Interview/Afin de « reconsidérer sa position » ou pas : Raphaël Lakpé attend le courrier officiel de l’UNJCI
Le président du Conseil national de la presse (CNP) en Côte d’Ivoire, Raphaël Lakpé dit attendre d’être « saisi officiellement » par l’Union des journalistes, après que l’organisation a demandé à l’organe de régulation de « reconsidérer » sa décision de suspension de deux journalistes prononcée lundi pour « tentative de corruption », dans un entretien à ALERTE INFO.
Le Conseil national de la presse que vous dirigez vient de prononcer une suspension de 6 mois contre des journalistes accusés de « tentative de corruption », croyez-vous que cette mesure mettra fin à un phénomène de plus en plus décrié?
Nous espérons, nous avons été saisis d’une plainte par le directeur général de l’Eléphant Déchainé, qui dit avoir été victime d’une tentative de corruption de la part des deux journalistes que nous avons sanctionné.
A la suite de ces sanctions, nous condamnons surtout cette pratique qui consiste pour ce qui est des journalistes, à se transformer en agent de communication pour des opérateurs économiques et surtout à fausser le jeu de la démocratie, à embrigader la profession dans un carcan qui empêche les journalistes de travailler convenablement.
Nous dénonçons cette pratique et notre souhait est qu’elle puisse disparaitre, si c’est à la suite des sanctions que nous avons prise, on va dire Dieu merci, mais si cela disparait ça va être une bonne chose non seulement pour la profession mais pour la Côte d’Ivoire elle-même.
L’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI) a demandé au CNP de reconsidérer sa décision, qu’avez-vous décidée ?
L’UNJCI ne nous a pas encore écrit officiellement, il ne nous a encore rien demandé, on n’a pas reçu de courrier. Donc on attend qu’il nous saisisse officiellement.
Peut-on affirmer que la corruption dans le milieu de la presse a un impact sur la qualité du contenu des journaux?
Absolument, dès lors que vous recevez un présent d’un individu que cela soit en numéraire ou matériel, vous n’êtes plus serein, vous n’avez plus la liberté d’écrire ce que vous voulez. Quelque part il vous tient et vous lui êtes redevables.
Pour éviter cela, il faut éviter les présents, éviter d’entretenir ce type de relation avec le grand public.
Existe-t-il un rapport entre le phénomène de la corruption et la décision du jury du prix Ebony de ne pas désigner le meilleur journaliste de l’année 2013 ?
Ce n’est pas le CNP qui a décidé, je ne peux pas vous répondre là-dessus. Selon ce que nous avons entendu, c’est que les produits présentés à ce concours n’ont pas permis d’obtenir la note qu’il fallait, c’est ce que nous retenons.
Le CNP a suspendu en juin des journaux non conformes à la loi sur la presse, quel bilan faites-vous de cette opération, 8 mois après?
Il faut dire que sur la soixantaine d’entreprises de presse concernées, il ya 80 à 90% qui sont désormais à jour. Donc, il y avait une petite partie qui l’était avant l’évaluation, et maintenant nous avons atteint des chiffres respectables. Nous pouvons estimer, à partir de là, que l’opération a été positive.
La 2e étape c’est d’aller revoir sur le terrain si les engagements qui avaient été pris dans le cadre de cette opération sont tenus, à savoir le respect des niveaux de salaire indiqué par l’accord intervenu entre le patronat et les journalistes, la déclaration des journalistes à la CNPS, les conditions adéquates à offrir aux journalistes pour qu’ils puissent travailler convenablement au sein des différentes rédactions.
Si les engagements ne sont pas respectés, on va encore intervenir, les rappeler à l’ordre, les sanctionner s’il le faut.
Le retour sur le terrain est prévu pour quand ?
Nous n’avons pas encore décidé mais nous allons repartir sur le terrain pour procéder à une réévaluation des entreprises qui avaient été visitées l’année dernière.
Nous faisons tout cela pour que ces entreprises de presse soient constantes, qu’elles ne retournent pas dans l’informel, pour que le journaliste lui-même soit assuré.
La plupart des journalistes qui animent les rédactions sont jeunes, plus tard quand ils seront à la retraite, il faudrait qu’ils bénéficient d’une pension, d’une retraite convenable, c’est tout cela que nous voulons prévenir.
Combien sont les entreprises de presse qui ne se sont pas encore conformées à la réglementation ?
Il n’en reste plus beaucoup, moins d’une dizaine, elles n’arrivent pas à se mettre en règle. Dès lors qu’elles le feront, ces entreprises reviendront sur le marché. Disons que ces entreprises n’avaient pas été sanctionnées, elles ont été invitées à se mettre en règle vis-à-vis de la loi en vigueur.
EFI/GBK
Source: connectionivoirienne.net avec Alerte-info
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