Guillaume Soro sur Voxafrica/ « Ce que je pense de MM. Compaoré et Bongo, sans renier mes convictions »
Le Président de l’Assemblée nationale, Guillaume Kigbafori SORO, a récemment accordé une interview à Voxafrica. Nous vous proposons la seconde partie de ces échanges .
Je termine avec ce point dans le livre. Je reconnais qu’il y a eu un effort d’honnêteté, parce que vous recensez les dérapages et l’un des dérapages, c’est le braquage des banques et vous dites que vous n’en savez rien, alors que c’est vous qui contrôliez de façon militaire et politique cette partie.
Vous savez, ce n’est pas les braquages que vous voyez à la télévision. C’est totalement différent. Quand vous contrôlez toute une région, aussi vaste que certains pays, ce n’est pas du tout évident. Donc tant que des enquêtes transparentes n’ont pas établi la culpabilité et la responsabilité des uns et des autres, on ne peut être que dans l’interprétation.
Donc vous estimez que la rébellion n’a rien à voir dans cette affaire de braquage…
Ce n’est pas ce que j’ai dit. Vous savez, je veux bien que vous évoquiez tous ces dérapages. On est parfaitement d’accord et c’est moi-même qui le raconte. Moi aussi, je peux prendre l’exemple de l’attentat sur mon avion, aucune enquête n’a abouti. Il y a tellement de choses qui peuvent rester inabouties. Mais ce que je veux dire, c’est qu’il y a eu des situations déplorables ; et ce n’est pas seulement en Côte d’Ivoire. Il y a eu d’autres pays où il y a eu des faits dans les rébellions et vous pourrez enquêter. Faites des recherches, vous verrai ce qui s’y est passé. Comparaison n’est pas raison, quand même j’ai tenu à le préciser.
L’autre chose qui m’a surpris, c’est l’hommage rendu à Blaise Compaoré. Vous savez qui il est, comment il arrive au pouvoir. Vous savez le drame que cela crée. Moi, je vous vois plus proche de Sankara, mais pas de Compaoré.
Rires…
J’étais surpris de voir Guillaume Soro, ce militant engagé. Soro en Sankara, je le vois facilement mais en Compaoré, j’ai du mal. Et vous vous félicitez de son amitié. Où est la cohérence? Expliquez-nous ce paradoxe.
Vous savez les choses sont tellement faciles quand elles sont présentées ainsi. En toute personne, il y a des qualités et peut-être des défauts. La situation qui s’est produite au Burkina et dans d’autres pays est une situation difficile. Je m’interdis, moi, de rentrer dans les affaires intérieures des autres pays, des pays voisins. Je me contente de parler de ce qui est en Côte d’Ivoire. M. Compaoré est un ami, c’est quelqu’un que j’apprécie et je l’assume sans honte, sans pourtant renier mes convictions. Et j’apprécie le président Omar Bongo sans renier mes convictions. Je n’ai pas connu M. Sankara. Je l’ai lu dans les livres et peut-être que si vous approchez M. Compaoré, vos jugements évolueront. Mais ce que je suis en train de dire, entre les convictions idéologiques propres, mes convictions que j’ai endossées, que j’ai embrassées, pour lesquelles je me suis battu dans mon pays et ma rencontre avec M. Compaoré, avec qui j’ai échangé et que j’ai trouvé que M. Compaoré a aussi l’esprit révolutionnaire. N’oubliez pas non plus que c’est M. Compaoré qui fait le coup d’Etat et qui emmène Sankara au pourvoir qui était en prison. La générosité de ce révolutionnaire, qui fait le coup d’Etat, qui va chercher son ainé de deux ans et qui le met au pouvoir. Donc vous n’allez pas aussi renier ce fait là. Ce que je dis, c’est que dans l’histoire du Burkina, il y a eu ce fait. Sankara est mort, je comprends l’émoi que ça crée dans toute la communauté africaine et peut-être même internationale. Mais je dis aussi que le président Blaise Compaoré a été un révolutionnaire au Burkina et est allé à plus de deux reprises pour défendre son camarade Sankara. Donc je pense que moi, j’ai eu le temps de parler avec Compaoré à plusieurs reprises, je peux vous assurer que mon admiration vient du fait qu’effectivement on ne peut pas lui nier le rôle qu’il a joué dans toute la révolution au Burkina. M. Compaoré est mon grand-frère que j’apprécie, je l’assume et voilà.
A un moment donné en Côte d’Ivoire, on a voulu qu’on arrive à une sorte d’unicité des caisses de la Côte d’Ivoire, c’est-dire que l’argent qui rentre dans les caisses de l’Etat soit à un même endroit. Pourquoi cette unicité n’est pas toujours réelle, alors que M. Ouattara est au pouvoir?
