Interview-vérité/4ème RGPH en CI: Ba Ibrahima (DG de l’INS) répond à vos préoccupations
Dans cette interview accordée au confrère de Fraternité-Matin, le Directeur Général de l’Institut National des Statistiques (INS) et Directeur Exécutif du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH), Ba Ibrahima répond à toutes les préoccupations liées au 4ème recensement.
Qu’est-ce que le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) ?
Le RGPH est la plus grande opération de collecte de données sur l’état de la population et ses conditions d’habitat dans un pays à un moment donné. Le RGPH permet de produire les statistiques de l’État de la population, les statistiques du mouvement de la population et les statistiques sur les conditions de logement et de vie des ménages (environnement immédiat).
C’est le lieu de rappeler que :
Notre pays n’est pas à son premier RGPH, mais au 4ème :
– Le premier en août 1975 avec 6 709 600 habitants
– Le deuxième en mars 1988 avec 10 815 694 habitants
– Le troisième en mars 1998 avec 15 366 672 habitants
– La population en 1960 était de 3 500 000 habitants
Que notre population connaît un accroissement soutenu avec un taux d’accroissement annuel calculé de
– 4,4% de 1960 à 1975
– 3,8% de 1975 à 1998
– 3,3% de 1988 à 1998
Quel en est l’intérêt en général et pour la Côte d’Ivoire en particulier ?
Comme le Père Fondateur de la Côte d’Ivoire moderne avait coutume de le dire, et nous citons « le développement en Côte d’Ivoire doit être un développement de l’Homme, par l’Homme et pour l’Homme ».
Cet homme dont il question, cet Homme dont il est question ici, est bien la population de la Côte d’Ivoire dont les dernières connaissances chiffrées datent de 1998, soit plus de 16 ans. Il importe donc, de disposer de statistiques récentes sur la population de la Côte d’Ivoire pour une meilleure planification de son développement. C’est le lieu de rappeler que la Côte d’Ivoire, a retenu la planification du développement comme outil privilégié pour le développement harmonieux de toute la Côte d’Ivoire. Pour ce faire, les statistiques retrouvent leurs lettres de noblesse et sont sollicitées pour encadrer ce processus à travers la chaîne PPPBSE (Prospective, Planification, Programmation, Budgétisation, Suivi-Évaluation).
Les différents indicateurs nécessaires retrouvent à leur dénominateur des données sur la population. Par exemple : le taux de scolarisation qui est la proportion des enfants inscrits effectivement dans les établissements d’enseignement par rapport au volume total des enfants en âge d’aller à l’école (5 à 14 ans révolus) nécessite deux (2) informations :
– L’effectif des enfants inscrits dans les établissements d’enseignement (disponibles dans les ministres en charge des enseignements) ;
– L’effectif total de tous les enfants de 6 à 14 ans révolus présents sur le territoire national (disponible à l’INS après un RGPH).
Le RGPH est utile, voir indispensable pour que le pays dispose de données actualisées sur la population qui reste l’acteur, le bénéficiaire et le but du développement.
Des voies s’élèvent en Côte d’Ivoire demandant le boycott de cette opération. Que vous reproche-t-on ?
De ce que nous savons de cette opération technique, l’on ne nous reproche rien.
En effet, en notre qualité de Directeur Exécutif du 4ème RGPH, nous avons fait le tour des institutions de la république, des ordres des architectes et experts comptables, des Directions Générales (DGI), des partis politiques (MFA, UDCI, RDR, PDCI-RDA, FPI, UDPCI) pour leur présenter le projet du 4ème RGPH. Nous nous sommes prêté à toutes les questions et avons donné des réponses techniques appropriées.
Pour nous, dont c’est le métier (depuis le 17 juillet 1978), la question est plus politique que technique. Comme nous l’avons dit par ailleurs, le RGPH est un outil indispensable pour le développement quoiqu’on dise ou pense, reste aussi la raison d’être du politique. Peut-on quel qu’en soit les raisons ou motivations refuser le développement ?
Qu’avez-vous fait pour rassurer ces personnes ?
Comme cela se devait, nous leur avons tenu un langage scientifique, donc véridique, appuyé par des exemples concrets des conséquences du refus ou de boycott.
Au delà de s’exclure du développement, eux-mêmes, ils créent des dommages à leur communauté toute entière dont la population à cause de son effectif ne pourra bénéficier d’infrastructures sous-économiques nécessaires. Une façon de s’exclure du partage des fruits de la croissance de la Côte d’Ivoire que son Excellence, Monsieur le Président de la République veut équitable et juste.
