Interview

[ENTRETIEN] 65 ans après son indépendance, le ROI DU SANWI révèle des secrets inédits sur la création de la Côte d’Ivoire


« La Côte d’Ivoire est la fille aînée du Royaume du Sanwi », dixit Sa Majesté AMON N’DOUFFOU V, Roi du Sanwi, basé à Krinjabo, dans la région du Sud-Comoé, en Côte d’Ivoire.

Aboisso, le 16 février 2025 (lepointsur.com) – Sa Majesté OKATAMANSSO OTUMFUO OMANCHINNIN AMON N’DOUFFOU V, Roi du Sanwi, est la plus haute autorité traditionnelle de la région du Sud-Comoé. En tant que guide éclairé du peuple Sanwi, il a spontanément exprimé son vif désir d’accorder à lepointsur.com, votre organe numérique préféré, une interview sur le thème principal : « La Côte d’Ivoire, fille aînée du Sanwi : de la genèse à nos jours et perspectives futures. »

Une sortie positive très rare da Majesté de sa réserve qui s’est réalisée, par le biais de Me Kattié Olivier, Commissaire de Justice, par ailleurs membre de son Conseil juridique que nous avons rencontré à son Cabinet à la Riviera Palmeraie, à Cocody, à Abidjan.

Dans cet entretien à bâtons rompus, réalisé pendant trois heures, le Sachant a retracé l’histoire de la création de la Côte d’Ivoire avec la bénédiction de Sa Majesté, en s’appuyant sur le pacte entre la France et le Roi du Sanwi pendant la période coloniale.

Fort de cet engagement et de cette responsabilité historique, il apparaît évident que tout le peuple Agni demeure fier de lui et considère, de facto, la Côte d’Ivoire comme la fille aînée du Sanwi.

Aujourd’hui, 65 ans jour pour jour après la naissance de cette nation en 1960, le Roi du Sanwi a jugé opportun de s’adresser au peuple de Côte d’Ivoire. D’où son message de « paix et d’amour », convaincu que, « dans l’amour, la patience et la persévérance, les Ivoiriens parviendront à la providence ».

Par ailleurs, un éclairage a été apporté sur les projets majeurs destinés à renforcer la visibilité du Royaume du Sanwi, à partir de Krinjabo, sa capitale. Parmi ces initiatives figurent, entre autres, la construction d’une stèle en hommage à feu Michael Jackson, le Roi de la pop, ainsi que l’édification d’un palais royal sur un domaine de 50 hectares, pour un coût estimé à 30 milliards de FCFA.

Interview…

Cher sachant et digne collaborateur de Sa Majesté le Roi Amon N’Doufou V du Sanwi, comment se porte votre royaume ?

Avec la permission de Sa Majesté OKATAMANSSO OTUMFUO OMANCHINNIN AMON N’DOUFFOU V, Roi du Sanwi, je vous reçois.

La Côte d’Ivoire est née du traité de protectorat entre la France et le Royaume du Sanwi

Je suis Me Kattié Olivier, Commissaire de Justice, originaire du village de Krinjabo par ma lignée paternelle et d’Assinie par ma lignée maternelle, plus précisément de Djahoué, au Ghana. Du côté maternel, je suis également originaire de Béhini.

Je suis détenteur de la plus grande chaise royale, Nvaville, des sept familles Nzima, à laquelle j’ai récemment renoncé au profit de mon neveu au Ghana, l’actuel Roi des Nzima. Ainsi, avec la bénédiction de mes parents paternels et maternels, j’ai l’honneur d’être l’un des conseillers juridiques de Sa Majesté OKATAMANSSO OTUMFUO OMANCHINNIN AMON N’DOUFFOU V, Roi du Sanwi.

Pour répondre à votre première question, je tiens à vous assurer que le Sanwi se porte très bien.

Me Kattié, pouvez-vous nous raconter succinctement l’origine du peuple Sanwi ? En clair, d’où vient-il ?

