Interview/Ben Kayala à propos du parti unifié : ‘’Nous craignons une fusion-absorption’’ #Rdr
CIV-lepointsur.com (Abidjan, 16-2-2016) Au lendemain de la publication du nom officiel du parti unifié qui regroupera le Pdci, le Rdr, l’Udpci, le Mfa et l’Upci, Ben Kayala, le président du mouvement ‘’Ne touche pas à mon Rdr’’ nous a accordé une interview à travers laquelle il s’insurge contre la réunification des houphouëtistes sous la même bannière politique.
‘’Le Rdr ne disparaîtra pas’’
Ben Kayala, vous êtes le président du mouvement politique ‘’Ne touche pas mon Rdr’’. Quel est le sentiment qui est le vôtre après que les présidents Bédié et Ouattara ont décidé que dénomination du parti unifié qui va fédérer tous les partis des héritiers de Félix Houphouët-Boigny soit le Rhdp ?
Le nom choisi se présente pour nous comme une victoire. D’autant qu’il ne met pas en berne le Rdr et ne fera pas disparaître cette formation politique pour laquelle nous avons consenti assez de sacrifices. Notre combat est et demeure la lutte contre la disparition du Rdr. C’est pourquoi nous avons été clairs pour dire que nous n’entrerons pas au Pdci, lorsque le débat autour du nom du parti unifié faisait encore rage. Mais je voudrais que l’on retienne que cette victoire ne me satisfait pas. Il est prématuré de réunir tous les partis houphouëtistes au sein d’une seule formation politique.
Le ministre Amadou Soumahoro, secrétaire général par intérim du Rdr est le nouveau président du directoire du Rhdp, avec pour mission de formaliser le parti unifié dans un délai de 6 mois. Trouvez-vous cela réalisable ?
Je trouve le délai de six mois imparti à Amadou Soumahoro pour formaliser le parti unifié très court. Aura-t-il les coudées franches et le temps nécessaire pour trouver une place à cette pléthore de cadres que renferment tous les quatre partis du Rhdp ? Sa situation est d’autant inconfortable qu’on lui remet le couteau pour sacrifier l’enfant qu’il a mis au monde sans raison valable. La question est de savoir avec quels arguments il ira convaincre ses petits-enfants que nous sommes, en vue de réussir la mission qui vient de lui être confiée.
Craignez-vous que le Rdr sorte perdant dans cette réunification des houphouëtistes ?
Notre crainte est devenue plus grande depuis la formation du récent gouvernement. A l’occasion, le Pdci a dominé le Rdr en matière de représentativité au sein du gouvernement. Bien entendu, il est difficile pour nous d’accepter que certains de nos cadres soient mis à la touche au profit des cadres du Pdci. Nous craignons une fusion-absorption dans le cadre du parti unifié. Nous avons du mal à accepter que notre lutte vers le pouvoir soit couronnée par un tel résultat. Mieux, nous dénonçons la longévité de l’intérim d’Amadou Soumahoro au niveau du secrétariat général du Rdr. Il est temps qu’un avis favorable soit donné aux nombreux militants qui ne cessent de réclamer un Congrès pour désigner le président du parti qui, à son tour, désignera un secrétaire général. Nous voulons préparer les élections à venir et garantir la majorité au Rdr au niveau des législatives et des élections locales.
Vous êtes dans une logique de ne point faire de concession aux autres partis de l’alliance. Que répondez-vous alors de l’alternance pour que le Pdci vienne aux affaires en 2020 ?
Il n’a jamais été question d’une quelconque alternance. C’est juste le Pdci qui tient ce discours pour contenter ses militants. Il n’y a jamais eu de réunion du Rhdp relative à une alternance au sommet de l’Etat. Le discours tenu dans ce sens n’engage que le Pdci. Nous avons pris le pouvoir pour l’exercer pendant longtemps. Certes pour y parvenir le Rdr a dû faire des alliances, mais les alliés doivent comprendre que 2020 sera dans un contexte particulier qui ne ressemblera pas forcément à celui qui a amené les houphouëtistes à s’unir contre les refondateurs en 2010. Aux militants et aux parents des martyrs, nous voulons être rassurants pour dire que le Rdr ne disparaîtra pas. Qu’ils considèrent le Rhdp comme une alliance. Nous allons nous lever pour protéger le Rdr. Qu’ils gardent leur sérénité et s’apprêtent pour les élections à venir.
Réalisée par Idrissa Konaté