Alors d’abord, il faut savoir ce que c’est que l’unicité des caisses. La centrale, quand la Côte d’Ivoire, en 2002 était divisée en une structure financière que nous avons mise en place pour gérer les ressources pour pouvoir alimenter les structures que nous avions mises en place. Après l’accord politique de Ouagadougou que nous avons signé, il était question de ce qu’on appelle l’unicité des caisses de l’Etat. Qu’est-ce que l’unicité des caisses de l’Etat ? Il ne faut pas chercher loin. C’est le redéploiement de l’administration financière, le redéploiement des douaniers, des agents des impôts sur la partie que nous contrôlions au nord. C’est le redéploiement des agents du Trésor. Aujourd’hui, M. Donché, depuis bien longtemps, les douaniers sont redéployés sur l’ensemble du territoire, les agents des impôts et du trésor sont sur l’ensemble du territoire.
Mais d’autres estiment que vous continuez à percevoir un certain nombre de choses…
C’est inexact, c’est faux, c’est infondé parce que l’administration territoriale et l’administration financière sont redéployées sur l’ensemble du territoire. Il n’y a pas une seule portion de ce territoire qui est contrôlée par qui que ce soit.
Parlons de la réconciliation nationale. Si il y a tous ces problèmes, c’est parce que votre chantier de la réconciliation est lourd, on parle de rattrapage ethnique alors que vous disiez vous-même que le défi prioritaire pour vous, c’est l’emploi des jeunes, la cherté de la vie ou même la réconciliation ?
Première chose, je pense qu’après la crise postélectorale, il était utile pour le nouveau gouvernement de procéder à la réconciliation nationale pour apaiser la situation. Cet apaisement n’allait pas sans la sécurisation de l’ensemble du territoire national. Donc le premier défi avant toute chose, était d’assurer un minimum de sécurité pour les personnes et les biens et je peux vous assurer qu’en avril 2011, Abidjan, notre capitale économique était dans une situation de quasi-guerre. Il n’y avait plus de gendarmerie, de sécurité. Donc il a fallu ramener la Côte d’Ivoire à un minimum de sécurité et ce travail a été fait.
A Abidjan ou dans tout le pays?
Non, sur l’ensemble du territoire et ce travail a été fait à tel point qu’il a permis d’organiser les élections législatives transparentes, une fois de plus, certifiées par les nations unies comme étant démocratiques, respectant les normes et les critères internationaux. Ensuite, l’autre chantier qui a été lancé par le Président de la République était d’élaborer un programme national de développement qui devrait permettre justement de régler la question de l’emploi pour les jeunes, la question de la santé. Mais mieux, après la crise, c’est un fait qu’il faut noter, l’accès aux soins de santé a été gratuit pour tous les citoyens dans ce pays. L’Etat a subventionné les soins de tous les citoyens dans ce pays. Ensuite, il y avait l’éducation. L’université a été réhabilitée, c’était des priorités pour pouvoir ramener les Ivoiriens au travail ; mais aussi permettre aux étudiants de reprendre le chemin de l’école. Je pense que ce sont des choses qui ont été faites. Maintenant, vous me parlez de la cherté de la vie. C’est normal qu’après des années de crise, il y ait des difficultés ; mais là où je vous invite à me suivre, c’est l’espoir qui est créé par ce taux de croissance qui est visible et palpable. Là où l’espoir est né, c’est la possibilité désormais et les Ivoiriens le savent, d’avoir des investisseurs qui peuvent créer des emplois. Vous-même, vous êtes venu à Abidjan après cette crise, vous avez vu les travaux d’infrastructures qui ont été lancés dans la ville d’Abidjan et à l’intérieur du pays. Donc, il y a du travail qui se fait. Nous ne sommes pas là à pleurnicher, à dire que ‘’oui on est sorti de crise, nous ne pouvons pas réaliser tel ou tel projet’’. Nous sommes au travail, le Président de la République a dit que la Côte d’Ivoire est au travail pour poursuivre de réelles perspectives. Je comprends l’impatience des populations mais il faut que le gouvernement garde la sérénité du travail à long terme qui paiera.
Pour ces perspectives, il faut que le chantier de la réconciliation fasse des pas de géant mais on a l’impression qu’il stagne. Vous à l’Assemblée Nationale, vous trouvez qu’il avance assez vite…
Alors moi je suis optimiste parce que je pense que les Ivoiriens ont la maturité nécessaire pour comprendre qu’on n’a pas d’autres issues que la réconciliation nationale dans ce pays. Et la question de la réconciliation est transversale de sorte que toutes les institutions doivent s’en préoccuper et y travailler et à l’Assemblée Nationale, nous travaillons sur ce chantier là. Nous nous rendons sur le terrain, nous ne restons pas dans nos bureaux à Abidjan, nous nous rendons dans les campements, dans les villages pour tenir le langage de la réconciliation aux populations. Nous les invitons au pardon, parce que nous savons que cette guerre a laissé des meurtrissures, mais il faut aller de l’avant pour construire notre pays. D’autres pays avant nous, ont fait l’expérience des difficultés et ont réussi à relever le défi. Je vois l’Afrique du sud, je vois le Rwanda que, moi-même, j’ai visité dans l’intention de comprendre comment le processus de la réconciliation a été mis en œuvre là-bas ; et c’est pourquoi je suis optimiste. Ces pays ont réussi à faire des pas de géant et je suis convaincu que la Côte d’Ivoire aussi réussira.