Le peuple Sanwi, plus largement le peuple Akan, trouve ses racines en Égypte. Nous sommes des Israélites, et cela est clairement mentionné et expliqué dans la Sainte Bible, notamment dans le livre de Josué, chapitre 7.

Comment avez-vous quitté la terre des pharaons ?

L’inconduite de l’un des nôtres, Akan, nous a contraints à migrer vers le Ghana. Une fois installés, un nouvel incident a provoqué un second exode : un fils du Sanwi a commis un péché d’adultère avec l’une des épouses du roi des Ashanti, souverain de la tribu des Dinguira. Cet acte a déclenché une guerre qui nous a forcés à fuir une fois encore. Ne voulant pas devenir esclaves des Dinguira, nous, les Brafés, avons été contraints de traverser un fleuve pour nous établir de l’autre côté.

Cette traversée fut marquée par de nombreux obstacles et nécessita un grand sacrifice pour obtenir la protection des génies protecteurs. Selon la tradition, commune à tout le groupe Akan de la tribu Brafé, il a fallu offrir l’être le plus cher pour pouvoir franchir le fleuve.

À la tête d’une importante délégation, le représentant du Roi du Sanwi a parrainé l’investiture du Chef du Canton Goun-Gblao à Guiglo

Une fois de l’autre côté, le roi du Sanwi a établi son peuple sur cette terre où nous résidons aujourd’hui. Le peuple Apolonien (Nzima), nomade par nature en raison de ses activités, était déjà installé à Assinie, mais il a ensuite été soumis aux Agni-Sanwi.

Après le peuple Agni, d’autres groupes issus des Brafés, tels que les Ébrié, Attié, Atchié et Baoulé, ont suivi cette même trajectoire migratoire.

« L’igname, en pays Akan, est une nourriture divine et spirituelle. La fête de l’igname est donc une célébration sacrée pour les Brafés. »

Le peuple Baoulé, arrivé un peu plus tard, s’est installé plus loin, dans la savane, les autres terres étant déjà occupées. Une autre partie des Baoulé, restée en arrière, se trouve encore aujourd’hui au Togo : ce sont les Tchokossi.

C’est au cours de ce long périple pédestre que, grâce à Dieu et à la persévérance de nos ancêtres, nous avons découvert l’igname, qui nous a permis de lutter contre la faim. Voilà pourquoi la fête de l’igname, organisée chaque année au mois de décembre par Sa Majesté Amon N’Douffou V, Roi du Sanwi, en pays Agni-Sanwi, revêt une importance particulière. Elle constitue un hommage aux esprits bienveillants qui ont guidé nos ancêtres vers ce tubercule salvateur.

L’igname, en pays Akan, est une nourriture divine et spirituelle. La fête de l’igname est donc une célébration sacrée pour les Brafés.

« C’est ainsi qu’avec l’accord du Roi du Sanwi, Banga et Aniaba, deux fils du royaume, furent envoyés en France pour vivre auprès du roi Louis XIV. Aniaba devint même le premier officier noir de l’armée française, intégré aux Mousquetaires du roi (Ndlr : la garde royale de Louis XIV). Le 4 juillet 1843, la France a officiellement signé un traité de protectorat avec le Roi du Sanwi à Assinie. Ce traité comportait un volet extérieur et un volet intérieur. À l’extérieur, la France s’engageait à protéger le Royaume du Sanwi contre toute menace ennemie. En revanche, sur le plan interne, le Roi du Sanwi a conservé sa souveraineté sur ses terres et sur son peuple. »

Pourquoi dit-on souvent que le Royaume du Sanwi est la mère de la Côte d’Ivoire ?

Le Royaume du Sanwi a joué un rôle fondamental durant la période coloniale en posant des actes majeurs. Tout comme les Anglais, la France entretenait d’excellentes relations avec le Roi du Sanwi. C’est ainsi qu’avec son accord, Banga et Aniaba, deux fils du royaume, furent envoyés en France pour vivre auprès du roi Louis XIV. Aniaba devint même le premier officier noir de l’armée française, intégré aux Mousquetaires du roi (Ndlr : la garde royale de Louis XIV).