Nous leur avons dit par ailleurs que notre pays s’est doté en juillet 2013 de sa première loi statistique (en lieu et place de la loi française de 1951), et a ratifié la charte africaine de la statistique ; ces textes obligent les habitants de la Côte d’Ivoire à se soumettre au recensement et enquêtes statistiques ; ces mêmes textes précisent que les renseignements recueillis, ne doivent pas être utilisés à des fin de contrôles fiscal ou de répression économique
Pour les rassurer, nous avons passé en revue le questionnaire qui donne des solutions précises sur leurs appréhensions sur les populations exilées ou absentes sur le territoire national, les personnes qui n’ont pas encore accédées à leur maison, etc.
Par exemple pour le cas des exilés, les questions 58.1 et 58.2 relative à l’émigration des membres du ménage au cours des 5 dernières années (nom et prénom, sexe, âge au départ, date de départ, pays de destination et motifs de départ) adressent la question.
Un autre exemple est celui des questions 40, 41, 42 et 43 qui reconstituent tous les déplacements des populations depuis 2002, avec les dates et lieux de résidence.
Que leur avez-vous dit ?
Nous leur avons dit que le RGPH est une opération statistique pour le développement et non une opération à but politique ou électorale. Il vise une meilleure connaissance de la population pour une bonne planification de la statistique de ses nombreux et divers besoins.
Quels sont les risques, si cet appel au boycott est suivi ?
Si cet appel au boycott est suivi de notre œil de technicien, nous pensons que les risques restent de type psychologique pour nos agents et nous-mêmes à cause de la réception désobligeante qui avait suivis le mot d’ordre.
Au delà, le RGPH dans sa méthodologie de mise en œuvre, a déjà intégré les éléments de contrôle et de maîtrise de tels phénomènes.
Donc sur le plan statistique, un tel boycott est sans effet majeur sur les données à cause de la cartographie censitaire qui a fixé déjà les populations dans leur espace géographique :
– 14 districts
– 31 régions
– 108 départements
– 509 sous-préfectures
– 197 communes
– 8 765 villages
– 82 617 campements
Le tout, repartis sur 22 874 zones de dénombrement dont les populations varient entre 800 et 1200 habitants. Pour rappel, cette cartographie s’est déroulée sur le territoire, de mars 2012 à septembre 2013, a vu la participation de plus de 400 cartographes de niveau maîtrise au moins.
Où classez-vous le RGPH ? Est-ce est un acte politique comme le pense certains ou une opération d’intérêt économique et social ?
Le RGPH est une opération statistique. En tant que tel, il est un outil de développement économique, social et culturel et met donc à la disposition du décideur, des statistiques démographiques pertinentes.
Quelle est la différence entre le RGPH et l’identification des populations pour l’établissement de la liste électorale ?
Le RGPH et l’Identification de la population (pour l’établissement des listes électorales) sont deux opérations différentes l’une de l’autre.
En effet le RGPH opération statistique s’adresse aux populations statistiques qui dans ce cas, se confondent avec les populations humaines, donc des personnes de notre pays. En tant que telles, les personnes vivant sur le territoire national en constituent les unités statistiques dont seules les caractéristiques sont étudiés en dehors du nom et du prénom et surtout de la filiation de chacune d’elles.
En un mot le recensement par essence, est ANONYME.
L’Identification est la personnalisation de l’unité statistique en mettant en exergue, ce qu’elle a de particulier, de personnel par rapport aux autres. Elle est par essence NOMINALE, PERSONNELLE.
Est-il possible de conduire simultanément une opération « ANONYME » et une opération NOMINALE « personnalisée » ?
Le RGPH doit précéder l’identification pour aider à sa meilleure préparation et sa conduite efficace grâce aux données qu’il met à disposition.
Certaines personnes pensent qu’on aurait pu coupler cela avec l’identification et l’établissement de la liste électorale. Qu’en dites-vous ?
Au regard de ce qui précède, sur le plan méthodologique, l’on ne peut pas coupler le RGPH et l’Identification.
On peut les conduire simultanément pendant la phase de collecte de données comme ce fut le cas en 1988. En plus du questionnaire du RGPH 1988, l’INS a administré aux populations qui se sont déclarées de nationalité ivoirienne, une fiche, « la fiche des ivoiriens de 14 ans et plus », qui lui permettra en 1990 de disposer d’une base de données informatiques du recensement électoral de 1990. En fait il s’agit de 2 collectes de données en une par les mêmes agents auprès des mêmes personnes, au même moment.
Ce genre de « couplage » n’est pas possible aujourd’hui à cause de l’environnement juridique actuel.
Par contre on peut coupler aisément l’identification de la population et le recensement électoral, comme ce fut le cas en 2008.
Le RGPH a bien commencé. Quel est l’état des lieux ?
Oui le RGPH a bien commencé et se déroule comme il a été planifié par l’équipe technique composé de tous les démographes, statisticiens expérimentés, avec des personnes à leur 4ème, 3ème et 2ème RGPH en Côte d’Ivoire et dans le monde.