Mais ce qui est fait en Côte d’Ivoire n’a rien à voir avec ce qui est fait en Afrique du Sud parce qu’en Côte d’Ivoire il y a une justice à deux vitesses. On ne punit qu’un seul camp…
Non, je m’inscris en faux, je suis désolé de vous contredire sur la question. Je considère que le chantier de la réconciliation est un chantier lent et je comprends l’impatience des uns et des autres. Mais ce n’est pas par un coup de baguette magique que les rancœurs, les plaies se referment. Dans le processus de réconciliation, l’allié le meilleur, c’est le temps. Il faut que les instruments existent pour pouvoir accompagner ce processus là. Est-ce qu’il y a une réelle volonté du gouvernement Ouattara à aller à la réconciliation nationale ? Oui, en Côte d’Ivoire, il y a une réelle volonté d’aller à la réconciliation. Le Président de la République a entamé un certain nombre de visites en prenant soin de commencer d’abord par la région qui a été le plus martyrisée et de là-bas, il a lancé l’appel au retour des exilés et le message de la paix à tout le peuple ivoirien. Est-ce que des actes suivent ? Oui toutes les institutions sont impliquées dans le travail pour faire en sorte de rapprocher les uns et les autres. Au plan politique, est-ce que c’est suivi d’actions ? Oui ! A plusieurs reprises, le gouvernement a ouvert le dialogue avec tous les partis de l’opposition mais l’un des partis, notamment le FPI a demandé un dialogue direct qui est en train d’être fait. Mieux, le chef du gouvernement et Affi N’Guessan se sont rencontrés, mais mieux encore, le parti de M. Ouattara et le FPI se sont rencontrés. Cela montre qu’il y a des efforts qui sont faits. Peut- être qu’on a encore les résultats que vous auriez espérés ; mais ces résultats viendront à force d’abnégation, à force de détermination. Maintenant, dans cet élan de réconciliation, que toutes les institutions jouent leurs rôles parce que la question est transversale. Le pouvoir judiciaire a joué son rôle en permettant par la liberté provisoire, à certaines personnalités qui ont été arrêtées de recouvrer la liberté et de participer à ce processus. Je pense qu’il y a une réelle volonté. Peut-être que pour les impatients les résultats ne sont toujours pas là? Mais les résultats viendront et j’en suis convaincu.
Mais j’aurai voulu que vous me donniez des noms de personnes jugées dans votre camp…
Donnez-moi le nom d’une personne qui a été jugée…
Enfin, je peux vous donnez le nom de personnes qui sont là on ne sait pas pourquoi. Depuis qu’on les a arrêtées, on ne les a jamais jugées et elles sont au nombre de 746, le ministre l’a confirmé.
Non vous parlez de justice à deux vitesses mais qui a été jugé ? Je suis désolé. La justice à deux vitesses supposerait qu’on ait passé certains devant le juge et qu’ils sont en train de purger leurs peines. Il y a eu plusieurs personnes qui ont été arrêtées et le ministre de la défense l’a confirmé. En parlant de justice à deux vitesses, vous voulez parler aussi des soldats.
Non, il y a aussi des jeunes qui appartenaient à la jeunesse patriotique qui ont été arrêtés dont on n’a pas véritablement de nouvelles….
Il faut clarifier si ce sont des soldats. La justice militaire s’est exercée et s’exerce très bien.
Elle aussi a joué un rôle… il y a le cas du général Mangou, il est devenu pro-Ouattara aujourd’hui
Mangou n’a jamais été pro-Ouattara ; il a chanté pour Gbagbo, vous le savez bien…
C’est le représentant de Ouattara au Gabon…
Non, de l’Etat de Côte d’ Ivoire…il ne faut pas personnaliser.
Mais c’est l’Ambassadeur de la Côte d’Ivoire…
Les Ambassadeurs n’appartiennent pas au Président de la République, même si c’est lui qui les nomme. Vous savez, l’Etat fonctionne autrement que vous pensez. Ce n’est pas parce que M. Bédié était président de la République que tous les Ambassadeurs étaient pro-Bédié. D’ailleurs, il y a certains hauts commis de l’Etat qui sont interdits de militantisme politique et les Ambassadeurs en font partie. Alors pour revenir à la question de la justice à deux vitesses. Mais, je pense que là aussi, il y a beaucoup d’amalgames. La justice ivoirienne et les institutions ivoiriennes ont interpelé ceux qui ont posé des actes illicites ou ceux qui ont participé à la commission de ces méfaits. Vous n’allez pas non plus ignorer le fait qu’il a existé une élection électorale. Le 28 novembre 2010, M. Gbagbo avait la possibilité de transmettre le pouvoir pacifiquement à M. Ouattara, comme Abdoulaye Wade l’a fait au Sénégal et il n’aurait pas eu toutes ces difficultés, ces morts et ces arrestations que nous connaissons.
Si peut-être on avait recompté les voix, la situation aurait changé…
M. Donché, vous parlez de recomptage des voix, là encore vous tombez face à un acteur du processus électoral de 2010. Le vrai problème, ce n’était pas un problème de recomptage, parce que ça c’est de la propagande, on voulait confisquer les résultats. Les résultats donnés par la CEI n’ont pas été contredits par le Conseil constitutionnel de Yao N’dré. Mais ce qui s’est passé, c’était de la forfaiture, parce que quand on décide unilatéralement et uniquement d’annuler les votes de sept départements d’une seule région pour permettre à l’adversaire de prendre le pouvoir, c’est de la forfaiture.
