Interview-vérité : L’enseignant-chercheur, SG de la Cnec, Johnson Kouassi Zamina rompt le silence/ « La formation devrait être la base de l’émergence dont il est de plus en plus question »
– « L’Université est à la recherche de son rayonnement scientifique en Côte d’Ivoire »
Abidjan, 25 4 16 (lepointsur.com) Après la réouverture de l’université Félix Houphouët-Boigny le lundi 3 septembre 2012, il y a beaucoup de plaintes et de revendications. Tant du côté des enseignants que des étudiants. Au cours de cette interview-vérité, l’enseignant-chercheur, par ailleurs, secrétaire général de la Coordination nationale des enseignants-chercheurs (Cnec), Johnson Kouassi Zamina rompt le silence et révèle : «C’est à la 18e place d’Afrique qu’on trouve la première université francophone, notamment l’Université de Ouagadougou. Je ne ferai point de commentaires… » Interview.
Après la réouverture de l’université Félix Houphouët-Boigny le lundi 3 septembre 2012, il y a beaucoup de plaintes et de revendications. Celles des enseignants et des enseignés. Comment expliquez-vous cela ?
Le mécanisme par lequel certains pays sont passés pour être développés devrait nous être enseigné. C’est pourquoi il est bon de prendre en compte les nouvelles donnes dans le monde pour en faire nôtres, de sorte à atteindre, nous aussi, un niveau de développement. Mais copier tel que cela se fait, c’est à ce niveau qu’il y a problème. Cela dit, ce qui vaut pour les pays développés, peut ne pas avoir les conditions réunies dans le Tiers-monde ou en Côte d’Ivoire précisément. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle copier n’est pas toujours intéressant. On peut tricher, c’est vrai, mais il faut tricher positivement. A savoir si ce qui se fait dans ces pays développés convient à ce que nous faisons en Côte d’Ivoire.
Mais aujourd’hui, peut-on dire que le problème de wifi a été réglé à l’Université ?
Non, vous constatez vous-même que lorsque vous entrez ici, chacun a son wifi box pour avoir la connexion. C’est de cette façon que nous nous débrouillons. Tout à l’heure, si vous sortez d’ici, cliquez les 100 premières universités d’Afrique sur internet, il n’y a aucune université ivoirienne, aucun institut, aucune grande école, encore moins un centre de recherche. Nos universités ou centres ne disposent d’ailleurs pas de wifi. C’est paradoxal quand même ! A ce niveau, les Africains, et surtout les pays francophones sont en retard. Comprenez que les grandes universités ou grands instituts sont issus du monde anglophone. C’est à la 18e place d’Afrique qu’on trouve la première université francophone, notamment l’Université de Ouagadougou. Je ne ferai point de commentaires, mais ceux qui liront ce que je vous dis, feront eux-mêmes leurs commentaires.
Comment?
Quand nous disons qu’il faut venir remplir telles ou telles conditions, ce n’est pas pour nous rendre populaire, mais plutôt être en phase avec l’évolution du monde. Aujourd’hui, il est question d’émergence. Nous pensons que cette notion devrait avoir, pour fondement, la science et la recherche. Bref, la formation devrait être la base de l’émergence dont il est de plus en plus question. Comprenez que la science et l’éducation sont les fondements de tous les pays développés du monde. Ce sont donc la science et l’éducation qui produisent les résultats que nous observons dans ces pays-là. Cela dit, sachez qu’il n’y a pas de wifi à l’Université Félix-Houphouët-Boigny (UFHB), encore moins dans les autres structures de l’enseignement supérieur. On nous a fait croire qu’il y aurait wifi et qu’il y aurait des cours à partir de vidéoconférences. Nous n’en avons jamais vu. Nous nous demandons combien d’années il faut encore.
Il y a quelques mois, vous affirmiez que vous avez le taux horaire le plus faible de toutes les institutions académiques. Avec du recul pouvez-vous mieux nous éclairer sur cet aspect des choses ?
