Economie

[France Prix des carburants] L’État met le turbo sur les taxes à la pompe


La flambée des prix des carburants, résulte de la hausse des cours du Brent. Mais pas seulement. La contribution climat énergie a aussi sa part.

C’est la flambée à la pompe. Depuis 2014, les prix des carburants n’ont jamais été aussi élevés. D’après le ministère de la Transition écologique, ils ont crû d’un centime d’euro chaque semaine depuis mars. La principale raison tient à la hausse des cours du pétrole, conséquence de la décision de l’OPEP et de la Russie de limiter leur production (environ 1,8 million de barils/jour) et du taux de change euro-dollar. L’augmentation du brut est aussi alimentée par le boom de la consommation-on devrait atteindre les 100 millions de barils/jour en fin d’année- et le regain des tensions internationales (Iran, Libye, Irak, Venezuela). Résultat, le cours du pétrole qui était tombé à 28 dollars le baril début 2016 surfe maintenant autour des 75 dollars (il a même atteint les 80).

L’autre raison de l’augmentation des prix du carburant, c’est le rattrapage fiscal du gouvernement au titre de la hausse de la contribution climat énergie. Depuis 2015, le gouvernement augmente les taxes sur les produits pétroliers les 1er janvier. Mais cette année, la hausse a été environ deux fois supérieure à celle des années précédentes: +2,8% pour l’essence et +6,2% pour le gazole. Conséquence, les taxes ont augmenté de 3,9 centimes pour le litre de sans-plomb et de 7,6 centimes pour le diesel. À cela, il faut ajouter la charge croissante des certificats d’économies d’énergie. L’État ayant prévu le doublement de l’objectif d’économies pour la période 2018-2020, le coût du dispositif tourne désormais entre 3 à 6 centimes le litre de carburant.

Fiscalité énergétique relevée. «Aujourd’hui sur un litre de sans plomb à 1,60 euro, il faut compter 1 euro de taxe», constate Francis Duseux, président de l’Ufip (Union française des industries pétrolières). Un record. Depuis 2014, avec le relèvement de la fiscalité indirecte, l’État a récupéré sur les produits pétroliers 5,7 milliards d’euros de taxes supplémentaires (chiffres Insee). Jusqu’à ces dernières années, l’Hexagone avait une trajectoire relativement semblable à celle des autres pays de l’Union européenne. La différence, note l’Insee, c’est que les pouvoirs publics ont décidé de relever la fiscalité énergétique, ce que n’ont pas fait nos voisins.

Face à cette hausse, les consommateurs français font grise mine. L’association Consommation Logement et Cadre de vie demande au gouvernement d’«interrompre sa politique d’augmentation des taxes sur le carburant». Pas sûr que cet appel soit entendu. Durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait affiché son intention de «réduire massivement la pollution liée aux particules fines». Et cela passe par un alignement de la fiscalité du diesel sur celle du sans-plomb d’ici à 2022. Ce qui veut dire de nouvelles taxes.

Nicolas Stiel  (Challenges.fr) du samedi 30 juin 2018

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