Football européen/ Les secrets de la réussite Pierre-Emerick Aubameyang
Cinquième meilleur buteur mondial depuis le début de l’année 2015, l’international gabonais n’en finit plus d’étonner à la pointe de l’attaque du Borussia Dortmund. Depuis son arrivée en Allemagne en 2013, PEA a connu une progression fulgurante. Explications. Il est devenu un avant-centre très efficace
Souvent aligné sur un côté, à Saint-Etienne comme à ses débuts à Dortmund, Pierre-Emerick Aubameyang a su profiter du départ de Robert Lewandowski et des flops Ciro Immobile et Adrian Ramos pour s’installer dans l’axe. Et ça paye, avec 42 buts inscrits depuis janvier ! «Il est devenu un très, très grand avant-centre, juge Gernot Rohr, ancien sélectionneur du Gabon (2010-2012). Là où il a le plus progressé, c’est dans l’efficacité devant le but, en partie grâce à son repositionnement. Avant, il avait besoin de beaucoup d’occasions pour marquer, ce n’est plus le cas aujourd’hui.»
D’un but tous les 6,4 tirs la saison passée en Bundesliga, PEA est en effet passé à un but tous les 3,3 tirs depuis août dernier. Logiquement, sa moyenne de but par match a donc doublé (de 0,54 à 1,1), faisant de l’ancien Vert le meilleur buteur du Championnat d’Allemagne et de la Ligue Europa. «Son avenir est en pointe, estime Rohr. En prenant de l’âge, on préfère toujours rentrer dans l’axe, c’est classique. Et vu son efficacité, il ne bougera plus…»
Il a changé son mode de vie
Si Aubameyang a tant progressé en l’espace de quelques mois, ce n’est pas uniquement parce qu’il s’est installé dans l’axe, mais aussi (surtout ?) parce qu’il a pris conscience des exigences quotidiennes du très haut niveau. Convaincu de son potentiel («Si un Ronaldo peut mettre cinquante buts dans une saison, pourquoi n’en serais-je pas capable », assurait-il dans L’Equipe il y a quelques semaines), la Panthère a su«évoluer au niveau mental» selon Gernot Rohr : «Il est devenu plus rigoureux, plus professionnel. Il était un peu « africain », et il est devenu un peu « allemand ». Et puis il est bien guidé par son père, qui est un vieux renard du football.»
Très proche de son paternel, Pierre Aubame (lui aussi ancien international gabonais), le numéro 17 du BVB récolte aujourd’hui les fruits de ses conseils avisés. «Il m’a toujours dit : « Tu n’as pas conscience de ce que tu peux réaliser, mais c’est toi qui dois trouver la solution pour te développer. » C’est tout un travail, notamment en dehors du terrain, expliquait-il également dans L’Equipe. Il m’a souvent dit : « Tu dois faire la sieste, tu as besoin de beaucoup de repos pour garder ton énergie. » Peut-être que, plus jeune, je la gaspillais dans des bêtises, comme jouer à la console…»
Il joue dans une équipe et un championnat taillés pour lui
S’il est aujourd’hui largement en tête des buteurs africains sur l’année 2015, Aubameyang le doit sans doute un peu à l’Allemagne. A croire que la Bundesliga et le dragster de 26 ans étaient faits pour s’unir. Rohr confirme : «Le jeu est tellement offensif en Allemagne, surtout dans cette équipe de Dortmund, que c’est logique qu’il marque beaucoup compte-tenu de ses progrès. Evoluer au pays des champions du monde lui a aussi permis d’engranger de l’expérience internationale.»
Son évolution se ressent dans les stats, donc, mais aussi dans la globalité de ses performances. Il se place ainsi au quatrième rang des évaluations du magazine Kickerderrière le trio bavarois Douglas Costa – Thomas Müller – Robert Lewandowski. «Il va encore progresser, parce qu’il est encore jeune et qu’il est intelligent. Il peut faire mieux dans son jeu dos au but, et devenir également un joueur de combinaisons, de passes courtes, de déviations…» En attendant, Pierre-Emerick Aubameyang pourrait devenir dans quelques semaines le roi de son Continent. Son ancien coach, aujourd’hui à la tête du Burkina Faso, en est en tout cas convaincu : «Je pense qu’il va être élu joueur africain de l’année. Il le mérite, et j’ai d’ailleurs voté pour lui…»
In France Football