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Guatemala : un patron de presse critique du président condamné à quelques jours des élections


Un patron de presse, critique féroce du président guatémaltèque Alejandro Giammattei, a été condamné mercredi à six ans de prison, dix jours seulement avant le premier tour des élections qui doivent désigner le successeur du chef de l’État.

José Ruben Zamora, âgé de 66 ans, a annoncé son intention de faire appel de sa condamnation et de poursuivre le combat juridique jusqu’à la Cour interaméricaine des droits de l’Homme si nécessaire.

José Ruben Zamora, âgé de 66 ans, a annoncé son intention de faire appel de sa condamnation et de poursuivre le combat juridique jusqu’à la Cour interaméricaine des droits de l’Homme si nécessaire.

« Je suis innocent et le président Giammattei continue d’être un voleur », a lancé José Ruben Zamora, âgé de 66 ans, après sa condamnation par un tribunal du Guatemala.

Pour l’accusation, José Ruben Zamora a tenté de blanchir l’équivalent de quelque 37 500 dollars, « provenant de chantages et d’extorsions » au préjudice d’hommes d’affaires à qui il aurait promis en échange de ne pas publier des informations compromettantes. Le journaliste assure que cette somme provient de la vente d’une œuvre d’art afin de tenter de renflouer son journal en difficulté.

Pour le patron et fondateur d’El Periodico, le président Giammattei et la procureure générale, Consuelo Porras, inscrite par les États-Unis sur une liste de personnalités corrompues, ont monté l’accusation de toutes pièces pour le réduire au silence, comme son journal, après la publication d’enquêtes sur des affaires de corruption impliquant le gouvernement. El Periodico, fondé en 1996 par José Ruben Zamora et qui était publié seulement sur internet depuis décembre, a cessé toute activité le 15 mai en invoquant la « persécution pénale et la pression économique » exercées à son égard.

« De tous les résultats que nous imaginions, c’est le meilleur que nous pouvions obtenir, explique Ramon Zamora, fils du fondateur d’El Periodico. Les délits de trafic d’influence et de chantage n’ont pas été prouvés. En revanche, la décision de maintenir le délit de blanchiment d’argent nous laisse un peu perplexes, car ce délit était soi-disant lié au chantage. Il s’agirait de blanchiment d’argent parce que les fonds auraient été obtenus par le biais d’un chantage. C’est pourquoi nous en avons déduit que, si le chantage n’était pas retenu, il aurait fallu supprimer également l’aspect blanchiment d’argent. »

 

Le procureur spécial demande le maximum des peines prévues

José Ruben Zamora, a annoncé son intention de faire appel de sa condamnation et de poursuivre le combat juridique jusqu’à la Cour interaméricaine des droits de l’Homme si nécessaire.

Le procureur spécial, Rafael Curuchiche, n’est lui pas d’accord avec la résolution et le bureau du procureur va faire appel et va insister pour que José Ruben Zamora soit condamné à quarante ans de prison, soit le maximum des peines prévues, pour trois chefs d’accusation : blanchiment d’argent, chantage et trafic d’influence.

Huit journalistes ou éditorialistes d’El Periodico sont également visés dans le cadre d’une autre instruction ouverte contre José Ruben Zamora, accusé cette fois d’obstruction à une enquête pour blanchiment d’argent. Plusieurs se sont réfugiés à l’étranger.

Un net recul démocratique dans le pays

Le 25 juin aura lieu le premier tour de la présidentielle dont la campagne est empoisonnée par l’éviction de plusieurs favoris, ce qui sème le doute sur l’impartialité des institutions, accusées de manœuvrer pour préserver un régime autoritaire et corrompu fondé sur la cooptation par les élites dirigeantes.

Pour de nombreux analystes, le pays vit un recul démocratique depuis qu’il a été mis fin de manière anticipée en 2019 à la mission onusienne anti-corruption CICIG, sur ordre du précédent président Jimmy Morales, lui-même dans son collimateur. La CICIG avait mis au jour de retentissantes affaires de corruption, menant même à la démission en 2015 du président Otto Pérez.

Depuis l’arrivée au pouvoir d’Alejandro Giammattei plusieurs procureurs anti-corruption qui avaient travaillé avec la mission onusienne ont été arrêtés, tandis que d’autres ont pris le chemin de l’exil.

(et avec AFP)

 

 

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