Voilà un point sur lequel nous sommes d’accord…
Le Conseil constitutionnel n’avait pas la possibilité de recompter. Le Conseil constitutionnel aurait pu sagement considérer qu’il y a eu des fraudes et annuler l’élection.
Pour revenir à la question de la justice à deux vitesses, cette question m’intéresse beaucoup parce que nous nous sommes des démocrates, nous sommes ouverts pour mener tous les débats sur la question de la justice. Il y a eu des faits, je vous l’ ai expliqué tout à l’heure. Si M. Gbagbo avait fait la transmission, il n’y aurait même pas eu d’arrêtés ; tout le monde serait en liberté et les choses seraient normales. M. Gbagbo décide de confisquer le pouvoir, il prend une partie de l’armée pour imposer cette forfaiture. Maintenant l’armée de Côte d’Ivoire, les FRCI, les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire disent non, défendent et prennent le pouvoir pour rétablir la vérité des urnes. Ensuite, il y a des arrestations. Faut-il arrêter ceux qui étaient dans le droit, qui voulaient restaurer les résultats des urnes ou faut-il arrêter ceux qui ont violé toutes les règles, la constitution et le droit en Côte d’Ivoire ? Voilà la question, elle est simple. Maintenant, il y a des enquêtes qui ont été faites et ces enquêtes ont donné des résultats. Le Président de la République a dit que si les enquêtes établissent l’implication de tel ou tel, peu importe son origine, il subira la procédure judiciaire.
Pour l’instant, on a l’impression que c’est ceux du camp Gbagbo qui sont les seuls fautifs. Mais ce qui nous frappe, c’est la facilité ou l’indulgence que vous avez avec un monsieur comme le Gl Mangou qui était le bras armé de Gbagbo. Il devrait être au moins à la CPI.
Ah bon ? Mais en dehors de Gbagbo qui d’autre est à la CPI. Je répète, des enquêtes transparentes, libres ont été menées, d’autres enquêtes seront certainement menées. Tous ceux qui se sont rendus coupables de faits répondront devant la justice. Est-ce que ça vous suffit comme réponse ?
Non, mais je n’ai pas le choix. Maintenant, il y avait un choix à faire entre recompter les voix comme en Haïti ou dans d’autres pays, ne serait-ce qu’une simulation et massacrer plus de 3000 ivoiriens par la suite. Quel choix aurait-il pu être fait politiquement ?
Alors, comparaison n’est pas raison. Je vais simplement vous dire que la situation de la Côte d’Ivoire était différente. L’ONU avait un mandat précis en Côte d’Ivoire qui était de certifier l’élection. Après la certification de l’élection par les Nations unies, qu’est-ce que vous vouliez qu’on fasse ? Qu’on ouvre la boîte à pandore, qu’on fasse des recomptages qui allaient justement aggraver la crise plutôt que de dire que cette élection a respecté les normes et les critères internationaux et il faut appliquer le verdict des urnes. Le choix était simple. Donc, je dis que si en Côte d’Ivoire, il n’y avait pas toutes les précautions que nous avons prises, à savoir que pour le comptage des bulletins de vote des résultats de l’élection, il y avait la commission électorale indépendante, le bureau du facilitateur, les nations unies pour certifier, nous aurions peut-être compris l’observation que vous êtes en train de faire. Mais tous les résultats, les cinq comptages qui ont eu lieu ont donné le même résultat et je dis là que même le Conseil constitutionnel de M. Gbagbo n’a pas nié les résultats, ils ont fait purement et simplement de la forfaiture. Ils ont dit ‘’M. Ouattara a gagné, qu’est-ce qu’il faut faire pour que M. Gbagbo passe’’ ? Allons annuler telle région ou telle région. Voilà, c’est çà la forfaiture. Ça serait dangereux pour la démocratie, pour l’exemple que la Côte d’Ivoire devait donner aux autres pays parce qu’en 2010-2011, il y avait 38 élections à venir en Afrique. Alors si dans tous ces pays, on devait suivre l’exemple ivoirien d’aller faire des recomptages, je vous assure que toute l’Afrique serait en guerre.
En fait, le recomptage n’aurait pas aggravé la crise car elle était déjà là…
La crise a commencé le jour où le Conseil constitutionnel a fait de la forfaiture en décidant d’éliminer purement et simplement de la carte de la Côte d’Ivoire, des régions qui pourtant, du point de vue de la constitution existent et ont le droit de vote, de choisir leur président. C’est çà la forfaiture.
Vous avez choisi la voie de la CPI pour Laurent Gbagbo. Vous pensez que c’était le bon choix parce qu’il est le nœud de la réconciliation selon ses partisans et surtout beaucoup réclament que vous et M. Ouattara soyez à la CPI.