Le 4 juillet 1843, la France, officiellement représentée par Floriot De Langle, a signé un important traité de protectorat avec le Roi du Sanwi à Assinie. Ce traité comportait essentiellement deux volets. Sur le plan externe, la France s’engageait à protéger le Royaume du Sanwi contre toute invasion. Il y est clairement stipulé que le Roi du Sanwi confiait sa souveraineté externe à la France pour assurer la défense de son territoire. Cependant, sur le plan interne, le roi conservait l’entière souveraineté sur ses terres et son peuple.

Ce traité du 4 juillet 1843 fut officiellement ratifié le 10 juin 1887 à Paris par un décret français. Il constitua un élément clé pour la France lorsqu’elle dut contrer les tentatives britanniques d’annexion du royaume. Pour éviter un conflit, les Français et les Anglais s’accordèrent finalement pour délimiter la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Ghana (Ndlr : processus de balkanisation de l’Afrique). Cette mission fut confiée à une commission franco-anglaise, appuyée par deux représentants indigènes issus de ces États monarchiques, et s’étendit jusqu’à Kong, où régnait alors le Roi Sékou Ouattara.

La délimitation des territoires s’est appuyée sur le traité de protectorat du Sanwi signé le 4 juillet 1843. Lorsqu’un village était visité, si son chef déclarait dépendre du Roi du Sanwi, il était rattaché au territoire francophone ; en revanche, s’il se réclamait du Roi de la Gold Coast, il appartenait au territoire anglophone. Cette procédure figure dans les annexes officielles de la délimitation des frontières.

« Le 10 mars 1893, la France, par un simple décret, déclara la Côte d’Ivoire colonie française. Ainsi naquit officiellement la Côte d’Ivoire coloniale, fruit des relations entre la France et le Royaume du Sanwi.

Si la France en fut le « père » en apportant la semence et en lui donnant son nom, le Royaume du Sanwi en fut la « mère », l’ayant enfantée, protégée, nourrie et entretenue. Car pour la Côte d’Ivoire, tout a commencé avec le Sanwi !« 

Il faut noter que, dans l’intérêt de la France, des traités ont été signés par Kattié Djetouan, l’un des généraux de l’aile gauche du Sanwi et mon valeureux arrière-grand-père, pour le compte du gouverneur Treich-Laplène. Ce dernier ne manqua pas de lui rendre un vibrant hommage dans ses mémoires, contenus dans l’ouvrage du Père Henry Mouézy, des Missions africaines de Lyon.

La Conférence de Berlin en 1885 posa un principe fondamental : celui de l’intangibilité des frontières issues de la colonisation. Ainsi, le 10 mars 1893, la France, par un simple décret, déclara la Côte d’Ivoire colonie française. La Côte d’Ivoire coloniale venait ainsi de naître, fruit de l’alliance entre la France et le Royaume du Sanwi.

Si la France en fut le « père », en apportant la semence et en lui donnant son nom, le Royaume du Sanwi en fut la « mère », l’ayant enfantée, protégée, nourrie et entretenue. Car pour la Côte d’Ivoire, tout est parti du Sanwi !

« Comme le dit très justement le roi Amon N’Douffou V : « La Côte d’Ivoire est la fille légitime du Royaume Sanwi et de la France, née de leur mariage non résilié, officiellement scellé à Assinie depuis le 4 juillet 1843 et ratifié le 10 juin 1887 par un décret français signé à Paris !

