Interview-Côte d’Ivoire/ Issiaka Konaté, DG des Ivoiriens de l’extérieur : «Notre pays a commencé à répondre aux préoccupations de sa diaspora»
A quoi répond le besoin de votre séjour français pour évoquer la problématique des logements sociaux avec les ivoiriens qui y vivent?
Ce séjour est une nécessité ! Il fallait rompre avec des pratiques confuses d’intermédiaires véreux et cupides qui ont fait souffrir des milliers de nos compatriotes en leur proposant des services multiples et divers qui ne sont jamais venus. Tantôt dans des achats de terrain, tantôt de maisons sans jamais faire aboutir les projets ou dans d’autres secteurs encore. Nous répondons aussi aux préoccupations de la diaspora, maintes fois relayées et remontées au Chef de l’Etat Alassane Ouattara, qui a souhaité avoir la possibilité de souscrire directement aux logements sociaux comme leurs frères et sœurs dans notre pays. Nous avons déplacé la procédure vers eux de sorte qu’ils décident d’eux-mêmes et qu’ils soient maîtres du processus de bout en bout.
Comment comptez-vous y prendre pour les convaincre de venir investir dans l’immobilier au pays?
L’Etat a écouté leurs préoccupations en organisant cette semaine du logement ici. Nous avons pour ambition, main dans la main avec le Ministère de la Construction, du logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme, de sécuriser leurs acquisitions, de leur proposer des promoteurs triés et sérieux, de leur offrir la garantie d’un Etat pour qui ils comptent, de mieux leur expliquer toute la procédure et de se mettre à leur entière disposition. Nous allons continuer de mener, avec le soutien des ambassades, des associations Ivoiriennes, et des leaders d’opinion une politique de proximité pour construire la confiance. Vous savez que notre pays bouge avec des performances économiques à faire pâlir certaines nations occidentales et avec le déploiement des solutions du Chef de l’Etat sur toute l’étendue de notre territoire et même au delà, nous sommes en train de créer une dynamique à laquelle nous invitons activement la diaspora Ivoirienne à participer. Les arguments ne manquent pas. Nous avons un grand pays !
Y-aura-t-il des avantages pour eux?
Bien sûr et je vous invite à venir échanger avec les promoteurs, les banquiers, les notaires et tous les spécialistes déplacés ici pour l’occasion. Notre pays a commencé à répondre aux préoccupations de sa diaspora ! Je dois l’admettre, il y a encore beaucoup à faire, mais ce n’est pas la volonté qui manque et vous verrez avec le temps les fruits des efforts consentis pour les Ivoiriens de l’Extérieur. Nous sommes au stade de la fondation, des fondements de notre politique, donc au niveau le plus difficile et bien entendu, le plus important mais paradoxalement le niveau le moins visible de l’extérieur. Nous devons faire toujours plus car les ivoiriens de l’Extérieur le valent bien !
En quoi l’implication des Ivoiriens de la diaspora dans la reconstruction économique de la Côte d’Ivoire est-elle importante?
Cette contribution est importante car nous avons une diaspora de qualité et qui a commencé à investir ! Les exemples de leur contribution sont là ! Elle peut non seulement accompagner l’investissement, elle peut contribuer intellectuellement, mais aussi sur le plan social. Que ce soit au niveau des transferts de fonds, des actions sociales ou de réels efforts d’investissement, notre diaspora a toujours soutenu notre pays. Dans son allocution au Maroc, au forum économique, le chef de l’Etat a souhaité une meilleure utilisation des ressources issues des transferts de fonds de la diaspora parmi les 7 solutions innovantes qu’il a proposées. Une meilleure organisation de notre diaspora, une réflexion approfondie sur la question des transferts de fonds, leurs coûts et une meilleure orientation de ces ressources pourraient nous permettre de rivaliser avec l’aide au développement qui se fait rare. Nous devons compter sur nous-mêmes et nos propres ressources. L’apport de notre diaspora est inestimable, mais elle peut mieux faire avec une politique plus structurée et plus conquérante et c’est à cela que nous nous attelons. Pour finir, l’avènement de l’Ivoirien nouveau passera selon moi par une implication toujours plus importante de notre diaspora dont l’expertise, le savoir faire et l’expérience nous seront indispensables.
Au-delà du volet immobilier, quel est l’apport et l’incidence de la diaspora ivoirienne, en général, au développement du pays?
Nous avons à ce jour plusieurs Ivoiriens de l’Extérieur qui enseignent à l’Université et nous aident à répondre au défi de l’éducation et de la formation. Il y a également ceux qui occupent de hauts postes de responsabilité dans notre pays, comme le Dg Essis Emmanuel, son adjointe Solange Amichia, le DG de la RTI, celui de la SNDI et le même le nouveau Ministre du Budget. Même si malgré des transferts de fonds en constante hausse, leur rapport au PIB reste inférieur à 3%. Nous sommes encore loin des exemples du Maroc, et du Senegal mais leur contribution est indéniable ! J’ai parlé de ceux qui ont créé des entreprises ou qui aspirent à le faire, il y a également les Ivoiriens de l’Extérieur qui s’engagent dans des actions sociales incroyables pour le bénéfice des plus démunis. Beaucoup de projets ou de dons dans certaines zones de notre pays sont l’émanation d’organisations de la Diaspora. Il est donc impératif de consolider cette énergie positive autour d’idées novatrices. Le forum de la diaspora dans le premier semestre de 2015 nous en donnera l’occasion. Le Ministre Ally Coulibaly est à la tâche sur ces questions et bien de questions encore.
A combien peut-on évaluer la part de la diaspora au regard de ce que font les maliens, les sénégalais, les burkinabé ?
A ce stade, selon l’étude à notre disposition, inférieur à 3% de notre PIB. Mais il ne faut pas occulter les transferts de fonds et les divers apports déjà mentionnés! Comparaison n’est pas raison, ca les histoires de migration de ces peuples diffèrent fondamentalement. Certains pays ont des conventions avec les pays d’accueil, et leur intégration est plutôt facilitée. Ce qui n’est pas notre cas ! Nous avons une émigration relativement récente sans convention préalable. Tout est à faire et heureusement que nous avons des benchmarck et une diaspora résolument engagée à nous accompagner.
Quelles seront les prochaines étapes après la France?
La France héberge notre première population expatriée avec environ 60% de présence, l’étape évidente est celle des Etats Unis, qui sont en deuxième position avec 21% de présence de nos compatriotes. Cette prochaine étape sera en fonction de la réussite de celle-ci.
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