Politique

[Fête des mères] L’hommage de Vincent Toh Bi à sa génitrice, Juliette


Abidjan, 07-06-2020 (lepointsur.com) A l’instar des autres pays du monde entier, la Côte d’Ivoire célèbre ce dimanche 07 juin 2020, la fête des mères. Comme bon nombre de personnalités, le préfet d’Abidjan, Vincent Toh Bi Irié a, à travers un poste sur sa page officielle Facebook, dit tout son amour à sa génitrice, Juliette. Lisez.

ELLE S’APPELAIT JULIETTE

Juliette qu’elle s’appelait, Mère parmi les Mères, vigilante et euphorique, dont la présence et le rire étaient toujours bruyants à la maison et au marché.

Elle n’avait que le niveau CE2, mais c’est elle qui aimait faire étudier ses enfants sur des matières qu’elle-même n’a jamais comprises. Curieuse mère dont « le trop plein d’amour risquait d’accabler ses enfants ».

Elle se levait à 04h du matin, distribuait les tâches du jour à chaque enfant et disparaissait dans le noir de la nuit qui mourrait. Elle partait en brousse (au propre), dans les champs environnants marchander les sacs de piments, d’aubergines et de manioc récoltés la veille. Elle marchandait comme un homme, menaçait les cultivateurs et souvent se battait avec eux ; je dis bien se battait.

À 06 heures, elle était de retour au marché ; elle étalait un sac de jute à terre et y disposait ses produits à vendre. Ses enfants la rejoignaient ensuite pour participer à cette débauche d’énergie quotidienne, assistant aux traumatisants « barika » et « gouassou » qui réduisaient les marges bénéficiaires et donc la nourriture du soir.

Juliette avait 06 gosses à nourrir et devait ramener le soir au foyer sa contribution pour la subsistance de la maisonnée, en complément des maigres ressources de son mari Jeannot, tailleur (aujourd’hui, les Abidjanais emploieraient plutôt le terme de « tôclô »).

À elle seule, Juliette était, à l’intérieur des frontières de sa maison, institutrice, préceptrice, prophétesse, intendante, gardienne, coach. Trop souvent, elle était une infirmière qui soignait toutes ces plaies puantes des enfants, ramassées dans les dédales de Dabou. Les décoctions traditionnelles n’avaient pas de secrets pour elle, infirmière de la vie.

Depuis, Juliette et son mari ont quitté la Terre des Hommes. Eux et leurs enfants étaient misérables mais heureux et dignes.

Juliette, ma Mère, que je n’ai jamais eue le temps de suffisamment aimer avec toutes les secousses sismiques de la vie …. Que de remords ….

À vous, qui avez encore le privilège immense d’avoir vos mamans en vie, réjouissez vous et chérissez les, car il sera un jour bien trop tard pour ressentir le bonheur de leur dire : « Maman, je t’aime ».

Ce vide profond de ne jamais revoir sa mère est un sentiment difficile à décrire.

Pour vos bravoures, vos héroïsmes, votre puissance de Création, je vous dis à toutes, femmes, BONNE FÊTE.

Vincent Toh Bi Irié, préfet d’Abidjan

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