Inondation du quartier Ran Extension (secteur Unicafé)/ Le Danger plane sur les populations
Nous écrivions dans une de nos parutions que la construction de la nouvelle autoroute devant relier Abobo à Anyama ne faisait pas seulement que des heureux. Pour les riverains du quartier Ran-Extension, les choses sont entrain de virer au cauchemar. Reportage.
Dans la nuit du samedi 15 février 2014, une pluie diluvienne a transformé le quartier Ran-Extension en un véritable lac. Rien de surprenant sans doute. Puisque des experts et spécialistes de l’assainissement avaient déjà averti les autorités que le quartier est un bassin naturel.
Sauvée de justesse avec sa famille en 2011 par des sapeurs-pompiers suite à une inondation au cours de laquelle de plusieurs habitations avaient été englouties, Mme N’Guetta née Traoré Ahoua Solange, porte-parole des populations nous a joint pour porter haut la voix auprès des autorités compétentes. Dimanche 16 février 2014, il est 16h30mn quand notre équipe de reportage arrive sur les lieux. Comme si aucune inondation n’avait secoué le quartier 24 heures plus tôt, tout semble normal. Sauf que sur les murs, les traces du niveau de l’eau étaient encore bien visibles. A environ plus d’une trentaine de centimètres de hauteur. La porte-parole des populations avec qui nous nous sommes entretenus à son domicile, est très amère. « Quand les sapeurs-pompiers sont venus me faire sortir de chez moi, ma famille et moi en 2011, qui s’est occupé de nous ? » S’est-elle interrogée. En fait, les inondations du quartier sont récurrentes. Selon les habitants toujours désemparés, la moindre pluie créée le désarroi. Et c’est très souvent que les populations sont le plus souvent obligées de fuir leurs résidences pour se réfugier chez des parents ou des amis. Vu qu’en son temps, et avant d’être régler, ces inondations étaient du fait de la société Adm Cocoa Sifca. Avec la construction de l’autoroute, elle a fait un courrier de protestation adressé au Directeur général de la société N.S.C.E. (Voir fac-similé 1). Laquelle correspondance faite au nom des propriétaires du quartier Ran-Extension exprime la « ferme opposition à la construction du dalot » que va ériger cette société. « En effet, cet ouvrage sera sans aucun doute plus meurtrier pour nous que celui de la société ADM COCA-SIFCA dont nous avons eu du mal à nous débarrasser » écrit Mme N’Guetta née Traoré Ahoua Solange avant de conclure : « il est donc tout à fait aberrant et inadmissible qu’au moment où nous cherchons auprès du ministère des Infrastructures Economiques à rompre définitivement avec nos problèmes d’inondation, la construction d’un dalot vienne ruiner tout espoir et détruire nos acquis« .
Ce qu’elle ne savait pas, c’est que son inquiétude avait été prise en compte par le Directeur de l’Ageroute Boiké Fofana qui, dans une correspondance du 23 août 2013 attirait l’attention du Directeur de cabinet du ministère de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme (MCLAU) sur « le projet d’aménagement de la route Abobo-Anyama et l’occupation exutoire par des habitations« . (Fac-similé 2). Suite à une visite conjointe des services du DG de l’AGEROUTE et des services du ministère de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme, Boiké Fofana a souhaité une « coordination, du point de vue technique et du calendrier de mise en œuvre et du calendrier de mise en œuvre, des actions d’aménagement que vous envisagez et des travaux de construction de la route. » Le Directeur des travaux de l’AGEROUTE M. Coulibaly Namon de l’Ageroute que nous avons rencontré dans le cadre de ce reportage a donné de plus amples renseignements sur cette affaire. « Selon les informations en notre possession, le coordonateur du Projet de Renaissance des Infrastructures en Côte d’Ivoire (PRI-CI) aurait été saisi après la visite conjointe du 22 juillet 2013 afin de financer en urgence les travaux d’aménagement« , a révélé notre interlocuteur. En conséquence, le Plan Orsec qui vise à organiser et diriger les secours lors de catastrophes naturelles ou accidentelles mis en place par le gouvernement sous le pouvoir Gbagbo a été dévolu au ministère de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme. En réponse à cette requête, Coulibaly Brahima de l’Assainissement et du drainage a fait constater dans son rapport que la zone non constructible qui fait office de « cuvette a une superficie 31,71ha et est sèche quand il ne pleut pas« . En outre, « elle contient des bâtiments inachevés, des lignes électriques et des herbes et, que les habitations environnantes de la cuvette sont l’objet d’inondation en période pluvieuse« . Le danger est donc réel et ne souffre d’aune contestation. Malheureusement, aucune requête des populations n’est prise en compte.
On attend que le pire se produise
En somme, il est de plus en plus question de recherche de financement pour ce bassin que de l’avenir des familles à qui les services du ministère de la Construction ont délivré des permis de construire. « Le montant des travaux se chiffrent à 900 millions FCFA HT« , révèle le rapport en notre possession. Les autorités compétentes ne songent même pas au dédommagement encore moins à la délocalisation de ces populations. « Actuellement personne ne parle de Droit à la vie. C’est quand le pire va se produire que les autorités vont trouver solution aux multiples courriers que nous les avons adressés. Je trouve cela dommage !« , s’est offusquée dame N’Guetta née Traoré Ahoua Solange.
En fait, même si certaines habitations ne sont pas touchées par cette inondation parce qu’en hauteur, aucune disposition n’est prise pour celles qui seront épargnées quant aux moustiques que la cuvette va faire proliférer. C’est un autre problème environnemental qui doit être pris en compte au moment où il est de plus en plus question de la livraison des travaux de la voie Abobo-Anyama en juin 2014.
Sériba Koné