Génocide arménien: «Rien ne sera oublié»
Une cérémonie de commémoration s’est tenue ce matin, le 24 avril, à Erevan, la capitale, pour rendre hommage aux victimes du génocide. Il y a un siècle, le 24 avril 1915, le ministre de l’Intérieur du gouvernement Jeunes Turcs de l’Empire ottoman ordonne l’arrestation d’intellectuels arméniens. En 15 mois, 1,5 million de personnes sont assassinées, après avoir été déportées ou encore victimes de la famine.
Sous une fine pluie et un ciel de plomb, le long cortège officiel a emprunté la route qui mène à une colline au dessus d’Erevan, où se trouve le mémorial, raconte Anissa el-Jabri, envoyée spéciale de RFI à Erevan. Au centre, une longue flèche de 44m de basalte surplombe la ville. A son pied, le président arménien, puis les quatre chefs d’Etat et les 60 délégations ont tour à tour déposé une fleur jaune, un gros bouquet pour le cœur d’un myosotis violet, la fleur symbole de ces commémorations. Son nom se dit ici « ne m’oubliez pas ».
Après une minute de silence, le président arménien Serge Sarkissian a remercié les leaders mondiaux d’être venus rendre hommages aux victimes. « La reconnaissance du génocide n’est pas l’hommage rendu par le monde au peuple arménien et à nos martyrs, la reconnaissance du génocide est un triomphe de la conscience humaine et de la justice sur l’intolérance et la haine », a-t-il déclaré lors de son discours. « Rien ne sera oublié », a-t-il ajouté devant les dirigeants étrangers, parmi lesquels figuraient François Hollande et Vladimir Poutine.
La France et la Russie font partie de la vingtaine de pays qui ont reconnu officiellement le génocide. Le président russe a notamment déclaré que « rien ne peut justifier les massacres de masse ».
Le refus d’oublier, au cœur des commemorations
En ouvrant ces cérémonies le président arménien Serge Sarkissian à la tribune a prononcé solennellement la devise de ces commémorations : « Nous nous souvenons et nous exigeons ». Cette exigence, c’est celle de reconnaître le caractère génocidaire des massacres perpétrés par les Turcs ottomans. Ce à quoi se refuse la Turquie pour le moment. L’année dernière, le président Erdogan, alors Premier ministre, avait fait un pas en avant inédit en présentant des condoléances pour les victimes arméniennes de 1915.
Lors de son discours, François Hollande a bien appelé Ankara à aller plus loin. La Turquie a prononcé des « mots importants », a-t-il estimé, mais « d’autres sont encore attendus pour que le partage du chagrin puisse devenir le partage d’un destin ». Il a également souhaité un rapprochement entre les peuples des deux pays. « La paix pour la mémoire des victimes, la paix pour la sérénité des vivants, la paix pour la région, la paix pour le Moyen Orient. Reconnaître, je dis bien reconnaître le génocide arménien, commémorer son centenaire, c’est un acte de paix », a-t-il lancé.
Des cérémonies dans le monde entier
Après la cérémonie officielle, des centaines de milliers d’Arméniens sont attendus pour une procession au mémorial du génocide, l’endroit le plus visité du pays, où ils déposeront des bougies et des fleurs près de la flamme éternelle.
Des cérémonies commémoratives organisées par de nombreuses diasporas arméniennes sont également prévues de Los Angeles à Stockholm, en passant par Beyrouth ou Paris. La capitale française éteindra ce soir la Tour Eiffel en signe de soutien.
Ces célébrations interviennent au lendemain de la canonisation par l’Eglise arménienne des 1,5 million de morts.
avec rfI