– Du 17 au 30 mars 2014, a eu lieu le dénombrement des plus hautes autorités avec à leur tête, le 1er citoyen de la Côte d’Ivoire, SEM le Président de la République.
– Du 31 mars à fin avril 2014 : le dénombrement de l’ensemble de la population en Côte d’Ivoire et dans nos représentations diplomatiques.
– Du 1er mai au 30 juin 2014 : mise à disposition des résultats provisoire du 4ème RGPH et organisation de l’enquête post-censitaire.
– Avant fin décembre 2014 : publication des résultats du 4ème RGPH.
Tous les agents disposent de 04 jours pour faire la reconnaissance de leur zone de dénombrement (ZD), la numérotation des bâtiments, des logements et ménages, le pré dénombrement des ménages, avant de dénombrer les personnes par ménage
Combien coûte l’opération et comment cela est reparti ?
L’opération avant le dernier report de l’année dernière (du 4 novembre au 31 mars 2014), le projet coûtait 12 012 735 400 FCFA. Suite au report de la phase du dénombrement de 6 mois, par rapport à la cartographie censitaire terminée en fin septembre 2013, la population a connu un croît absolu de près de500 000 habitants. La prise en compte de cette situation nécessite du personnel complémentaire, la révision de la cartographie des zones d’extension rapide du district d’Abidjan (Abobo ; Anyama ; Cocody ; Bingerville ; Yopougon ; Songon ; Port-bouët ; Grand-Bassam) et des équipements additionnels.
Actuellement, il est de 12 684 465 400 FCFA repartis comme suit :
I. | ACTIVITE PREPARTOIRE | : 592 000 000 |
II. | CARTOGRAPHE CENSITAIRE | : 721 838 400 |
III. | DENOMBREMENT :
|
: 9 194 592 000
: 3 586 397 500 : 4 897 100 000 |
IV. | COUT ADDITIONNEL LIE AU REPORT | : 671 730 000 |
V. | ENQUETE POST CENSITAIRE | : 88 022 000 |
VI. | EXPLOITATION DES DONNEES | : 618 425 000 |
VII. | ANALYSE DES DONNEES | : 115 978 000 |
VIII. | PUBLICATION DES RESULTATS | : 304 880 000 |
IX. | FONCTIONNEMENT | : 450 000 000 |
Pour la mobilisation des ressources, la Côte d’Ivoire a déjà mis à la disposition du projet 8,6 milliards FCFA (68%), le hissant aussi, au rang des pays qui financent en grande partie, leur recensement et a bénéficié des appuis des pays et institutions suivantes :
– Le Brésil qui à prêté 20 200 PDA à la Côte d’Ivoire ;
– La France qui, dans le cadre du C2D, a mis à disposition dans le cadre de son appui budgétaire, 3,8 milliards FCFA ;
– L’UNFPA qui a fourni des appuis techniques, des matériels cartographiques, des moto et motocyclettes. C’est l’occasion de les remercier pour leur soutien, avant que les voix les plus autorisées ne le fassent.
A quant la fin prévisionnelle de l’opération ?
La fin prévisionnelle du dénombrement est fixée à fin avril 2014. Quant au RGPH, lui-même, sa fin est prévue pour fin décembre 2014.
Avec près de 31 000 personnes engagées dans les opérations de terrain, sont reparties comme suit :
– 14 coordonnateurs
– 115 superviseurs
– 695 contrôleurs
– 4469 chefs d’équipes
– 22 874 agents recenseurs
– Et 10% de personnel en attente, le calendrier sera tenu.
Avez-vous tous les moyens pour conduire cette opération à son terme de manière satisfaisante ?
Oui, nous disposons de tous les moyens pour conduire cette opération à son terme de manière satisfaisante, c’est-à-dire conformément aux nomes et principes admis en la matière. En effet, au-delà des question financières, les questions de ressources humaines de méthodologie, de conduite du projet, de l’encadrement des personnels de terrain, de logistique, de technologie et de technique sont assez bien maîtrisées par la Direction Exécutive et le Secrétariat Technique Permanent en charge de l’exécution technique du 4ème RGPH. Ces structures d’exécutions opérationnelles du RGPH sont animées par les experts nationaux et internationaux doués et expérimentés en la matière.
Quelles sont les difficultés auxquels vous êtes confrontées ?
Pour le moment, nous ne rencontrons pas de difficultés majeures parce qu’après tant de recensements, nous sommes à mesure d’anticiper sur les difficultés éventuelles.
Cependant, il faut signaler nos préoccupations quant à la sécurité des matériels informatiques mis à la disposition des personnels de terrain.
Bien que nous ayons pris des dispositions particulières pour assurer leur sécurité, nous pensons que le risque de les « perdre » existe et nous veillerons à les réduire au maximum.