Le taux horaire c’est quoi ? Quand vous donnez des cours, conventionnellement, les universités rendent un certain nombre d’heures à l’Etat. C’est ce pour quoi on les paye. Et quand vous dépassez ce taux, la différence est appelée « heure complémentaire ». Comme ici, en Afrique et particulièrement en Côte d’Ivoire, l’effectif est pléthorique, les heures complémentaires s’imposent aux enseignants contre leur gré. Prenons un exemple avec le département de Géographie de l’UFHB. Le nombre d’étudiants, en première année seulement est plus de 3 800. Imaginez combien d’enseignants il faut pour satisfaire ce grand nombre. Evidemment, si l’on tient compte du ratio UNESCO enseignants-enseignés (1 : 25), la Côte d’Ivoire est très en retard. L’écart est très grand entre les étudiants et le nombre d’enseignants. La conséquence immédiate, c’est le rabais des cours en termes de contenus scientifiques. Les contrôles sont insuffisants et le paiement des heures complémentaires difficiles.
En principe, quel devrait être l’effectif normal dans un département ?
En principe, un enseignant devrait avoir 25 à 30 étudiants par groupe de travaux dirigés. Mais il se trouve que ce sont au contraire des milliers et des milliers qu’un enseignant a en charge. Voyons maintenant le tarif horaire : 5 532 FCFA pour l’Assistant et le maître-assistant, 6 294 FCFA pour le maître de conférences, et 7 721 FCFA pour le professeur titulaire. Vous voyez qu’en partant du plus petit au plus grand, personne n’atteint 10 000 FCFA. Par contre, lorsque vous allez à l’UCAO juste à côté, c’est à partir de 10 000 FCFA jusqu’à 25 000 FCFA selon les grades. Evidemment, celui qui enseigne ici, va toujours chercher à aller ailleurs. Aussi, ces taux horaires pratiqués dans les universités sont taxés en fonction de votre situation maritale, en fonction du nombre d’enfants et de plusieurs autres paramètres. A l’issue de ces prélèvements, celui qui a 5 532 FCFA se retrouve réellement autour de 3 500 FCFA. Quel courage peut avoir quelqu’un qui est allé à l’école et de surcroît titulaire d’un doctorat, de rester à l’université pour enseigner avec de tels taux horaires ?
Quel est aujourd’hui l’état des primes à l’université ?
Pour ce qui concerne la prime, nous félicitons le gouvernement, surtout les nouveaux gouvernants qui sont là, même si nous ne sommes pas entièrement satisfaits. Ils ont réussi à faire un pas de géant en la matière. De quoi s’agit-il ? Nous sommes partis de 150 000 FCFA l’année sous Félix Houphouët-Boigny et Henri Konan Bédié. C’est le Président Laurent Gbagbo qui a demandé qu’on passe de 150 000 FCFA à 800 000 FCFA pour l’assistant. Aujourd’hui, sous le Président Ouattara, nous sommes à 2 millions FCFA de prime de recherches pour le plus petit grade, c’est-à-dire, l’assistant. Je prends le plus petit pour vous amener à mieux comprendre. Non seulement cette prime est aujourd’hui revalorisée, mais aussi et surtout trimestrialitée. En effet, les 150 000 FCFA d’alors étaient répartis en deux parts égales à la fin de chaque semestre. Ce qui faisait 75 000 FCFA tous les 6 mois. Après, c’est passé à 800 000 FCFA l’année, donc 400 000 FCFA le semestre. Aujourd’hui, nous sommes à 2 millions FCFA pour le plus petit, soit 1 000 000 FCFA le semestre (500 000 FCFA / trimestre), même si on n’a pas encore commencé à les percevoir. Voilà ce qui a été convenu et adopté par le gouvernement.
A la lecture de ce que vous dites, quelle est la priorité que l’Etat accorde à la formation des étudiants ?
C’est aussi une des questions que nous nous posons. Logiquement, c’est à l’Etat de répondre à une telle question. Toutefois, nous constatons que des efforts considérables ont été faits pour ce qui concerne l’environnement de l’Université. Aujourd’hui, lorsque vous arrivez à l’Université, vous sentez une fluidité, l’environnement est plus rayonnant. Mais ce n’est pas tout, l’Université en Côte d’Ivoire est à la recherche de son rayonnement scientifique. Voilà le vrai problème. Il faut que des laboratoires, des salles de classes, des salles de langues, des salles de TP et des bibliothèques soient équipés en matériels didactiques pour que l’environnement de l’institution soit plus rayonnant. Allez en médecine, en odonto-stomatologie ou en pharmacie, les laboratoires sont dépourvus de tous équipements élémentaires. De plus en plus, on parle de »Travaux pratiques » théoriques (TPT), une innovation en Côte d’Ivoire. Comment comprendre que des travaux pratiques puissent devenir théoriques ?