Le Journal officiel de la République française dresse la liste de tous les cantons et villages composant le Royaume Sanwi, en précisant également que Krindjabo est la capitale du Sanwi.« 

Ainsi, comme le dit très justement le roi Amon N’Douffou V : « La Côte d’Ivoire est la fille légitime du Royaume Sanwi et de la France, née de leur mariage non résilié, officiellement scellé à Assinie depuis le 4 juillet 1843 et ratifié le 10 juin 1887 par un décret français signé à Paris !« 

Au nom de la vérité, de la transparence et des droits acquis, il est important de souligner que des arrêtés coloniaux, publiés au Journal officiel de la République française, dressent clairement la liste de tous les cantons et villages composant le Royaume Sanwi, tout en précisant que Krindjabo est la capitale du Sanwi.

L’arrêté Moutet du 31 juillet 1896 a officiellement érigé le Royaume du Sanwi au rang de circonscription administrative et a déclaré que le cercle d’Assinie actuel a les mêmes limites que le Sanwi. Le centre de cette circonscription est Abidjan, situé à 09 kilomètres au nord de Krindjabo, confirmant ainsi officiellement la réalité des faits sur le terrain.

L’arrêté du Gouverneur Merwart du 26 août 1906, paru au Journal officiel de la colonie le 15 septembre 1906, a proclamé Krindjabo comme la capitale du Sanwi. L’arrêté du Gouverneur Rest du 28 juin 1939 a déterminé officiellement les cantons du cercle d’Assinie, dont les cantons d’Ayamé, Assouba, Affémas, Aboisso-Krindjabo, Agni, Apolloniens, Eoutiré et Essouma.

Pour des raisons économiques, l’arrêté général du 23 juillet 1937 a supprimé le cercle d’Assinie, l’incorporant à Grand-Bassam. Les notabilités Sanwi protestèrent, et l’administration française assura que le commandement Sanwi continuerait d’exercer son contrôle politique sur ses terres. Finalement, les Sanwi obtinrent satisfaction, et l’arrêté général du 6 juillet 1953 a reconstitué l’ancien cercle Aboisso-Assinie à compter du 1er janvier 1954.

Un décret français du 20 mai 1955 a posé le principe du respect absolu de la coutume dans la réglementation foncière. Depuis la signature à Paris, le 11 juillet 1960, de l’accord particulier portant transfert des compétences de la communauté, la législation de la Côte d’Ivoire reconnaît les droits acquis et consacre le principe de la non-rétroactivité des lois, conformément à l’article 2 du Code civil et à la jurisprudence constante en la matière (Civ. 20-02-1917; Civ. 22-04-1929; chambres réunies cassation 13-01-1932).

Le décret du 26 juillet 1932, portant réorganisation de la propriété foncière en Afrique Occidentale Française (AOF) (Journal officiel de l’AOF, 1933, page 426), avait notamment prévu le délit de stellionat dans ses articles 178 et 179.

« Un arrêté français du 26 août 1904 a institué à Krindjabo le tribunal indigène de province (Cour suprême du Sanwi), présidé par le Roi du Sanwi. »

Un arrêté français du 26 août 1904, portant application de diverses dispositions à la région du Sanwi (cercle d’Assinie), a institué notamment à Krindjabo le tribunal indigène de province (Cour suprême du Sanwi), présidé par le Roi du Sanwi.

Ainsi, dans le Royaume du Sanwi, le droit de propriété du Roi sur ses terres résulte notamment de la première occupation, de l’occupation par conquêtes depuis le XVIIe siècle au moins, confirmée par les traités signés et ratifiés, outre la jurisprudence constante du Cayor sur la propriété des terres en Afrique occidentale française :

● Tribunal de première instance de Dakar, audiences des 30 janvier 1906 et 3 avril 1906 ;

● Cour d’appel de l’Afrique occidentale française, audiences des 8 février et 1er mars 1907 ;

● Cour de cassation française (chambre civile), audience du 7 mars 1910.

En droit, il convient absolument de noter que les conditions de validité d’une situation juridique et les effets d’une situation juridique qui se sont réalisés avant l’entrée en vigueur de la loi nouvelle restent régis par la loi ancienne, en vertu du principe de non-rétroactivité.

