[Entretien exclusif avec Denis Mercedes, cadre du PDCI-RDA] Analyse du verdict dans l’affaire Valérie Yapo et stratégie du parti avant la présidentielle de 2025
Denis Mercedes, cadre influent du PDCI-RDA, revient sur le verdict judiciaire dans l’affaire opposant Valérie Yapo au parti. Il analyse les enjeux internes, la stratégie adoptée par Tidjane Thiam, et les perspectives du parti avant l’élection présidentielle 2025.
Abidjan, le 26 mai 2025 (lepointsur.com) Dans un contexte politique ivoirien marqué par de vives tensions internes au sein du PDCI-RDA, Denis Kouadio Saraka Kouamé, alias Denis Mercedes, cadre influent du parti, s’exprime sur le récent verdict judiciaire dans l’affaire opposant Valérie Yapo au PDCI-RDA. Dans une interview exclusive accordée à lepointsur.com le week-end dernier, il décrypte la stratégie adoptée par Tidjane Thiam, président du parti, et livre son analyse sur les perspectives du PDCI-RDA à l’approche de l’élection présidentielle de 2025.
Entretien exclusif.
Monsieur Kouadio Denis Saraka Kouamé, alias Denis Mercedes, cadre influent du PDCI-RDA, quelle est votre réaction au verdict de la justice ivoirienne dans l’affaire opposant Valérie au PDCI-RDA ?
Je n’ai pas pour habitude d’interpréter ou de commenter les décisions de justice. Je considère que celles-ci prennent tout leur sens lorsque le droit est dit avec clarté, en conformité avec les textes en vigueur.
Dès lors que Dame YAPO Valérie conteste l’élection du président THIAM à la tête du parti, estimant qu’il aurait automatiquement perdu sa nationalité ivoirienne depuis 1987 sans qu’aucune procédure ne soit engagée, et que, par ailleurs, le président THIAM, en fin stratège, choisit de démissionner avant le prononcé du verdict du tribunal, cela change la donne. Il n’y a, dès lors, plus matière à débat.
Selon vous, quelles étaient les motivations profondes de cette plainte déposée contre le parti ?
Cette question devrait plutôt être adressée à Dame Valérie et à ses commanditaires tapis dans l’ombre. À mon humble avis, cela s’inscrit dans un plan de déstabilisation du parti, savamment orchestré depuis longtemps par des ennemis tant internes qu’externes. Déjà peu avant le décès de notre vénéré président Aimé Henri Konan Bédié, les signes avant-coureurs étaient perceptibles. Le feu couvait, et ce que nous vivons aujourd’hui en est la conséquence annoncée.
Pensez-vous que ce procès a eu un impact sur l’image du PDCI-RDA auprès de ses militants et de l’opinion publique ?
Naturellement, cela crée du désordre et fragilise la cohésion du parti. Dans une formation démocratique comme la nôtre, de tels débats auraient dû se tenir en interne, sans susciter de scandale. Porter l’affaire devant la justice, en attaquant sa propre famille politique et son leader, relève d’un acte irrévérencieux et de subversion que je qualifierais d’inhumain.
Le juge a estimé que la requête était infondée car M. Thiam avait démissionné avant de se représenter. Pouvez-vous nous expliquer la stratégie derrière cette démarche ?
C’est la stratégie du lièvre et du chien : le lièvre, poursuivi, réduit l’espace à l’approche d’un arbre, et le chien, emporté par son élan, se heurte violemment au tronc. Comme le dit l’adage : lorsque le bœuf nourrit l’intention de te charger, et que tu ne possèdes pas de cornes pour l’affronter, utilise ton intelligence pour le ligoter et ainsi mettre un terme définitif à sa nuisance. Le PDCI-RDA que je connais regorge de cadres compétents dans tous les domaines, capables de répondre efficacement à toute situation. Nous n’en sommes ni à notre première, ni à notre dernière attaque. Mais soyez rassuré : nous répondrons à chaque cas, avec méthode et détermination.
Comment le parti a-t-il vécu de l’intérieur cette contestation, notamment pendant la phase de préparation du congrès ?
