Fin de l’attente des migrants du « Diciotti »
-Les migrants, bloqués à bord du navire Diciotti en Sicile, autorisés à descendre
Depuis plusieurs jours, leur sort était suspendu à la décision du ministre de l’intérieur italien Matteo Salvini visé par la justice pour sa gestion de l’affaire.
Dix jours, c’est le temps qu’aura pris le ministre de l’intérieur italien, Matteo Salvini, avant d’autoriser le débarquement de 140 migrants (après celui des mineurs), dans la nuit de samedi 25 août à dimanche 26 août.
Ces derniers étaient bloqués au port de Catane, à bord du Diciotti, navire des gardes-côtes italiens, depuis lundi 20 août. Matteo Salvini est dans le viseur de la justice italienne pour avoir refusé de les faire descendre. Il exigeait que l’Union européenne fasse d’abord preuve de « solidarité ».
L’Église très active dans le soutien des migrants. Samedi 25 août, douze personnes étaient descendues du Diciotti pour raison de santé. Les autres ont tous été transférés, samedi soir, à l’ancienne caserne de Gasparro à Messine où ils resteront dans l’attente d’une répartition ultérieure.
Si l’Albanie et l’Irlande ont accepté d’en accueillir vingt chacune, l’Église italienne prévoit d’en recueillir une centaine. L’Église est très active dans le soutien des migrants, et particulièrement « la communauté chrétienne et catholique de Sant Egidio qui dénonce la politique migratoire de Matteo Salvini », explique Tommaso Vitale, sociologue et professeur à Sciences-Po Paris.
Et elle n’est pas la seule, la justice italienne, s’interroge sur la légalité d’une telle politique. Elle a ouvert samedi, une enquête contre le ministre de l’intérieur soupçonné de « séquestration de personnes, arrestations illégales et abus de pouvoir.» Cette enquête avait été déclenchée par le parquet de la ville sicilienne d’Agrigente, mais sera désormais menée par un « tribunal des ministres » de Palerme, le chef-lieu de cette île du sud.
Un éventuel renvoi en justice requiert l’autorisation du Sénat. Toutefois, le ministre de l’Intérieur, également chef de la Ligue du Nord (extrême droite), n’est pas en danger puisque la procédure devant « un tribunal des ministres » est assez complexe. Son éventuel renvoi en justice requiert l’autorisation du Sénat, où le gouvernement dont il est également vice-premier ministre dispose de la majorité nécessaire pour la refuser.
« Les magistrats peuvent m’arrêter moi, mais pas la volonté de 60 millions d’Italiens », a-t-il déclaré lors d’une réunion politique dans le nord de l’Italie, défiant ouvertement la justice italienne.
L’autre vice-président du conseil, Luigi di Maio, leader du Mouvement cinq étoiles, a tenté de calmer le jeu : « Ne laissez pas ce pays plonger dans les affrontements entre procureurs et politiciens », a-t-il lancé dans une vidéo postée sur Facebook. S’il continue de défendre les actions prises par le gouvernement, il invite Matteo Salvini à modérer le ton envers les procureurs. « Certains pensent que Matteo Salvini a cherché cette situation. La personne politique sous accusation, notamment à droite en Italie, gagne souvent un statut de victime », estime Tommaso Vitale.
Le ministre de l’intérieur continue de s’insurger contre l’Union européenne qu’il accuse d’absence de solidarité dans la gestion des migrants. Après avoir menacé, vendredi, Bruxelles de « payer moins » pour le budget communautaire, Matteo Salvini est revenu à la charge samedi, promettant que « l’Italie ne votera pas lorsqu’il faudra l’unanimité pour adopter le budget ».
Source : https://www.la-croix.com par Audrey Parmentier, le 26/08/2018 à 15h18. Mis à jour le 26/08/2018 à 18h20