« Dans le Sanwi, il n’y a qu’un seul roi nommé Amon N’Douffou, depuis des siècles et des siècles ! »

La survie de la loi ancienne est l’exception au principe de l’effet immédiat de la loi nouvelle.

L’interdiction de la rétroactivité de la loi repose sur l’idée de sécurité juridique, car remettre en cause des situations qui se sont valablement constituées sous l’empire de la loi ancienne est contraire à la sécurité juridique.

En matière civile, le principe de non-rétroactivité a valeur législative (article 2 du Code civil) et s’impose donc au juge et à l’administration. Ainsi, dans le Sanwi, il n’y a qu’un seul roi nommé Amon N’Douffou, depuis des siècles et des siècles !

« Dans toutes les ethnies qui composent le grand groupe Akan (les Brafes), la succession au trône se fait par la lignée matriarcale. C’est par la mère que le pouvoir se transmet. C’est par la mère que tout se passe, comme en droit français. Nous avons une démocratie par le sang et non par l’argent. On naît roi, on ne devient pas roi.« 

Le traité d’alors entre la France et le Sanwi aura donc permis au peuple du Sanwi de s’asseoir. Mais comment se fait la succession au trône dans le Royaume du Sanwi ?

Chaque peuple a sa tradition. Et comme cela se fait dans toutes les ethnies qui composent le grand groupe Akan (les Brafes), la succession au trône se fait par la lignée matriarcale. C’est donc par la mère que le pouvoir se transmet. C’est par la mère que tout se passe, comme en droit français. En France, l’enfant a pour père le mari de la mère. Nous avons une démocratie par le sang et non par l’argent. On naît roi, on ne devient pas roi. Tout tourne autour de la maman, et cette règle est respectée et doit l’être par tous les membres de la communauté.

« On désigne le roi selon des critères coutumiers bien définis : la bonne moralité, les caractères sociable, sanitaire et social, puis bien d’autres… Une fois la fumée blanche sortant du toit royal, la seconde tâche revient à l’administration d’entériner ce choix par un acte administratif.« 

Qui opère donc le choix du roi parmi le nombre de neveux aptes à régner ?

Étant donné que c’est par la mère que tout se transmet, ce sont les mères qui sont consultées pour opérer leur choix consensuel afin de désigner le roi selon des critères coutumiers bien définis : la bonne moralité, les caractères sociables, sanitaire et social, puis bien d’autres…

Une fois la fumée blanche sortant du toit royal, la seconde tâche revient à l’administration pour entériner ce choix par un acte administratif.

Combien de chaises royales compte Krindjabo, capitale du Sanwi ?

Krindjabo est le siège du royaume du Sanwi. C’est là que réside le roi du Sanwi depuis les années 1700. Elle est composée de 47 familles princières, et donc de 47 chaises royales.

Quelle est la limite territoriale du Royaume du Sanwi ?

Le Royaume du Sanwi a une forme triangulaire, dont la base est orientée vers l’océan Atlantique, à l’instar de la Côte d’Ivoire, sa fille. Un arrêté de 1934, mentionné ci-dessus, liste officiellement tous les cantons et villages du Sanwi.

« Un chef de village ne peut devenir chef de canton, et un canton ne peut désigner un Roi, sans se conformer aux us et coutumes ! Nous avons un seul Roi : le Roi Amon N’Douffou. Aujourd’hui, c’est le Roi Amon N’Douffou V, demain ce sera le Roi Amon N’Douffou VI, et ainsi de suite… Le SANWI est un et indivisible. »

Toutes les conditions sont définies dès lors pour le respect du pouvoir royal dans le Sanwi…

Bien évidemment, Monsieur le journaliste. Un chef de village ne peut devenir chef de canton, et un canton ne peut devenir Roi, sans se conformer aux us et coutumes ! Nous avons un seul Roi : le Roi Amon N’Douffou. Aujourd’hui, c’est le Roi Amon N’Douffou V, demain ce sera le Roi Amon N’Douffou VI, et ainsi de suite. Le SANWI est un et indivisible.