Les congressistes étaient face à leur engagement de militants. Convoquer un Bureau politique en moins de 24 heures, organiser un congrès électif ayant enregistré un taux de participation de 96 %, en 48h et aboutir à un score quasi plébiscitaire de 99,74 % en faveur de M. Tidjane Thiam, tout cela témoigne à la fois de leur volonté d’en découdre et de leur fidélité à leur engagement. Je pense que c’est ce large rassemblement des militants autour de leur leader qui attise les mauvais esprits. Ces épreuves, loin de nous affaiblir, renforcent d’avantage notre confiance et notre détermination. Depuis 1946, cela fait 79 années de lutte. Le PDCI-RDA a gagné en maturité, en résilience et en endurance. Des bois verts aux bois secs, nous en avons vu passer. Nous ferons de M. Tidjane Thiam le prochain président de la République, au soir du scrutin du 25 octobre 2025.
Cette affaire reflète-t-elle des tensions internes au sein du PDCI-RDA ou s’agit-il d’un acte isolé ?
C’est par la fissure du mur que le cafard s’infiltre dans la maison. Il est désormais évident que les ennemis externes exploitent à leur avantage nos dissensions internes. Certaines personnes, en manque d’arguments et de courage pour exposer leur point de vue devant le Bureau politique — qui propose — et le Congrès — qui décide —, choisissent de quitter le cadre du débat démocratique, comme Éric Cantona quittant le terrain, pour s’en prendre au public. La démocratie interne au PDCI-RDA n’est plus à démontrer. Prendre part aux discussions familiales du parti et accepter la voix de la majorité relève de l’éducation, de la formation, mais aussi de l’état d’esprit d’équipe et de sociabilité. Cela découle de qualités essentielles : être un homme de conviction, faire preuve de loyauté et cultiver la fidélité.
Quelle est, selon vous, la prochaine étape pour renforcer l’unité et la légitimité de la nouvelle direction du parti ?
La légitimité de la direction du parti s’impose à nous tous dès lors qu’un organe est démocratiquement plébiscité pour nous diriger. Il s’agit simplement d’être cohérents avec nous-mêmes. Quant à l’unité du parti, des voix bien plus autorisées que la mienne explorent les voies nécessaires pour renforcer notre cohésion interne. Comme dans toute famille, il y aura toujours des grognons et des réfractaires. À ceux-là, nous faisons comprendre que la véritable lutte se joue ailleurs. À savoir: présenter le programme de société et de gouvernement du PDCI-RDA, porté par notre candidat aux ivoiriens dans leur ensemble et bénéficier de leurs suffrages à l’élection présidentielle du 25 octobre 2025.
Le PDCI-RDA semble engagé dans une phase de reconstruction. Quelles sont les grandes priorités de l’équipe dirigeante aujourd’hui ?
Je ne parlerais pas de phase de reconstruction, mais plutôt de redynamisation. Nous restons le parti le mieux structuré et le mieux implanté de Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, nous sommes résolument engagés à promouvoir le label Tidjane Thiam, qui se présente à nous comme un don de soi dans un paysage politique souvent marqué par la revanche. Il nous propose une autre manière de faire de la politique, en plaçant l’Homme au cœur de son projet de société et de gouvernance. Nous sommes plus que jamais déterminés à mobiliser nos militants, ainsi que tous les Ivoiriens épris de paix, pour s’engager aux côtés du PDCI-RDA en vue de la victoire.
Comment M. Thiam et les cadres du parti entendent-ils rassembler toutes les sensibilités après ce contentieux judiciaire ?