D’ailleurs, pour ceux qui ne le sauraient pas, les PDA et Smartphones sont dotés d’un système GPS, qui nous permet de les retrouver n’importe où ils pourraient se trouver sur le territoire national ou hors du territoire dans un large rayon. Toute tentative de les soustraire, sera sévèrement punie.
Quels messages avez-vous à adresser aux populations et aux agents recenseurs ?
Aux populations, nous dirons ceci : le RGPH, est une opération statistique qui vise la connaissance de l’état de la population de notre pays en vue de la production des statistiques sur son état et sur sa dynamique. Il permet une meilleure connaissance des besoins de développement en vue de leur satisfaction à travers les plans de développement. En la matière, chaque habitant de la Côte d’Ivoire compte pour la Côte d’Ivoire. Pour permettre à la Côte d’Ivoire de vous prendre en compte effectivement, il faut vous faire recenser. C’est d’abord pour vous-même, pour votre communauté et pour la Côte d’Ivoire.
Aux agents, nous voulons dans un esprit de transparence, rappeler leurs différentes rémunérations avant tout :
- 1. Frais de transport pendant la formation (10 jours et plus) :
- district d’Abidjan : 10 000 FCFA/agent
- hors d’Abidjan : 5000 FCFA/agent
- 2. frais de transport et communication pendant le dénombrement
- superviseur : 200 000 FCFA/mois
- contrôleur : 25 000 FCFA/mois
- chef d’équipe : 20 000 FCFA/45 jours
- agent recenseur : 10 000 FCFA/mois
- 3. SALAIRE
- Superviseur : 150 000 FCFA/mois
- contrôleur : 150 000 FCFA/mois pendant 2 mois
- chef d’équipe : 150 000 FCFA/45 jours
- agent recenseur : 100 000 FCFA/1 mois
Pour les agents informaticiens de clonage des équipements, ils ont été payés 6000 FCFA/jour, travaillé (5000 FCFA de salaire et 1000 FCFA de transport).
Après la première séance de travail (après le 8 avril 2014) 20% du salaire seront versés aux agents en poste.
Ensuite, faire appel à leur esprit de civisme pour leur demander d’utiliser les équipements mis à leur disposition en bon père de famille et le retrouver en bon état à la fin des travaux de terrain. Ils doivent bénéficier d’un contrat de travail et fournir une caution morale avant d’entrer en possession des équipements de travail.
Nous leur faisons confiance pour relever ensemble le défi d’un recensement électronique.
- 1. conditions de travail des personnels
Pour le recrutement du personnel de terrain, la démarche a été la suivante :
- 1. Inviter les candidats à déposer les dossiers de candidatures auprès des Présidents des Comités Locaux du RGPH, ou des Secrétariats Généraux des Mairies.
- 2. Présélection par un test
- 3. Formation
- 4. Test de sélection
- 5. Recrutement
- 6. Déploiement
Les personnels ont été recrutés dans leur circonscription administrative et doivent y travailler pour aplanir les éventuelles difficultés de communication, d’intégration et d’hébergement, de sécurité et autres.
- 2. Mode opératoire
Conformément aux normes et principes du RGPH, il est réalisé en 10 phases principales :
I. | ACTIVITE PREPARTOIRE | |
II. | OPERATION PILOTE | |
III. | CARTOGRAPHE CENSITAIRE | |
IV. | DENOMBREMENT | |
V. | ENQUETE POST CENSITAIRE | |
VI. | EXPLOITATION DES DONNEES | |
VII. | ANALYSE DES DONNEES | |
VIII. | PUBLICATION DES RESULTATS | |
IX. | DIFFUSION DES R2SULTAT | |
X. | ARCHIVAGE |
Pour ce 4ème RGPH, qui passe de la génération des années 2000 à celle des années 2010, il est important de rappeler que le dénombrement se fait sous forme de collecte assisté par ordinateur (CAO) ; c’est-à-dire que les agents n’utilisent plus des questionnaires papier comme par le passé. Ils utilisent un PDA (Personal Data Administration) ou un Smartphone, des ordinateurs de poche qui font gagner en temps (plus de 2 ans) et en qualité de collecte car tous les tests de cohérence et de vraisemblances sur les réponses sont faites systématiquement.
C’est d’ailleurs, grâce à ces outils que les résultats provisoires seront disponibles dès fin mai 2014 et les résultats définitifs, dès fin novembre 2014.
- 3. Populations cibles
Le RGPH concerne les populations de droit de notre pays. C’est-à-dire les populations qui résident habituellement en Côte d’Ivoire.
Mieux encore, les personnes qui vivent en Côte d’Ivoire depuis plus de 6 mois ou ont l’intention de vivre plus de 6 mois sur le territoire de la Côte d’Ivoire et les représentations diplomatiques, et ce, quelque soit leur nationalité.
Réalisée par Fratenité-Matin
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