Fusillade à la Maca/ Plus d’une dizaine de morts dont Yacou le Chinois #prisonniersivoiriens
-Plusieurs blessés transportés au CHU
-Vidéo du dernier anniversaire de Yacou le Chinois
Abidjan, 201-02—16 (lepointsur.com)-Le tristement célèbre prisonnier de la crise post-électorale, Yacou le chinois détenu à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) ne parlera plus. Celui dont le nom rimait avec violence, intimidation, vente de drogue, corruption, soutien du pouvoir etc. vient de trouver la mort dans une mutinerie à la plus grande prison ivoirienne située dans la commune de Yopougon-Abidjan, samedi 20 février 2016.
Le bilan provisoire de la fusillade, auprès des sources pénitentiaires fait état d’au moins une dizaines de personnes tuées dont un détenu de droit commun (dont l’identité n’a pas encore été révélée), un garde pénitentiare et environ 5 blessés au nombre desquels plusieurs détenus auraient pris des balles perdues.
La raison du soulèvement est diversement interprétée. Selon certaines sources, tout serait parti d’une décision du nouveau régisseur, du transfert de « Yacou Chinois » vers une autre ville de l’intérieur de la Côte d’Ivoire.
Informé de son transfert, Yacou le Chinois aurait soudoyé le nouveau régisseur via un garde pénitentiaire avec la somme de 500 mille FCFA, quelques jours plutôt. Face au refus du régisseur de se plier à la requête, des éléments de Yacou le Chinois sont venus réclamer la somme en question. Ce serait, pour d’autres, selon ce malentendu que le soulèvement du samedi 20 février 2016 a déclenché faisant pour l’instant 4 morts selon certaines sources.
« Les détenus armés de kalachnikovs ont attaqué entre 08H00 et 09H00 (GMT et locales) les postes des gardes pénitentiaires », a déclaré à l’AFP le sergent Noël Yao, en poste à la Maca. « Ils ont tiré sur nous et nous avons riposté » a-t-il ajouté, déplorant « cinq blessés » dans leurs rangs.
Selon lui, la décision des mutins, dont de nombreux condamnés à des lourdes peines, d’effectuer une sortie à la journée sans en avoir obtenu l’autorisation, a été le déclencheur de la mutinerie. Des témoins ont raconté avoir entendu des échanges de tirs entre détenus et les gardiens, appuyés par la police et la gendarmerie.
« C’est chaud! les prisonniers avaient pris un moment le contrôle de l’établissement », a assuré un habitant, voisin de la prison, joint par l’AFP, au téléphone. « La situation est sous contrôle et maitrisée depuis 12H00″, a assuré l’administration pénitentiaire. Le gouvernement n’a pas fait de commentaire sur ces troubles survenus dans cette prison particulièrement sensible, où sont notamment détenues des personnalités proches de l’ancien président Laurent Gbagbo.
La prison de la capitale économique ivoirienne qui accueille quelque 5.200 prisonniers pour 1.500 places, selon les derniers chiffres disponibles, avait subi d’importantes évasions en 2012, comme d’autres centres pénitentiaires du pays.
Elle avait été entièrement vidée de ses détenus et très endommagée au plus fort de la crise postélectorale (2010-2011) qui a fait plus de 3.000 morts en cinq mois de violences. Elle avait ensuite subi d’importants travaux de rénovation, mais reste surpeuplée. Le calme serait revenu et l’heure est au bilan.
Kpan Charles
Yacou, ou l’histoire d’un caïd
17 décembre 2015, jour anniversaire de la naissance de Coulibaly Yacouba alias « Yacou le Chinois ». À l’occasion de l’Opération Prison Propre et Concert (OPPC) initiée par l’ONG N’GBÔADÔ, « Yacou le Chinois » a fait une démonstration de sa mainmise sur le plus grand centre pénitencier ivoirien. Retour sur une journée de « folie » du capitaine du bateau MACA, surnommé « El Capo ».
Yacou le Suprême
La maison d’arrêt est organisée et dirigée par « El Capo » comme l’appellent tous les détenus. Pour l’OPPC, Yacou a mobilisé une centaine de détenus (membres de sa garde rapprochée) pour la sécurité de l’évènement. Une colonne de « loubards », habillés à son effigie, suit son ombre et veille sur la sécurité des visiteurs du jour.
Tel un « leader politique » en meeting, femmes, jeunes hommes et jeunes filles, tous les prisonniers chantent les louanges de « El Capo ». Ses hommes disposent tous de smartphones et autres tablettes derniers cris. Ils filment et photographient tous les faits et gestes du chef.
Yacou le Chinois crée l’émeute à chacune de ses apparitions. Bijoux, gourmettes, téléphones de dernière génération et vêtements de marque. El Capo aime le bon chic bon genre. Les coups de fil, il en reçoit presque tout le temps. Pareil pour ses hommes qui communiquent en toute quiétude. Rien ne l’inquiète, même pas l’administration pénitentiaire qui assiste à la scène. Pas la peine de solliciter les gardes pénitenciaires. Chacun a son territoire. Et le territoire de Yacou le Chinois, c’est bien l’intérieur de la MACA. Yacou affiche fièrement sa suprématie sur les autres détenus qui lui vouent un culte, à l’image d’un dieu. [Voir la vidéo de ses « prouesses »]
Yacou le philanthrope ?
De l’argent en prison, « El Capo » en a, au point d’en distribuer à qui il veut. Ce sont des coupures de 500, 1000 et 2000 francs CFA que « Yacou des Chinois » jettent sur les prisonniers en liesse. Pour les artistes venus soutenir l’ONG N’GBÔADÔ, ce sont des liasses de billets de 10 000 francs CFA. « El Capo » rit, danse, bouge, toupille. Les billets coulent à flot. Impossible pour lui de rester assis durant 5 minutes.
« Yacou est notre président, », confirme le porte-parole des détenus au sujet de celui qui purge 20 de prison ferme. Un « président d’une République en milieu carcéral », on peut l’affirmer. L’ensemble de la vie des détenus est soumis à un pouvoir unique, celui du président « El Capo ».
Yacou le Prisonnier
Condamné une première fois à vingt ans de prison en 2010 pour vol aggravé, Yacou s’évade de la MACA à la faveur de la crise post-électorale de 2010-2011. Il intègre les Forces Républicaines de Côte d’ivoire (FRCI), au sein desquelles il obtient le grade de caporal. Cependant, Yacou récidive dans le vol et est arrêté à la suite d’un braquage occasionnant des pertes en vies humaines. Depuis lors, il purge une peine de 20 ans d’emprisonnement ferme au sein du Bâtiment C de la MACA. Une détention qui s’apparente plutôt à un oasis paisible dans lequel tout le monde est à sa merci.
Vers 17 heures, ce 17 décembre 2015, le concert prend fin. Et c’est Yacou qui intime l’ordre aux prisonniers de regagner leurs cellules. Comme pour montrer qu’il règne en maître ab-so-lu…
SOURCE http://lessentiel.ci
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