Par exception, il faut noter que sa Majesté Amon N’Douffou est à la fois Roi du Royaume du Sanwi, chef de canton et chef du village de Krindjabo. Il peut toutefois déléguer une partie de ses pouvoirs, notamment dans la gestion du village de Krindjabo, à une tierce personne de son choix, car il ne peut être partout à la fois.

« Quand des étrangers adoptent des comportements abusifs, nous parvenons toujours à nous entendre grâce à la ‘Maggie’ de l’arbre à palabres, où nous réglons tous nos différends à l’amiable. »

Quels sont vos rapports avec les autres communautés ?

Nous sommes un peuple qui reconnaît la valeur des déplacements. À ce titre, nous entretenons de très bons rapports avec tout étranger qui vient sur nos terres. Même lorsque certains adoptent des comportements abusifs, nous parvenons toujours à nous entendre grâce à la ‘Maggie’ de l’arbre à palabres, où nous réglons tous nos différends à l’amiable.

« Dans le Royaume du Sanwi, conformément aux us et coutumes, à la jurisprudence constante en matière foncière et au décret du 26 février 1932, les terres appartiennent au Roi, qui en est le nu-propriétaire. Cette rigueur empêche les phénomènes de commercialisation abusive et illégale de la terre, souvent à l’origine de nombreux conflits intercommunautaires. »

À qui appartient la terre ? Aux populations ou au Roi ?

Dans le Royaume du Sanwi, comme dans le Royaume Kayor au Sénégal, conformément aux us et coutumes, à la jurisprudence constante en matière foncière et au décret du 26 février 1932, les terres appartiennent au Roi, qui en est le nu-propriétaire. Dans le Sanwi, le Roi a attribué les terres aux différents chefs de cantons ; ces derniers les répartissent ensuite entre les chefs de villages composant chaque canton. À leur tour, les chefs de villages distribuent les terres aux chefs de familles de leur village, et ces derniers attribuent les terres aux membres de leurs familles, en fonction de leurs besoins.

Dans le Sanwi, aucun enfant ne doit être pauvre, car, avant sa naissance, sa terre l’attend ! Grâce à cette terre, il pourra se nourrir et s’enrichir. En droit, les populations vivant sur les terres du Sanwi sont des usufruitiers. Cette rigueur dans la gestion des terres empêche les phénomènes de commercialisation abusive et illégale des terres, souvent à l’origine de nombreux conflits intercommunautaires en Afrique. Un étranger bien intégré, par exemple par mariage, peut bénéficier de terres en pays Sanwi pour nourrir sa famille et s’enrichir, s’il en manifeste le besoin.

Avez-vous des exemples de peuples étrangers bien intégrés dans le Sanwi ?

Le peuple du Sanwi a sauvé une importante partie du peuple Apolo (les Nvaville, entre autres), mes parents maternels venus du Ghana lors de la guerre de succession après la mort de Kakou Aka. Aujourd’hui, ce peuple est installé à N’Djinmin, et une autre partie à Tiapoum, par exemple. Nous ne sommes pas ingrats.

« Pour avoir donné naissance à la Côte d’Ivoire, le peuple du Sanwi ne demande que le RESPECT : respect des règles traditionnelles à l’origine de la création de son royaume et respect de ses us et coutumes.« 

À quel mot tient beaucoup le peuple du Sanwi ?

Pour avoir donné naissance à la Côte d’Ivoire, le peuple du Sanwi ne demande que le RESPECT : respect des règles traditionnelles à l’origine de la création de son royaume et respect de ses us et coutumes.

« L’administration judiciaire dans le Royaume du Sanwi est rigoureusement organisée depuis la nuit des temps, de manière hiérarchisée et pyramidale, à l’image de l’administration judiciaire ivoirienne. »

Comment le Royaume du Sanwi fonctionne-t-il sur le plan juridique ?

