Essor du secteur privé : voici les stratégies proposées par le Forum des Chefs d’Entreprises de Côte d’Ivoire #Développementéconomique
‘’Les PME constituent le gisement le plus important pour la croissance et la création d’emplois’’
CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 1er-7-2017) Le président du FCE-CI (Forum des Chefs d’Entreprises de Côte d’Ivoire) est persuadé que le secteur privé demeure la dernière roue dans l’essor économique de la Côte d’Ivoire. A juste titre, Jean-Marie Koné propose des stratégies pour relever le défi du développement du secteur privé dans ce pays.
« La politique de diversification d’une économie aussi concentrée que l’économie ivoirienne est certainement très complexe, d’une part en raison de l’emprise du secteur du binôme café-cacao sur tous les secteurs économiques, et d’autre part en raison des rouages institutionnelles et des comportements, voire des vicissitudes accumulées pendant une longue période de gestion centralisée ; tout tourne autour de l’Etat et de la répartition de la rente », indique d’emblée le président du FCE-CI.
Pour prendre le contre-pied de cet état de fait, Jean-Marie Koné propose que les incitations et les politiques soient en faveur des acteurs nouveaux qui émergent depuis quelques années. Il s’agit notamment d’aider les entreprises et les Start Up à se développer et à innover. Mieux, il propose la création d’un fonds d’investissement bonifié par l’Etat, pour aider à l’émergence de ces entreprises de la diversification. Evidemment, il conditionne la réussite d’une telle politique à l’introduction de mécanismes de contractualisation. Ce qui, selon lui, éviterait de tomber dans les travers de la ruse de certains aventuriers.
« Le contrat entre l’État et une entreprise ou un groupe d’entreprises d’une même filière doit prévoir les incitations, les résultats attendus et les obligations des deux parties. Au FCE-CI, nous sommes convaincus que l’innovation est l’un des leviers majeurs de la transformation de l’économie ivoirienne », rassure-t-il avant de préciser que les entreprises de ce forum ont le devoir de proposer des produits innovants si elles veulent se distinguer de leurs concurrentes.
Il poursuit pour affirmer que la diversification économique implique effectivement une diversification des sources de financement. Toute chose qui, selon lui, doit impliquer davantage les banques dans le processus de passage du budget au marché financier. Car, avance-t-il, les banques sont les acteurs privilégiés des marchés financiers et monétaires grâce à leur rôle d’intermédiation sur ces marchés. « Aujourd’hui, le système bancaire ivoirien est dominé par le secteur privé dans une proportion élevée de 85% », regrette le président du FCE-CI qui souhaite la promotion d’une concurrence effective, en vue de la diversification de ce secteur en l’ouvrant au secteur privé national.
LES REFORMES POUR LA PROFESSIONNALISATION DE L’ACTIVITE D’EXPORTATION S’IMPOSENT. Selon Jean-Marie Koné, il revient à l’entreprise la charge de conquérir des parts de marchés extérieurs. Pour ce faire, il préconise qu’elle soit accompagnée. D’autant que certaines mesures notamment, les procédures et règlements, les aides et subventions, l’infrastructure et la logistique et enfin, les pratiques bancaires et fiscales, en vue d’engager une véritable dynamique d’exportation relèvent de l’Etat.
« En 2017, notre organisation a élaboré un document portant ‘’Plaidoyer pour l’émergence de l’économie ivoirienne’’ à travers lequel nous identifions plus d’une trentaine de mesures qui doivent permettre à notre environnement des affaires encadrant les exportations d’être au même niveau de compétitivité et de réactivité que les autres pays de la région », émet-il. Se réjouissant de que sur la trentaine de mesures proposées, près de la moitié est aujourd’hui mise en œuvre ou en voie de l’être. Au-delà de la volonté affichée du Forum des Chefs d’Entreprises de Côte d’Ivoire de professionnaliser le secteur de l’exportation, le développement industriel demeure une préoccupation. Pour preuve, sa proposition pour la création d’un comité de pilotage, sous l’autorité du Premier-ministre, qui aura pour mission de promouvoir la transformation des matières premières.
Pour lui, un programme d’actions précis et opératoire par couple de produit-marché cible sur les mesures à mettre en œuvre pour garantir la réussite des opérations d’exportation sera proposé. Ainsi, en ce qui concerne les entreprises, « nous avons constaté que beaucoup d’entre elles ne possèdent pas de plan marketing à l’international et qu’elles ont surtout un déficit alarmant en termes de ressources humaines spécialisées dans les transformations. C’est pour cela que l’une de nos recommandations porte sur la création rapide d’un institut supérieur dédié aux métiers de la transformation et de la mise en relation extérieure ».
En ce qui concerne les marchés cibles, il indique trois ensembles régionaux, avec en priorité l’Afrique où, selon lui, le dynamisme de la croissance économique, à la clef environ un taux de 5% depuis plus d’une décennie, présage du décollage et du développement réel du continent. L’Union Européenne ensuite, avec laquelle il faudra rééquilibrer l’accord d’association en faveur de l’économie ivoirienne, par le relèvement des volumes transformables vers cette zone et l’assouplissement des barrières non tarifaires et enfin, la Zone Arabe de libre-échange.
LES BESOINS DES PME ET LES MESURES POUR IMPULSER LEUR CROISSANCE. L’un des axes majeurs du FCE-CI est la promotion des PME, car les acteurs du forum restent persuadés que le développement du tissu des PME est une nécessité absolue pour la transformation de l’économie ivoirienne. Estimées à 20.000, Jean-Marie Koné estime que les PME doivent être le vecteur pour un développement économique durable. Rappelant, à juste titre, que le FCE-CI avait revendiqué la révision de la loi d’orientation de 2012 relative au développement et à la promotion des PME, pour mettre en place un nouveau cadre législatif, à l’effet de relancer le développement de ce type d’entreprises qui constitue « le gisement le plus important pour la croissance et la création d’emplois ».
A cet effet, il affirme qu’un projet de loi vient d’être déposé au Parlement et qu’il ne devrait pas tarder à être adopté. « Cette nouvelle loi réorganise les mécanismes de concertation entre les divers acteurs concernés en jetant les bases d’une élaboration et d’une mise en œuvre participative de la politique en direction de la PME, comme elle réorganise le dispositif institutionnel d’appui et d’accompagnement de la PME », se satisfait-il. Indiquant, dans la foulée, que les différentes propositions du FCE-CI s’articulent autour d’un climat des affaires bénéfique aux PME. Pour réduire le taux de mortalité de ces entreprises, il souhaite que les gestionnaires de ces PME soient orientés et accompagnés jusqu’à ce qu’ils soient rodés en matière de management et surtout de réseautage.
Idrissa Konaté