Ne vous sentez-vous pas complices de ce qui arrive à l’Université ivoirienne, en acceptant d’enseigner dans de telles conditions ?
Justement, c’est ce que nous faisons comme effort tout le temps en expliquant, d’abord à l’autorité, l’urgence qu’il y a à équiper l’Université. L’on nous a fait savoir que le matériel arrive, qu’il est en route et de faire des efforts de tenir sur un an. Quand l’autorité tient un tel langage et que des jours plus tard, des conteneurs à l’entrée de l’institution justifient un tel langage, nous nous demandons pourquoi jusque-là le matériel n’est pas à disposition. Soit il est caduc, soit il n’est pas adapté. En clair, les achats ont été faits en dehors des enseignants qui avaient manifesté le besoin.
A vous entendre parler, l’autorité a pris le soin d’acheter du matériel sans tenir compte de votre avis ?
Oui, en effet. D’ailleurs, nous n’étions pas à l’Université quand les demandes ont été formulées. Pour preuve, si nous avions été là, les passerelles et autres passages ouverts sur le campus de l’Université ne l’auraient été à certains endroits. Nous aurions pu canaliser leur création. Comprenez que nous sommes dans une sorte de dialogue de sourds avec l’autorité sur la question de la dotation de l’Université en matériels didactiques. Et c’est après que les autorités nous disent que des milliards ont été engloutis dans de tels projets. Il y a du matériel et autres choses qui traînent et qui n’ont plus la moindre importance. C’est pour vous dire que nous ne lançons pas de paroles en l’air. Voilà autant d’erreurs que l’Etat a commises. Je ne sais pas où sont entrés les 110 milliards FCFA alloués pour la réhabilitation des universités en Côte d’Ivoire. Cependant, nous nous sommes rendus à Daloa, Bouaké et Korhogo où des bâtiments sont en train de sortir de terre. Je pense que si l’Etat continue dans ce sens, il y a de fortes chances que nous soyons soulagés. Ce que je peux retenir, c’est que parfois, il y a inadéquation entre le matériel offert ou acheté et le besoin réel sur le terrain. Tel est le gros problème.
En tant que secrétaire général de la CNEC, quelle est la part de responsabilité de la SIMDCI, société commise à la réhabilitation de l’Université quant à l’équipement des salles de classes et autres laboratoires ?
Nous sommes un peu mal placés à ce niveau, parce que je ne connais pas trop bien le cahier de charges de la SIMDCI. En son temps, mes collègues et moi sommes allés menacer la société en question à son siège à l’ancienne poste. C’est ainsi que Sidi Kagnassi qui répond au nom de SIMDCI ici en Côte d’Ivoire, s’est présenté à notre bureau pour s’expliquer. Mais à l’entendre, c’est lui qui injecterait de l’argent pour les travaux. Une sorte de préfinancement, pendant que l’Etat à son tour tarde à s’exécuter. Voyez des erreurs, nous nous demandons si la présidente de l’Université sait le contenu du cahier de charges de la SIMDCI. Nous, acteurs sur le terrain, nous sommes en droit de défendre l’Etat qui a signé un contrat avec la société en question. Si la SIMDCI a accepté le contrat, il lui appartient donc de venir s’exécuter.
Est-ce à dire que la présidente de l’Université ne maîtrise pas le dossier ?
