et à veiller quotidiennement à la consolidation des familles spirituelles confiées aux responsables. Une manière de souligner que le nouveau président ne sera pas seul dans sa mission : la FECI exercera un suivi attentif afin de garantir une gouvernance marquée par l’unité et la transparence.
En conclusion, le pasteur Silué David a voulu rassurer l’ensemble des fidèles et des responsables :
« Nous sommes sur la bonne voie, et nous croyons que l’œuvre de Dieu progressera avec la force de l’unité et l’appui du Saint-Esprit. »
Gratitude et appel à la mobilisation
Le secrétaire général de l’Église de Pentecôte de Côte d’Ivoire (EPCI), Assi Beche Verdier, a salué la portée spirituelle et démocratique du scrutin, tout en exprimant sa gratitude envers l’ensemble des responsables et fidèles pour leur présence. Selon lui, « il n’y a pas d’animosité » et l’avenir de l’Église dépendra de la mobilisation collective autour du nouveau président. La forte affluence des fidèles et des leaders spirituels, a-t-il ajouté, a donné à cette investiture une dimension solennelle et bénie.
« Je voudrais d’abord dire merci à Dieu pour cette cérémonie haute en couleurs, que le Seigneur a honorée par la présence de tous les pères et de tous ceux qui proclament le nom de Jésus-Christ. La bataille n’a pas été facile, mais Dieu est resté fidèle et a toujours soutenu ceux qui Le craignent. Aujourd’hui, je suis dans la joie, et c’est pourquoi je rends gloire à Dieu », a-t-il déclaré avec émotion.
Revenant sur le programme, le secrétaire général a expliqué que l’Apôtre Amon Koffi Raymond aurait souhaité livrer un discours plus complet. Cependant, l’émotion et certaines contraintes liées à la retransmission en direct n’ont pas permis de respecter l’harmonisation initialement prévue. Néanmoins, par son intermédiaire, le président a tenu à exprimer toute sa reconnaissance à l’Église de Pentecôte, au comité d’organisation ainsi qu’à tous ceux qui ont contribué, de près ou de loin, à la réussite de l’événement.
Insistant sur la nature démocratique du processus électoral, Assi Beche Verdier a rappelé que ce type d’exercice ne devait pas être source de division, mais au contraire un levier d’unité spirituelle :
« Une élection n’est rien d’autre qu’un exercice démocratique. Et puisque nous sommes dans le Seigneur, il n’y a pas d’animosité. L’oubli n’est pas une marque de mépris envers les adversaires malheureux. »
Dans ce sens, il a adressé des remerciements particuliers à l’Apôtre Loukou Alexis de Yamoussoukro, qu’il a qualifié d’ami proche, ainsi qu’à un autre apôtre absent pour des raisons de santé. Pour lui, ces gestes de considération sont essentiels pour maintenir l’esprit de fraternité et de collaboration au sein de l’Église.
Enfin, le secrétaire général a lancé un appel à la mobilisation et à la solidarité autour du nouveau président :
« Nous croyons que c’est en unissant nos forces que l’Église pourra se relever et atteindre ses objectifs. J’invite donc chacun à collaborer, comme cela se fait déjà, avec le président afin qu’ensemble nous puissions porter haut le drapeau de l’Église de Pentecôte. »
Héritage et continuité
La cérémonie a également été l’occasion d’honorer la mémoire de l’Apôtre Yao Bio, fondateur de l’Église de Pentecôte de Côte d’Ivoire, figure emblématique du courant évangélique, décédé en décembre 2019. Son œuvre demeure une référence dans l’expansion de l’Église au plan national.
Avec l’arrivée de l’Apôtre Amon Koffi Raymond, l’EPCI entre dans une nouvelle ère marquée par l’unité, la continuité et le renforcement de sa mission évangélique. Fidèles et responsables se disent confiants quant à l’avenir de l’Église sous cette nouvelle direction.
Par Médard K.