L’administration judiciaire du Royaume du Sanwi est rigoureusement organisée depuis la nuit des temps, selon une structure hiérarchisée et pyramidale, à l’image de l’administration judiciaire ivoirienne. Une preuve scientifique que la Côte d’Ivoire est véritablement la fille aînée du Royaume du Sanwi.

L’organisation judiciaire actuelle en Côte d’Ivoire comprend, en matière civile et pénale, des sections de tribunaux, des tribunaux de première instance, des cours d’appel et une Cour suprême devenue Cour de cassation, en plus de la création du Conseil d’État et du Conseil constitutionnel.

L’honorable BAH Philippe, premier chef du pays Wê à avoir été baptisé « Nanan »

Dans le Royaume du Sanwi, la Cour suprême se trouve à Krinjabo et est présidée par Sa Majesté le Roi Amon N’Douffou V. L’administration moderne s’inspire de l’administration traditionnelle, à l’image d’une nouvelle natte qui se tisse toujours à partir de l’ancienne.

« Les décisions peuvent certes être difficiles à accepter, mais elles sont fondées sur des principes anciens qu’il faut respecter. La loi, même mauvaise, reste la loi.« 

Arrive-t-il au Roi de prendre des décisions avec un pincement au cœur ?

Tout se déroule selon l’ordre établi, en suivant des étapes précises : de la juridiction du village à celle du canton, jusqu’à la Cour suprême. Dans ce cadre, le Roi tranche conformément aux lois traditionnelles.

Ces décisions peuvent certes être douloureuses, mais elles reposent sur des principes anciens qu’il faut respecter. La loi, même lorsqu’elle semble sévère, reste la loi.

« Il faut saluer le Roi et ses collaborateurs – ses 47 conseillers, les chefs de cantons et les chefs de villages – qui, tout en acceptant le modernisme, permettent au peuple du Sanwi de conserver un ancrage dans la tradition, notamment lors de la fête de l’igname. »

Comment le Sanwi résiste-t-il face aux nombreuses influences des cultures étrangères ?

Sur ce point, il faut saluer le Roi et ses collaborateurs – ses 47 conseillers, les chefs de cantons et les chefs de villages – qui, tout en acceptant le modernisme, veillent avec rigueur à ce que le peuple du Sanwi conserve un lien fort avec la tradition.

Les premiers intellectuels de Côte d’Ivoire sont certes issus du Sanwi, mais leurs parents leur transmettent les valeurs traditionnelles lors d’occasions solennelles, comme la fête de l’igname.

« La construction d’une stèle en l’honneur de notre fils et frère, feu Michael Jackson, Roi de la pop musique décédé aux États-Unis, ainsi que le projet de construction d’un nouveau palais royal sur 50 hectares, pour un coût de 30 milliards de FCFA, figurent parmi les grands projets de Sa Majesté Amon N’Douffou V. »

Quels projets du Sanwi pourraient permettre au Roi et à son peuple d’avoir plus de visibilité dans le monde ?

Le Roi Amon N’Douffou V a plusieurs projets d’envergure. Outre la construction d’une stèle en l’honneur de notre fils et frère, feu Michael Jackson, Roi de la pop musique décédé aux États-Unis, il prévoit également la construction d’un nouveau palais royal sur 50 hectares de terres, pour un coût total de 30 milliards de FCFA.

« Pour réaliser ce projet de 30 milliards, le Roi entend mobiliser 1 million de personnes, dont les enfants du peuple Sanwi résidant en Côte d’Ivoire et dans la diaspora, ainsi que toutes les personnes de bonne volonté, pour cotiser la somme de 30 000 FCFA par personne. »

Comment Sa Majesté entend-il réaliser ce projet ?

Le Roi Amon N’Douffou V ne manque pas d’ingéniosité pour offrir à son peuple tous les moyens nécessaires afin de renforcer sa fierté et sa dignité, tant sur le plan national qu’international. Pour réaliser ce projet de 30 milliards, le Roi entend mobiliser 1 million de personnes, dont les enfants du peuple Sanwi résidant en Côte d’Ivoire et dans la diaspora, ainsi que toutes les personnes de bonne volonté, pour cotiser la somme de 30 000 FCFA par personne.