Oui, effectivement puisque c’est lorsqu’on appelle un responsable de la SIMDCI de venir s’expliquer au conseil de l’Université où nous siégeons aussi, que l’on se rend compte de l’existence de certains contrats. Voyez-vous, c’est un peu une sorte de marché de dupes. Ne maîtrisant donc pas tous les contours de ce marché, nous préférons rester dans notre petit coin. De loin, c’est comme si nous étions complices de ce qui se passe et pendant longtemps encore, c’est nous qui subirons les désagréments dus à ce contrat. La question qui revient aujourd’hui est de savoir si l’Etat vient contrôler les travaux pour lesquels il dit avoir injecté 110 milliards FCFA. En tant que syndicat, nous jouons notre rôle d’interpellateur lorsqu’il y a un défaut d’équipement dans un amphithéâtre. C’est ce que nous faisons en interpellant madame la présidente de l’UFHB quand nous constatons un dysfonctionnement.
Y-a-t-il une nouvelle gestion après la réouverture des universités en Côte d’Ivoire ?
Bon, l’on nous fait savoir que c’est toujours la SIMDCI qui a en charge la gestion de l’institution. En effet, après avoir effectué les travaux, si travaux il y a, la SIMDCI devrait travailler pendant environ trois années sur la maintenance, d’autant que certains travaux ne sont pas encore achevés. Notamment, le portail central de l’Université Nangui Abrogoua. Le premier portail crée des accidents, ce qui nécessite l’ouverture du deuxième portail dont les clefs ne seraient pas encore disponibles, selon le président de cette institution. Nous nous apprêtons à aller ouvrir nous-mêmes pour juguler les nombreux cas d’accidents observés.
Nous allons passer maintenant à l’augmentation des frais d’inscription. Au regard de son schéma, on a l’impression que le système LMD est déjà une réalité dans les frais, mais dans la pratique ce n’est pas le cas, eu égard à certaines difficultés que vous avez évoquées plus haut. Les étudiants en master professionnel par exemple qui s’acquittaient de la somme de 60 000 FCFA comme frais d’inscription, doivent désormais débourser 200 000 FCFA. Pouvez-vous confirmer cette information ?
Nous n’avons pas les preuves d’une telle information. Pour être au même niveau d’information, nous sommes régulièrement en contact avec Mme la présidente de l’Université qui est aujourd’hui ministre de l’Enseignement supérieur. Il y a deux jours (Ndlr : samedi 9 avril 2016), nous étions avec elle à Bingerville et nous lui avons posé la question à laquelle elle a répondu par la négative. Elle a dit ne pas se reconnaître dans quelque centime d’augmentation et a souhaité que les choses restent en l’état. Pour elle, en effet, si c’est le cas, l’augmentation des frais de scolarité ne serait pas propice à apaiser l’environnement universitaire déjà délétère.
Deuxième partie encore, à l’Ufr Sciences juridiques, administratives et politiques, des étudiants en master II professionnel Droit des contentieux, des affaires et fiscalité, des étudiants ayant déjà payé les frais d’inscription de 60 000 FCFA, en plus de leur frais de formation qui coûte 850 000 FCFA, sont appelés à payer un reliquat de 140 000 FCFA. Avez-vous eu vent de cela aussi ?
Non, c’est vous qui nous en informez maintenant. Quand les autorités seront en face, nous allons leur faire cas de la situation.
A l’Ufr des Sciences de l’Homme, de la Société (SHS), l’augmentation entraîne déjà des grincements de dents. A l’Ufr Sciences économiques et de la Gestion où les frais de formation de master II professionnel s’élèvent à 1, 2 million FCFA, il y a aussi problème. Etes-vous au parfum de tous ces problèmes ?
Tant mieux si les concernés eux-mêmes en parlent, c’est qu’il y a véritablement problème. Je prends acte, et prendrai le soin de m’informer sur la situation. Puis, au moment opportun, notre syndicat va prendre position officiellement. Si les enseignants doivent continuer de demeurer dans la précarité et dans des conditions actuelles dans l’exercice de leur fonction, il est préférable que l’on n’augmente pas de frais d’inscription à l’Université.
Qu’en est-il de la pension de retraite des enseignants-chercheurs et Chercheurs?
