Culture

[FATA 2025] Le professeur Agbroffi décrypte la femme akan, cheffe d’État invisible au cœur de la tradition


Lors du Festival des Arts et Traditions d’Akan 2025, une conférence a célébré la femme akan comme pilier de la société, en mettant en valeur son autorité symbolique et son rôle déterminant dans la gestion des affaires culturelles et dans les sphères de gouvernance.

Sakassou, le 11 juillet 2025 (lepointsur.com) – Dans le cadre de la 3ᵉ édition du Festival des Arts et Traditions d’Akan (FATA), la place Bédié de Sakassou a été le cadre, le jeudi 10 juillet 2025, d’une cérémonie majeure. Sous la vigilance constante du Commissaire général Djeka Kouadio Jean-Baptiste Arsène, cette rencontre a exploré le thème « La femme et son symbolisme dans la société Akan matrilinéaire ».

Ce sujet puissant a été porté Diamoi Joachim Agbroffi, professeur titulaire d’anthropologie à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké (UAO), aux côtés du Dr Oulaï, enseignant au département d’anthropologie de la même université. Ces deux personnalités sont des figures majeures de la recherche et de la culture Akan.

Le professeur Agbroffi, en présence de Docteur Oulaï, a captivé l’assistance en décryptant la profonde interconnexion entre la femme et la société Akan. Lors de son intervention, il a rappelé que « les femmes sont celles qui donnent la vie » et que la science, à travers la recherche, doit savoir aller au-delà de l’évidence. Pour lui, la femme représente un pouvoir exécutif et spirituel fondamental. Il a notamment évoqué l’intuition féminine et la manière dont les femmes, au sein des familles, parviennent à jongler avec multiples tâches tout en conservant une efficacité sans égale.

Les premiers ambassadeurs du FATA ont été honorés par la remise de pin’s symboliques

En illustrant cela, le professeur a cité un exemple du quotidien : une femme qui, tout en préparant un repas, s’occupe des enfants, des tâches ménagères et même des conversations, tandis que l’homme, si la même situation lui était confiée, aurait des difficultés à coordonner ces actions simultanées. Selon lui, cela témoigne de la structure matrilinéaire de la société Akan, où la femme incarne à la fois la force vitale et le pouvoir exécutif, à l’instar d’un chef d’État.

Au-delà de cette analogie, le conférencier a également abordé des aspects philosophiques plus profonds, notamment la conception du sang dans la culture Akan. En utilisant l’exemple du mot « modja », qui signifie « héritage maternel », Agbroffi a expliqué que le premier héritage que chaque individu reçoit est celui du sang de sa mère. Ce fil conducteur matrilinéaire est omniprésent dans la tradition Akan, où la femme est perçue non seulement comme la mère, mais aussi comme la garante de l’héritage spirituel et culturel de la communauté.

À cette occasion, une réflexion sur la place de la femme dans la société Akan a également été abordée sous l’angle de la loi. Chez les Akan, le nom donné à la loi, « M’mla », évoque la souveraineté maternelle. La société Akan attribue ainsi à la femme un rôle législatif essentiel, comme en témoigne l’importance de l’éducation et de la régulation des normes sociales qui sont, selon Agbroffi, issues de la transmission maternelle.

Les aspects les plus fascinants de cette intervention ont sans doute été ceux où la science et la culture se rencontrent. L’intervenant a expliqué le fonctionnement du cerveau humain en l’associant à une structure féminine, divisée en trois parties, en analogie avec la forme de la femme. Une comparaison qui a suscité l’admiration et la curiosité des participants.

À l’issue de son intervention, un échange interactif a permis à l’auditoire de poser des questions et d’approfondir la réflexion. Des pin’s symboliques ont été remis aux autorités présentes, marquant ainsi leur rôle en tant que premiers ambassadeurs du FATA (Festival des Arts et Traditions d’Akan). Parmi les récipiendaires figuraient N’guessan Toussaint et Mme Yao Affouet, représentants du ministère de la Culture, ainsi que le professeur Agbroffi et le Docteur Oulaï, dont les contributions à l’enrichissement de cette rencontre ont été particulièrement saluées.

Le FATA 2025 continue de faire vivre les valeurs culturelles Akan à travers des échanges riches et des réflexions profondes sur la place de la femme, dont le rôle symbolique et exécutif dans la société reste d’une actualité brûlante.

Médard KOFFI, envoyé spécial à Sakassou

Commentaires

commentaires


Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.