M. Laurent Gbagbo à la CPI. Là aussi soyons rigoureux sur la chronologie des faits. En décembre, c’était M. Ocampo qui avait fait des alertes pour dire que nous suivons la situation en Côte d’Ivoire, il y a des tueries de civils injustifiées. Nous en appelions à M. Laurent Gbagbo et à son gouvernement d’arrêter les tueries. Mais si M. Gbagbo avait emprunté la voie de la sagesse, il n’allait pas se retrouver à la CPI et quand vous dites la Côte d’Ivoire a envoyé Gbagbo à la CPI, non ce n’est pas la Côte d’Ivoire qui a envoiyé Gbagbo à la CPI parce que les mandats d’arrêt ont été émis par la CPI. Et situez le départ de M. Gbagbo dans son contexte. Nous étions au lendemain de la crise et je vous dis que nous étions au bord du gouffre. Rien n’existait, il n’y avait pas de commissariat de police, de gendarmerie, nous étions en train de nous débattre pour remettre sur pied l’Etat, il n’y avait même pas d’institutions. Seul le président de la République était élu. Dans les mois qui arrivent, la CPI demande le transfèrement de M. Gbagbo. Quel argument avait la Côte d’Ivoire pour s’y opposer. On me dira, oui mais Simone Gbagbo et Blé Goudé n’ont pas été transférés. Mais la demande de transfèrement de M. Gbagbo, c’est en décembre 2011 et Simone et Blé Goudé, c’est en 2013. Or en 2013, l’Etat de Côte d’Ivoire fonctionne avec toutes les institutions, avec une justice capable de procéder à des enquêtes et à des procès.
Un petit avis sur la manière dont la Cour pénale gère ce dossier…
Je n’ai pas à commenter des procédures qui sont en cours. Nous faisons confiance à la justice internationale et il n’y a que deux possibilités. Soit les charges sont confirmées et M. Gbagbo va en procès et il est condamné et nous prenons acte, soit les charges ne sont pas confirmées et il est libéré, nous prenons acte. Parce que notre problème, le problème de l’Etat de la Côte d’Ivoire, la volonté n’est pas de rendre une justice partiale mais plutôt l’éclosion de la vérité. Vous-même, vous auriez accusé M. Ouattara si nous avions jugé Gbagbo ici. ‘’Oui, c’est une justice partiale, M. Ouattara règle ses comptes avec GBAGBO’’. Il est à la CPI, elle est insoupçonnée, nous n’avons aucune capacité sur elle et elle est libre.
Vous avez une capacité…
Laquelle ?
Vous pouviez faire comme le cas de Simone…
Mais je vous ai dit que ce n’était pas le même contexte. Nous ne voyons pas ce procès avec inquiétude. Nous sommes très libres et sereins. Nous laissons la CPI faire son travail. La décision qu’elle rendra, la Côte d’Ivoire s’en félicitera.
Et si Gbagbo est libéré, il peut venir en Côte d’Ivoire ? Est-ce que ce n’est une manière de l’éloigner du pays ?
Mais la CPI, ce n’est pas nous qui la téléguidons ; donc on ne peut pas jouer la montre. Ce que je dis, c’est que nous n’avons aucun a priori parce que la CPI est une justice, à mon avis crédible, insoupçonnée. Elle rendra une décision et nous nous féliciterons de cette décision.
Mais ce n’est pas ce que les chefs d’Etat africains disent de la CPI. Ils disent que c’est une justice raciale…
Non, l’Union africaine a convoqué un sommet extraordinaire où ils n’ont pas été unanimes sur la question de la CPI. Le cas de Gbagbo n’a même pas été évoqué. Cela veut dire qu’ils sont d’accord que Gbagbo soit à la CPI parce que qui ne dit mot, consent. Ceci dit, ma posture et ma position sur la CPI… Moi je ne suis pas contre. En ma qualité de président de l’Assemblée Nationale, nous avons reçu le traité de Rome que nous avons ratifié. J’ai été, d’ailleurs l’un des acteurs politiques africains à prendre la parole à la tribune de la CPI parce que nous pensions effectivement que pour aider la démocratie, il faut qu’il y ait justement des instruments qui permettent à ceux qui briment et oppressent leurs peuples de rendre compte et que la vérité puisse éclater.
Comment voulez-vous qu’il y ait de la sincérité quand l’autre côté les actes trainent ? Vous avez été à Gagnoa pour parler de la réconciliation. Pensez-vous que c’est important ça ?
M. Erik, si vous avez meilleure proposition, je suis preneur. Vous savez, je cherche la réconciliation pour mon pays et j’ai la modestie de penser qu’il peut y avoir d’autres possibilités de le réussir.
Pourquoi vous êtes allé à Gagnoa ? De l’avis d’un observateur, c’est vous qui êtes finalement le pont entre les Ivoiriens divisés parce que vous êtes originaire du nord et vous avez été, à la limite congédié par les vôtres qui vous accusaient de soutenir Laurent Gbagbo. Et aujourd’hui vous êtes de l’autre côté. Il y a une image qui m’a frappé quand je vous ai vu en pleine accolade avec le grand-frère de Blé Goudé. Et je me suis dit que moi qui croyais qu’il y avait une telle haine… Est-ce que finalement, vous avez conscience, de cette position, de pouvoir parler dans les deux camps ? Vous avez des connexions, on dit même que vous parlez avec Blé Goudé.