La pension de retraite, c’est quoi ? Je simplifie pour que vous compreniez. On prend le plus grand ici qui est le professeur titulaire. Quand il allait à la retraite, il percevait entre 900 000 FCFA et 1,1 million FCFA. Aujourd’hui, il va percevoir autour de 457 000 FCFA. Ce qui fait la différence entre le nouveau et l’ancien c’est seulement le temps. Lui qui est allé à la retraite avant le 8 janvier 2015, perçoit le double et celui qui vient après perçoit la moitié, c’est la nouvelle trouvaille de l’Etat, la pension à double vitesse. De quoi s’agit-il ? Nous avons été conviés les 30 et 31 mars dernier à une réunion d’explication à Grand-Bassam. Plutôt que d’expliquer, que le directeur général de l’IPS-CGRAE a donné l’impression d’être venu nous imposer des choses. Dans tous les pays du monde, le système de pension s’inscrit dans l’ordre du social.
Soyez plus exlicite…
Au niveau de la pension de retraite, on ne fait pas de bénéfices parce que l’Etat recueille déjà des bénéfices ailleurs. C’est comme l’école. Dans tous les pays du monde, l’école est budgétivore. Ce n’est donc pas à l’école qu’on vient faire du capitalisme. L’école c’est avant tout la formation. On y injecte des milliards pour ne recueillir que la qualité des ressources humaines. Avant, pour la pension de retraite, la contribution nationale individuelle était de 6% sur le salaire. Aujourd’hui, nous sommes passés à 8, 33%, soit une augmentation de 2,33%. Logiquement, cela devait se compenser à la sortie par un rehaussement de cette pension. Malheureusement, l’on nous dit qu’il n’y a pas de compensation et ce que nous percevions a été maintenu en l’état. Aujourd’hui, en plus de la majoration du taux de prélèvement, nous perdons de moitié ce que nous avions.
Que désirez-vous concrètement?
Qui est-ce qui peut accepter cela ? Et comme c’est notre milieu qui est souvent en proie aux grèves et autres remous sociaux, ils ont lancé le ballon d’essai. Ainsi, lorsque l’appât va prendre, sa répercussion sur l’ensemble des fonctionnaires sera plus aisée. Nous attendons le discours du président de la République à l’occasion de la fête du Travail. Comme par patriotisme nous avons accepté le sacrifice des 2,33% que nous leur offrons, à défaut d’améliorer la pension, que le gouvernement la garde en l’état. Il y a aussi la rubrique de la contribution nationale dans le bulletin instaurée depuis les années 82, pour payer les chômeurs sous Houphouët-Boigny. On ne les paie plus, mais cette contribution demeure. Celle prélévée pour la reconstruction nationale instaurée en 2002, a été supprimée par l’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo.
La nomination de madame Bakayoko-Ly Ramata en tant que ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a été saluée par les enseignants-chercheurs et chercheurs. Dans un tel contexte, pensez-vous lui accorder une chance de réussir sa mission ?
Nous sommes syndicalistes et nous nous attelons à notre mission. Je pense que ce n’est pas à nous d’offrir les chances. Elle les a déjà de par sa qualification elle-même. C’est une femme battante et courageuse, mais très effacée dans sa façon de faire. Elle peut vous parler sans que vous ne la voyiez. Elle est toujours disposée à écouter. Nous n’avons jamais vu cela avant elle. Même si d’une cabine vous l’appelez, quand bien même elle ne connaît pas le numéro, elle va décrocher pour vous répondre.
Donc, c’est sûr que vos préoccupations tomberont dans des oreilles attentives…
Malheureusement, elle est dans un moule, une équipe qui a un entraîneur. Et c’est cet entraîneur qui indique la voie à suivre. Il est clair que si vous n’entrez pas dans son schéma, vous ne serez pas classé. Elle peut dire qu’il y a telle structure universitaire qui n’est pas bien et l’Etat peut lui dire que sa priorité est ailleurs. Comme en Afrique la démission est perçue comme une position de rébellion, alors on se contente d’être dans l’équipe. Quant à nous, nous lui faisons entièrement confiance parce qu’elle sait désamorcer les crises. Elle n’est pas là pour taper du poing sur la table comme certains l’ont fait. Lors de notre dernière rencontre, elle a démontré qu’elle n’était pas là pour de l’argent, mais qu’elle a de très grands projets pour l’école ivoirienne.
Interview réalisée par Sériba Koné
kone.seriba67@gmail.com
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