Tous ces donateurs verront leurs noms gravés dans le livre d’or des bâtisseurs du palais royal.

« La stèle de Michael Jackson fera de Krinjabo un lieu de pèlerinage pour tous les artistes et ses fans du monde entier. Les stars du monde entier viendront à Krinjabo, son village natal, pour célébrer avec le peuple Sanwi.« 

En quoi la stèle de feu Michael Jackson vous sera-t-elle bénéfique ?

Il convient de souligner que le Roi Amon N’Douffou V est en contact permanent avec la Fondation Michael Jackson, qui construira cette stèle. À notre humble avis, la stèle de Michael Jackson fera de Krinjabo un lieu de pèlerinage pour tous les artistes et ses fans du monde entier. Nous estimons qu’à l’occasion de l’anniversaire de sa disparition, ses fans et les stars du monde entier viendront à Krinjabo, son village natal, pour célébrer avec le peuple Sanwi.

« À la tête de cette importante délégation, le Roi du Sanwi a établi un pont relationnel entre le peuple Wê et le peuple Agni en parrainant l’intronisation du chef du canton Goun-Gblao, dans le Cavally.« 

Récemment, le Roi du Sanwi a été le parrain de l’intronisation du Chef du Canton Goun-Gblao à Bédy-Goazon, à Guiglo. Quel message le Roi transmet-il ainsi ?

À la tête de cette importante délégation, le Roi du Sanwi a créé un pont relationnel entre le peuple Wê et le peuple Agni. Dans le Cavally, on parle du Sans, tandis que chez le peuple Agni, c’est le Sanwi. Un fait traditionnel révélé par la Ministre Angèle Gnonsoa. Nos peuples sont liés par des rapports spéciaux, comme en témoignent les relations fraternelles entre le Roi du Sanwi et les Rois des Baoulé, des Abron, des Ashanti au Ghana, du Kong, ainsi que le Moronaba du Burkina Faso. Pour l’intronisation du Roi des Baoulé, les Rois des Ashanti et du Sanwi étaient présents.

« Sa Majesté et tout le Royaume du Sanwi sont très fiers de la Côte d’Ivoire, leur fille légitime, qui est aujourd’hui majeure. »

Plusieurs années après les indépendances de 1960, quel regard portez-vous sur la Côte d’Ivoire, votre fille ?

Je peux dire ici que Sa Majesté et tout le Royaume du Sanwi sont très fiers de la Côte d’Ivoire, leur fille légitime, qui est aujourd’hui majeure.

« Sa Majesté, au seuil de l’année 2025, formule des vœux de paix et d’amour pour le Sanwi et la Côte d’Ivoire, convaincu que dans l’amour, la patience et la persévérance, nous parviendrons à la providence. Autant le peuple du Sanwi est légaliste, autant le Roi invite les Ivoiriens à respecter les règles de la Côte d’Ivoire, sa bénie fille légitime ! »

Au seuil de l’année 2025, les vœux de Sa Majesté pour la Côte d’Ivoire…

Les vœux de Sa Majesté restent toujours les mêmes : la paix et l’amour dans le Sanwi et en Côte d’Ivoire. Le Roi demeure convaincu que dans l’amour, la patience et la persévérance, nous parviendrons à la providence. C’est pourquoi, face à la brutalité, Sa Majesté AMON N’DOUFFOU V, Roi du Sanwi, prône toujours l’amour. Autant le peuple du Sanwi est légaliste, autant le Roi invite les Ivoiriens à respecter les règles de la Côte d’Ivoire, sa bénie fille légitime !

Interview réalisée et retranscrite avec la bénédiction de Sa Majesté AMON N’DOUFFOU V, Roi du Sanwi, par Lainé Gonkanou, Correspondant régional

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