Deux choses. La première, il faut connaitre mon itinéraire, ma trajectoire. J’ai été militant et leader du mouvement étudiant, j’ai été très proche de l’opposition de gauche. A l’époque, nous avions quatre grands partis de l’opposition de gauche et c’est dans cet environnement que j’ai grandi avec M. Laurent Gbagbo au FPI M. Francis Wodié au PIT, M. Bamba Moriféré au PSI et M. Zadi Zaourou Bernard à l’USD. Nous avons grandi dans ce sillage et c’est moi qui ai amené Blé Goudé pour la première fois dans le bureau exécutif national de la FESCI. Donc, c’est pour vous dire que c’est un milieu que je connais très bien. Les militants et les responsables du FPI, pour beaucoup, nous les connaissons. Ce n’est pas ces antagonismes sommaires et conjoncturels qui vont interrompre les longues relations d’amitié et de fraternité que nous avons cultivées et l’image que vous avez citée, j’étais avec le grand-frère de Blé Goudé que je connais qui est un ami et un frère. Alors maintenant, certains considèrent que j’ai soutenu à un moment donné M. Laurent Gbagbo ; non je ne l’ai pas soutenu parce que moi je soutiens la vérité. Et quand la vérité change de camp, je la suis. Donc voilà ce qui s’est passé pour la Côte d’Ivoire. Maintenant, je pense qu’avec ces longues relations que j’ai eues, je peux effectivement parler aux uns et aux autres et je suis disponible pour le faire.
Ce qui défraie la chronique, c’est la remarque des frères ennemis, Hamed Bakayoko et Guillaume Soro. Qu’est-ce qui se passe ? Quelle est la bataille ?
Laissez-moi vous dire que même ce matin avant de venir, j’ai eu Monsieur Hamed Bakayoko au téléphone.
C’est pourquoi on parle de frères ennemis…
Je ne comprends pas pourquoi on surfait des événements qui ne peuvent pas exister.Hamed Bakayoko et moi, nous sommes d’abord des amis, des frères et nous militons pour la même cause. Aujourd’hui, nous considérons simplement que le président actuel SEM Alassane Ouattara mérite que le peuple de Côte d’Ivoire lui confie un second mandat. Monsieur Hamed Bakayoko et moi nous nous retrouvons régulièrement pour tracer les stratégies, pour voir comment nous travaillons à la réélection du président Alassane Ouattara. Donc je ne sais pas pourquoi…
Moi j’ai vu un article très amusant dans l’Intelligent d’Abidjan qui dit que Guillaume Soro est en train de perdre ses proches, on parle notamment de la ministre de la communication Mme Affoussiata et on parle aussi de quelqu’un qui est considéré comme l’un de vos proches qui veut changer de camp. Vous savez bien de qui je veux parler : M. Sidiki Konaté. Est-ce que vous n’avez pas l’air…
Moi je vais vous rassurer ; il y a tellement de choses qui se disent dans les journaux auxquelles je ne prête pas attention. En tout cas, ces dix dernières décennies il y a eu tellement de conflits supposés avec les uns et les autres auxquels vraiment je n’accorde pas cette importance. Les concernés sont là, vous pouvez leur poser la question.
Non on vous la pose à vous…
Mais tout à l’heure je vous ai dit que mes relations avec Hamed Bakayoko étaient excellentes et vous en avez douté.
J’ai le droit d’en douter, c’est le doute méthodique.
Ok, je doute donc je suis. Enfin, ce que je vais vous dire, c’est qu’on ne peut pas se fier à tout ce qui s’écrit dans les journaux. J’ai d’excellentes relations, ce sont des amis, des frères, des compagnons de lutte, parfois de vingt ans de lutte. Et ce n’est pas des écrits de journaux qui vont interrompre cette amitié que nous avons bâtie dans le sang, la sueur. Je peux vous rassurer sur ça.
Monsieur le président, est-ce que l’origine de cette rivalité n’est pas l’ambition que chacun pourrait avoir ?
Je crois avoir déjà répondu à ça.
Mais si pour 2015 vous soutenez tous les deux la réélection du président Alassane Ouattara. Vous le soutenez, vous l’avez-vous-même dit, vous l’avez appelé de vos vœux. Vous serez le directeur de campagne ?
Je pense que ça c’est anticipé, il n’y a pas…
Mais 2015 c’est demain…
Je pense que c’est le président de la république qui sera futur candidat qui décidera de qui sera son directeur de campagne.
Je reformule ma question. Vous voulez être le directeur de campagne du président de la République ?
Vous savez quand on est dans un groupe, dans une organisation, seul l’intérêt général prime. Les ambitions doivent se taire face à l’intérêt général.
Ambition peut-être pas pour 2015 mais pour 2020…
Vous savez, il ne faut pas défier le temps. Finissons 2015. A chaque jour suffit sa peine. Monsieur Ouattara est candidat pour l’élection de 2015. Donc nous allons y travailler . Nous allons nous battre pour que Monsieur Ouattara réussisse cette élection et qu’il soit brillamment élu. Dès le premier tour.
