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Interview/Mme Ouattara, née Koné Anne (Principal du Collège moderne de Songon) : ‘’Nous aurions tellement souhaité garder nos élèves !’’


Mme Ouattara, née Koné Anne est le principal du Collège moderne de Songon. Elle nous a accordé une interview après que l’établissement qu’elle dirige a fait 80,32% aux résultats du Bepc (Brevet d’études du premier cycle). Au cours des échanges, elle est longuement revenue sur son rêve pour l’établissement. Elle n’oublie pas de relever les difficultés auxquelles le collège doit faire face.

Sous la houlette de Mme Ouattara, un esprit familial a été institué entre les acteurs du système éducatif au COllège moderne de Songon.

Sous la houlette de Mme Ouattara, un esprit familial a été institué entre les acteurs du système éducatif au COllège moderne de Songon.

Madame,  vous êtes principale du Collège de Songon depuis 2012. Vous êtes une dirigeante comblée, pourrait-on le dire ! Eu égard aux résultats satisfaisants (80,32%) réalisés par la première promotion des élèves des classes de 3e. Quelles ont été les recettes utilisées pour arriver à ces résultats ?

Merci avant tout, de nous donner l’occasion de nous exprimer. Nous avons réussi à réaliser 80,32% de réussite au Bepc session 2015-2016 grâce à un suivi minutieux des enfants depuis qu’ils nous ont été confiés il y a maintenant quatre années. Pour les rendre plus efficaces, nous avons entrepris de séparer les filles des garçons, en vue d’amener chacun d’eux à rester concentré sur ses études. Fort heureusement, cette stratégie a bien fonctionné, au point où les cas de grossesses au sein du Collège moderne de Songon sont très rares. Mieux, il faut noter la conscience professionnelle dont font preuve les encadreurs et enseignants de l’établissement. Chez nous, comme nous nous plaisons à répéter, le suivi pédagogique est de mise, pas de place pour le laxisme. A cela, il faut ajouter les effectifs raisonnables des salles de classe qui se limitent à 60 élèves par classe, de sorte à permettre à l’enseignant de mieux suivre chaque élève. Je voudrais aussi vous faire remarquer qu’en dehors de quelques uns qui nous ont rejoints en cours de chemin, nous suivons la quasi-totalité des effectifs depuis maintenant quatre années.

Dans quel état d’esprit les candidats au Bepc ont-ils préparé l’examen ?

Les élèves étaient très sereins et disposés à étudier. Pour ce faire, les enseignants se sont mobilisés pour leur dispenser des cours de rattrapage à moindre coût. Je m’en vais vous dire que depuis la classe de 5e, nous avons institué les classes d’excellence à travers des cours très accélérés de préparations aux épreuves postérieures. Cette méthode a permis de réaliser 100% dans une classe de 3e. C’est l’occasion pour moi de renouveler mes sincères remerciements aux professeurs  qui ont fait de la formation des élèves un sacerdoce.

N’avez-vous pas de pincement au cœur avec le départ massif  des élèves que vous avez encadrés  pendant quatre ans ?

Nous sommes certes contents des prouesses réalisées par les élèves, mais c’est avec beaucoup de pincement au cœur que nous allons les laisser partir. Nous aurions tellement souhaité garder nos élèves ! Il suffirait seulement qu’on nous construise des salles de classe pour que le Collège devienne un Lycée, afin de garder nos élèves qui maintiendront la flamme de l’excellence. Mais hélas, pour l’heure, nous sommes impuissants et devons malheureusement les laisser partir.

La brèche créée par le mur cassé sert de passage aux cambrioleurs qui sévissent au sein de l'établissement.

La brèche créée par le mur cassé sert de passage aux cambrioleurs qui sévissent au sein de l’établissement.

Avez-vous des doléances à soumettre, en vue de demeurer dans la dynamique de succès ?

Evidemment, nous souhaitons qu’on nous construise des salles de classes supplémentaires pour faciliter la transformation du collège en lycée. Nous insistons sur la construction de salles de classes pour éviter la surpopulation à l’établissement. Comprenez que nous avons commencé en 2012 avec 204 élèves. La deuxième année, nous étions à 583 élèves contre 920 élèves, la troisième année. Nous étions à 1.134 au cours de l’année scolaire 2015-2016. Nous sommes confrontés à une véritable flambée de nos effectifs. Cette croissance s’explique par le fait que le Collège moderne de Songon reste à ce jour le seul établissement pour la localité composée d’une vingtaine d’établissements. En plus, l’établissement se situe à côté d’une zone de plantations. En plus des salles de classes, nous souhaitons que l’établissement soit doté d’une cantine. Ce qui faciliterait la restauration aux nombreux élèves qui parcourent des vingtaines de kilomètres pour venir à l’école. Tenez-vous bien, lorsque ceux-ci arrivent, ils ont de la peine à se nourrir sur place, à cause de l’éloignement de l’établissement de la ville. Nous souhaitons aussi que le pan de clôture tombé sous le poids des eaux de ruissellement soit remonté. Cette issue de fortune sert désormais aux pillards de venir cambrioler au sein du collège moderne.

Ici, un antivol défoncé après le passage des cambrioleurs.

Ici, un antivol défoncé après le passage des cambrioleurs.

Quels sont vos rapports avec le corps enseignant et le personnel d’encadrement ?

Nous entretenons de très bons rapports. Ici, au sein du Collège moderne de Songon, nous sommes  une famille. D’autant que nous y passons plus de temps que chez nous à la maison. Je suis comme une mère pour tous. Je les considère comme mes enfants. Et Dieu merci, ils me le rendent bien.

Un mot spécial à l’endroit des élèves et des populations ?

Je leur demande tout simplement de continuer sur la lancée de l’excellence. Ils ont commencé et ont le devoir de continuer. Je suis convaincue que les enfants vont regretter le Collège moderne de Songon, eu égard à l’éducation reçue avec nous. Mais je leur demande de demeurer courageux. Je voudrais surtout dire merci aux autorités municipales et administratives qui ont toujours répondu favorablement à nos sollicitudes, en termes de logistiques et autres aides. Nous souhaitons  qu’ils aillent plus loin en jetant un regard plus précis sur ce joyau qu’est le Collège moderne de Songon. J’invite également les chefs traditionnels à s’intéresser à l’établissement. Je voudrais surtout dire grand merci à tous ceux qui nous ont aidé et continuent de nous aider. Notamment, le maire et le député qui n’hésitent pas à nous soutenir. Nous n’oublions pas les opérateurs économiques qui sont toujours restés à nos côtés. En l’occurrence M. Bilé, le directeur de Trci.

Réalisée par Idrissa Konaté

 

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