Vous savez, M. Tidjane Thiam est combattu parce qu’il porte une vision nouvelle, audacieuse, pour faire renaître la Côte d’Ivoire de ses blessures profondes. Une telle réforme rompt avec les pratiques anciennes et dérange, suscitant jalousies et aigreurs. M. Thiam incarne l’élément nouveau de notre paysage politique, celui qui redonne de l’espoir. Il y a deux mois, il a été le seul leader politique à expliquer au citoyen lambda ce qu’est l’Indice de Développement Humain (IDH). Dans la foulée, certains acteurs politiques ont déclaré publiquement : « On s’en fout de l’IDH ». Mais aujourd’hui, ces mêmes personnes parcourent les plateaux télé et les meetings pour nous parler… d’IDH ! Permettez-moi de reprendre cette image frappante de M. Thiam : « Vous avez de la fièvre, vous faites 40°, vous vous énervez et cassez le thermomètre… Est-ce que cela fera baisser la température ? » Voilà la logique de ceux qui s’attaquent à lui. Au lieu de proposer mieux, on s’en prend à sa personne. Pourtant, il apporte des solutions concrètes, réalistes, aux maux qui rongent notre pays. La gestion publique, aujourd’hui, exige de l’anticipation, de la rigueur et une vision claire. Et en cela, M. Tidjane Thiam a beaucoup à offrir aux Ivoiriens, grâce à son expertise en matière de développement.
Quant aux contentieux judiciaires qui sont des epreuves pour nous detourner de l’essentiel, ils ne sont que des artifices brandis par des personnes mal intentionnées, soucieuses de préserver leurs intérêts égoïstes.
Quel message souhaitez-vous adresser aux militants et à l’opinion nationale après ce verdict favorable au PDCI-RDA ?
Au départ, Mme Valérie Yapo — véritable iceberg à la face cachée — a intenté un procès pour demander sa réintégration aux instances du PDCI-RDA, après avoir été suspendue par le comité de discipline du parti. À l’approche du procès, dans un esprit de stratégie politique et d’apaisement, la direction du parti a levé la sanction, comme elle l’a fait pour toutes les personnes se trouvant dans des situations similaires.
Mais face à la vacuité de son dossier, Mme Yapo a choisi de déplacer le débat en contestant l’élection du président Tidjane Thiam à la tête du parti. Elle avance que M. Thiam ne remplirait pas les conditions d’éligibilité, au motif qu’il aurait perdu la nationalité ivoirienne en acquérant la nationalité française en 1987. Or, rappelons que pour être président du PDCI-RDA, il faut être Ivoirien et satisfaire à plusieurs critères. La condition de nationalité n’est pas exclusive ni restrictive.
Selon l’interprétation avancée par certains, l’article 48 du Code de la nationalité serait applicable à M. Thiam. Il stipulerait que toute personne acquérant volontairement une nationalité étrangère perd de facto la nationalité ivoirienne. Pourtant, selon nos juristes chevronnés, aucun acte juridique, ni entre la Côte d’Ivoire et la France ni dans les textes de nos présidents successifs — Houphouët-Boigny, Bédié, Gbagbo, Ouattara — ne confirme une perte effective de la nationalité ivoirienne de notre champion.
En effet, seule une décision formelle du procureur de la République, dans le cadre d’une procédure administrative, pourrait prononcer une déchéance de nationalité. Rien de tel n’a jamais été fait à l’encontre de M. Tidjane Thiam.
De plus, M. Thiam est né en juillet 1962 d’un père, Amadou Thiam, franco-ivoirien, et d’une mère ivoirienne, Amoin Mariétou Sow, nièce du président Houphouët-Boigny. Or, selon nos sources juridiques, son père n’aurait été naturalisé ivoirien qu’en novembre 1962, soit après la naissance de M. Tidjane Thiam. Ce dernier serait donc bi-national de fait, par filiation, et non par une naturalisation volontaire.
M. Tioté, n’étant pas binational, a agi en tant qu’Ivoirien de souche avant d’acquérir la nationalité française par naturalisation. L’article 48 du Code de la nationalité ne peut donc s’appliquer qu’à lui et à tous ceux se trouvant dans une situation similaire. Le cas de M. Thiam ne saurait dès lors être comparé à celui de Cheick Tioté, souvent cité à tort dans ce débat.
En abordant ces questions sensibles, ayons en mémoire les drames liés aux crises passées, qui ont souvent trouvé leur origine dans les polémiques sur l’identité et l’exclusion. Ne répétons pas les erreurs du passé.
Acceptons, tout simplement, que MM. Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé, Tidjane Thiam et ALASSANE Ouattara soient tous candidats au scrutin présidentiel de 2025. Nous verrons bien ce que le peuple décidera.
Je vous remercie.
Par Médard KOFFI