Et vous n’avez pas l’ambition un jour de diriger ce pays ? Ministre à trente ans, premier ministre il ne reste plus que le fauteuil suprême. C’est 2020 alors l’objectif et vous n’aurez que 48 ans?
Vous savez, la politique ces vingt dernières années m’a appris qu’il faut rester humble et modeste. Vous savez, ce n’est pas parce qu’au cours d’un meeting on vous a applaudi que vous vous donnez un destin présidentiel. Je refuse de penser que les choses sont ainsi faites. En ce qui me concerne, je fonctionne par objectif. Je suis un homme de mission.
Quand j’étais secrétaire général des Forces nouvelles, j’ai accompli ma mission. Quand j’étais premier ministre, il s’agissait d’organiser des élections, je les ai organisées. Je suis président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Ma mission est de faire en sorte que l’Assemblée nationale retrouve sa place au cœur de la nation ivoirienne. En 2015, ma mission sera de faire en sorte de faire réélire le président Ouattara. Et je m’arrête là.
Pas d’objectif à long terme ?
De toutes les façons, vous ne me ferez pas dire ce que je ne…
Ce que vous pensez plutôt. On a dit dans la presse que vous y pensez chaque jour, tous les matins en vous rasant.
Moi je refuse de me raser pour ne même pas penser à autre chose.
Il n’y a rien de honteux d’avoir des ambitions pour son pays, même si vous ne déclarez pas vos ambitions mais dire que vous aspirez à cela un jour.
Je trouve ce débat quelque peu indécent. Monsieur Ouattara n’a même pas encore fini son premier mandat. Moi je considère que je suis un homme de missions et si le président de la République m’a fait confiance pour soutenir ma candidature à la présidence de l’Assemblée nationale et me conférer la posture que j’ai. Je considère que non seulement c’est un honneur, c’est une grande confiance et que je dois tout faire pour mériter cette confiance. Donc pour moi, il n’est point question de 2020, c’est 2015. Et en 2015, il y aura un candidat qui s’appelle Alassane Ouattara.
Mais quand moi j’observe, on voit que vous vous habillez de plus en plus dans la stature d’un homme d’Etat, c’est un compliment c’est vrai…
Prochainement je vais laisser tomber la veste, je reprends des habits de … pour ne pas…
Comme vous le dites vous-même, vous parlez de diplomatie parlementaire. On a l’impression alors là que c’est Guillaume qui travaille pour Soro. Votre discours lors de votre visite en Mars 2013 à Kinshasa, discours important parce que je suis moi-même originaire du Congo Kinshasa, j’ai entendu votre discours qui était vraiment un discours de chef d’Etat. C’était un discours historique.
Je ne ferai plus de discours, comme ça il n’y aura rien plus à redire.
Vous savez je représentais vous le savez l’Etat de Côte d’Ivoire. Quand je sors de Côte d’Ivoire je ne me représente pas moi-même, je représente en premier lieu le président de la République parce que les institutions sont agencées de telle sorte qu’il y ait une complémentarité dans leur fonctionnement. Donc quand le président de l’Assemblée nationale est invité officiellement dans un pays frère, il représente le président de la République. Il représente en son nom le pays. Je viens d’ailleurs de rentrer du Kenya où le président de la république lui-même ne pouvant pas se rendre à Nairobi m’a chargé de le représenter à l’occasion des festivités des 50 ans d’indépendance du Kenya. Donc quand je suis là-bas je parle pour, au nom et pour le compte du président de la République. Voilà ce qui est la réalité.
Moi j’ai une dernière question si la régie me le permet. Ma dernière question à monsieur Soro Guillaume c’est par rapport à ce que représente Soro Guillaume Soro aujourd’hui et j’ai envie de dire son entourage. Certains vous reprochent d’avoir eu tout trop vite et trop facilement, d’être un opportuniste et vous reprochent aussi d’avoir autour de vous des gens qui se sont embourgeoisés du fait de cette rébellion et de cette position politique. Et l’un des faits les plus marquants dont vous avez certainement entendu parler c’est qu’on a vu l’un de vos hommes le commandant Wattao presque parader dans une chaine internationale démontrant sa fortune, Bugatti etc…Et les gens ont trouvé ça indécent et ce qui est encore plus indécent c’est qu’on a l’impression qu’il n’a même pas été inquiété. Alors qu’est-ce que vous répondez à ceux-là ? Ça c’est le premier volet et le deuxième volet, que pensez-vous de ceux qui pensent que votre puissance aujourd’hui au sein de l’Etat ivoirien n’est lié qu’au fait que vous avez une puissance militaire avérée et que le président Ouattara est obligé de composer avec vous.
Pour la première question sur mon entourage, quand vous parliez j’étais en train de croire qu’on parlait de quelqu’un d’autre. Parce que je n’ai plus d’entourage, en ma qualité de président de l’Assemblée nationale. Vous avez dit Wattao l’homme de …, non l’Etat est organisé.
