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[FENASOCI] Une nouvelle fédération pour défendre les droits des sourds en Côte d’Ivoire


La communauté sourde de Côte d’Ivoire crée la FENASOCI et réélit Maho Albert Bony à sa tête. Une étape clé pour l’inclusion, malgré des défis financiers à relever.

Abidjan, le 15 septembre 2025 (lepointsur.com) –  La communauté sourde de Côte d’Ivoire a franchi un tournant décisif samedi 13 septembre 2025, avec la transformation de son organisation nationale en fédération et la réélection de Maho Albert Bony à la présidence. L’assemblée générale constitutive, tenue à l’école ivoirienne pour les sourds de Yopougon, marque une avancée majeure pour la représentativité et l’inclusion des personnes sourdes dans la société ivoirienne.

Déjà président de l’ancienne Association nationale des sourds de Côte d’Ivoire (ANASOCI), Maho Albert Bony a recueilli 39 voix sur 42, devenant ainsi le premier président de la Fédération nationale des sourds de Côte d’Ivoire (FENASOCI). Son mandat sera axé sur le renforcement des capacités, la défense des droits et l’intégration sociale et professionnelle des personnes sourdes.

Parmi ses priorités figure une revendication phare : l’accès au permis de conduire pour les sourds, considéré comme une condition essentielle d’autonomie. « Nous devons lever cette barrière », a-t-il déclaré dans un discours traduit en Langue des signes de Côte d’Ivoire (LSCI), tout en appelant à un soutien accru de l’État et des institutions.

Une gouvernance plus inclusive

Conformément aux nouveaux statuts, le président a présenté un bureau exécutif de quatre membres, dont trois femmes et un homme, validé par l’Assemblée. Le Conseil d’administration, composé de 16 membres (10 hommes et 6 femmes), reflète également cette volonté d’équilibre. Une configuration saluée comme une avancée vers une gouvernance participative et inclusive.

« Cette élection illustre la maturité du mouvement des sourds. Les travaux ont été démocratiques et transparents, et ils montrent que la communauté sourde est prête à jouer un rôle central dans la société civile », a affirmé Dogo Raphaël, président de la Fédération des associations pour la promotion sociale des personnes handicapées de Côte d’Ivoire (FAHCI).

Des défis financiers persistants

Au-delà de l’euphorie, la fédération hérite de défis financiers. Le rapport 2024 de l’ANASOCI fait état d’un déficit de 834 617 FCFA, lié à des charges (43,6 millions FCFA) supérieures aux revenus (42,8 millions FCFA). Les financements actuels proviennent principalement de subventions et de partenaires comme le Conseil mondial des sourds d’Afrique de l’Ouest (WCARS) et SignWorld Belgium.

La trésorière sortante, Bah Mahan Nesseké Adelaïde, a appelé la nouvelle équipe à « diversifier ses sources de revenus et renforcer le suivi budgétaire » pour réduire la dépendance vis-à-vis de l’État et des bailleurs étrangers.

Une reconnaissance institutionnelle et internationale

Créée en 1991, l’ANASOCI devient fédération grâce à l’ordonnance n°2024-368 du 12 juin 2024 relative à l’organisation de la société civile. Ce nouveau statut confère à la FENASOCI un rôle élargi de coordination, de plaidoyer et de représentation.

Cette transformation s’inscrit également dans le programme international « Right to Sign Language through all stages of life » (2025-2028), financé par l’Association danoise des sourds, qui vise à renforcer la gouvernance et à promouvoir la reconnaissance de la langue des signes comme un droit fondamental.

Vers une inclusion accrue

Avec cette étape historique, la communauté sourde ivoirienne entend désormais peser davantage dans le débat public et accéder à une meilleure inclusion. Comme l’a résumé un participant : « La fédération, c’est notre voix collective. Elle nous permet enfin d’exister pleinement dans la société ivoirienne. »

Médard K.

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