Dans votre livre, c’est l’un de vos bras droits, c’était une pièce centrale…
Je vous invite à passer du 16 Mars 2011 au 17 Mars 2011. Qu’est-ce qui s’est passé ? Le 16 Mars j’étais encore secrétaire des Forces nouvelles de Côte d’Ivoire et chef des forces armées des forces nouvelles. Le 17 Mars il y avait les Forces républicaines de Côte d’Ivoire, voilà, les forces armées des Forces nouvelles n’existaient plus. Donc Guillaume Soro n’a plus de militaires, n’a plus d’hommes forts. Il y a une armée, une armée nationale qui relève strictement de la hiérarchie militaire et donc de son chef suprême qui est le président de la République. Donc quand vous êtes passés au 17 Mars on ne peut pas dire que Wattao ou tel X ou Y est proche de Guillaume Soro. Ils sont dans l’armée ; ils ont des postures et des fonctions au sein de l’armée nationale de Côte d’Ivoire.
Vous pensez qu’il devrait être puni Wattao, qu’il devrait avoir des représailles ?
Ce n’est pas au Président de l’Assemblée Nationale…
La question est posée à Guillaume Soro
Oui mais Guillaume Soro n’a pas d’avis personnel à donner sur cette question. Ce n’est pas au président de l’Assemblée nationale de dire ce qui doit être fait, quand tel ou tel soldat a posé un acte, vous comprenez. Moi qui ai été premier ministre, ministre de la défense, connaissant ces questions je ne me permettrai même pas de donner un avis. Ce qui est certain, c’est qu’il faut être quelques fois prudent avec la presse. Moi j’ai regardé ce documentaire, c’est vrai que quand je l’ai regardé je me suis interrogé sur l’intention réelle, qu’est-ce qu’on voulait de la Côte d’Ivoire ?
Montrer qu’il y a des gens en Côte d’Ivoire qui ont profité du système, qui se sont embourgeoisés…
Si c’est ça, on trouvera dans tous les régimes des gens qui se seraient embourgeoisés.
Mais tout le monde parle du commandant Wattao ; on le retrouve propriétaire des ‘’Bugatti Veron’’. Vous vous êtes peut-être modeste, moi je ne vous connais pas plus que ça, mais de ce que j’aperçois…vous connaissez le prix d’une ‘’Bugatti Veron’’ …
Merci de me dire que je suis modeste. Je reviens sur ce que j’ai dit tout à l’heure, c’est à dire l’intention. Vous et moi avons souvent reproché aux médias occidentaux de ne montrer que la famine, la guerre, la pauvreté et le SIDA. Donc avec la presse, on peut tout faire. Ce que je souhaite fondamentalement, c’est qu’aujourd’hui notre armée se professionnalise et qu’elle se mette au service du citoyen, que le soldat devienne l’ami du citoyen et lui assure la sécurité et défende l’intégrité du territoire.
Donc vous ne voulez vraiment pas vous prononcer sur cette question. Ça ne vous choque pas qu’un membre de l’armée ait des signes ostentatoires de richesse comme ça ?
Vous insistez sur une question qui est passée ; donc allons-y. A moins que vous me donniez le pouvoir aujourd’hui de justicier. Non, on n’en est pas là. Ce que je dis, avançons, il faut professionnaliser l’armée et tous les partenaires vont y travailler.
Question finale et nous restons en Afrique. Le décès récent de Nelson Mandela, grande figure africaine et universelle d’ailleurs. Est-ce que vous avez rencontré Mandela ?
Le deuxième volet de ma question, c’est la relation avec le Président Ouattara
Vous savez M. Donche, j’ai bien regardé, lu et relu l’histoire récente de notre pays. Pour confier la présidence de l’Assemblée Nationale à une personnalité, il a fallu que le président de la République lui-même ait une confiance au-dessus de tout soupçon sur cette personne.
Ce n’est pas lui qui décide… vous êtes élu… le président Ouattara ne vous a pas fait de faveur à ce niveau. A moins que vous nous disiez le contraire…
Je n’ai jamais dit ce mot, je n’ai jamais prononcé le mot ‘’faveur’’. On se comprend bien. Le président actuel a la majorité au parlement, donc je n’aurai jamais pu être élu sans son soutien et sa bénédiction. Donc la majorité qu’il a au parlement a permis que je sois Président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire. C’est pourquoi je dis que c’est investi de sa confiance parce qu’il a la majorité et il aurait pu choisir quelqu’un d’autre.
Mais qu’est-ce que vous pensez que nous pouvons retenir de Mandela, personnellement ?
Vous savez, j’ai lu le grand parcours qu’il a eu en commençant son militantisme au sein de l’ANC. Les tentations de la branche armée de l’ANC et ensuite son positionnement en tant que réconciliateur, qui a frappé plus d’un et je pense que vous serez d’accord avec moi pour dire que Mandela est l’homme du siècle. Je voulais si vous me le permettez saluer sa mémoire et dire que sa vie et son action politique constituent une source d’inspiration et même de motivation pour les jeunes africains que nous sommes.
Merci donc Guillaume Kigbafori Soro, Président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire pour cet entretien, merci à vous pour s’être prêté au jeu avec franchise…
La main sur le cœur et sans rancœur
Propos retranscrits par Traoré Matagaly et Anliou Bakayoko (stagiaires) (Réseau social GKS)