Enlèvement d’enfants à Abidjan/ Une certaine opposition indexée…
– Qui sont derrière ces crimes odieux ?
Doit-on en rire ou en pleurer à la lecture de la petite discussion de ces deux personnes de parti politique opposé ? « Pendant la crise militaro-civile quand les rebelles tuaient froidement des gens dans les zones qu’ils contrôlaient qui en parlait ? » S’est interrogé l’opposant. Et le second de répliquer « donc, c’est la raison pour laquelle vous prenez votre revanche ? » Cette dispute amicale entre ses hommes de parti politiques opposés rapportée par l’un de nos collaborateurs de retour d’un reportage amène à porter la réflexion un peu plus loin sur le cas d’enlèvement d’enfants. A cette inquiétude il faut ajouter le réveil tardif du gouvernement. Il aura fallu 25 cas d’assassinat atroce pour que le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité sorte de son mutisme. Quand au chef de l’Etat, il est entre deux avions comme si le sang ne continuait pas à couler sur son sol. En tout état de cause, le mal est là, et il enfle. Comme si tuer était devenu un jeu le lendemain, on avance des chiffres pour semer la psychose dans l’esprit de tout un chacun. Sur les réseaux sociaux, selon le parti politique dans lequel la personne milite, des images de personnes mutilées sont partagées.
En effet, depuis plusieurs semaines, de nombreux cas de kidnapping et de meurtres d’enfants sont constatés à Abidjan. Des enfants sont parfois retrouvés atrocement mutilés. Quelques suspects ont été arrêtés par les forces de l’ordre, mais la psychose est en train de monter dans le pays. Aussi, le ministère de la Sécurité intérieure a-t-il tenu une réunion de crise, le mercredi 28 janvier 2015, pour mettre en place un dispositif de renforcement de la surveillance.
Le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hamed Bakayoko a précisé que : « la police nationale a traité 25 cas, dits d’enlèvements et de découvertes de cadavres. Sur l’ensemble de ces cas, il y a eu effectivement 5 cas de découvertes d’enfants mutilés et le reste, des découvertes de cadavres qui n’ont pas été mutilés, et quelques cas de fausses déclarations. Il y a des personnes qui déclarent avoir perdu un enfant et au cours des enquêtes on s’aperçoit qu’ils n’ont pas d’enfants et n’ont perdu aucun enfant. Ce que je peux dire aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas de lien établi entre tous ces différents crimes. Donc, on nous a présenté un plan d’action. Des grandes lignes de ce plan d’action seront la mise en place d’un dispositif sécuritaire de 1000 policiers, 300 gendarmes et 200 militaires qui vont avoir pour mission de renforcer les patrouilles dans certaines zones que nous avons bien déterminées comme étant des zones hautement criminogènes. Ces 1.500 hommes vont spécialement nous orienter vers la vigilance par rapport à ces crimes afin qu’ils cessent. »
Cette assurance n’a rien enlevé à la détermination des criminelles à redoubler d’effort. Le jour suivant, il aura fallu le charisme du maire Paulin Claude Danho d’Attécoubé, pour empêcher un drame, dans sa commune. En effet, informé de ce qu’un homme a tenté d’enlever un enfant, il s’est immédiatement rendu sur les lieux et a permis non seulement l’arrestation du suspect mais sa remise à la police. Un lynchage de l’individu n’aurait servi à rien, puisque qu’il serait mort avec ses secrets et ses aveux sur les probables commanditaires, marabouts et bénéficiaires de ces crimes odieux.
Rumeurs et vérités se côtoient
La population de la commune de Yopougon, excédée de voir ses enfants enlevés, a décidé d’appliquer la justice de la rue. La journée du jeudi 29 janvier 2015 fut très mouvementée pour la police. Il fallait disperser les gens excédés avec les gaz à lacrymogène. Car, elle (population) s’en est pris violement à des individus, parfois innocents. Dame Adida Guiman, commerçante propriétaire d’une quincaillerie sise au quartier Bonikro de Yopougon, a été victime de vol à l’arrachée dans son établissement. Son mari du nom de Muniru Akin Wande, selon la police, ayant pris en chasse les voleurs est rentré dans un caniveau avec son véhicule au sous-quartier Maroc de Yopougon. Les passants et le voisinage des lieux ayant suivi l’action ont conclu à une tentative d’enlèvement d’enfant en se regroupant en grand nombre en ce lieu.
Toujours selon des sources policières, l’élève Kebé Diane Hermann, en classe de 4ème au Collège Moderne Anador résidant aux Deux-Plateaux a passé la nuit du mercredi à jeudi chez une de ses camarades au quartier Maroc après le match Côte d’Ivoire-Cameroun. Le matin, elle est descendue de l’immeuble avec la fille de la voisine de sa camarade qu’elle connait bien pour aller acheter de la cigarette. De la boutique, elle partait avec la fille pour une autre course juste à côté quand la mère de l’enfant qui les suivait des yeux depuis son appartement, est brusquement descendue pour lui arracher sa fille de sa main. Les riverains présents, ayant suivi la scène ont immédiatement conclu à un enlèvement d’enfant et se sont rués sur elle pour la lyncher. Elle a eu son salut en remontant rapidement à l’immeuble chez sa camarade. La Police, arrivée sur les lieux a pu l’exfiltrer pour la conduire au Commissariat de Police du 17ème Arrondissement.
En outre, Mlle Atteby Mireille, étudiante a vu pleurer deux enfants qui avaient des difficultés pour traverser la rue au niveau du carrefour Amondji à Yopougon. Elle a donc demandé au sieur Traoré Aboubacar (une connaissance à elle) d’aider les enfants à traverser la rue. C’est ainsi que ce dernier a invité les enfants à monter sur sa moto pour les faire traverser. Les jeunes du quartier ayant suivi la scène, se sont rués sur Traoré Aboubacar pour le lyncher. Secouru par les forces de l’ordre, ce dernier attendait d’être évacué dans un centre de santé par les Sapeurs- Pompiers.
Des faits qui procèdent, selon le Directeur Général de la police nationale, Bredou M’Bia des « rumeurs ou messages colportés par des individus ou transmis par des téléphones portables« . Avant de mettre les différents numéros verts suivants à la disposition de la population. 100 ; 110 ; 111, 170 pour joindre la Police, le 145 pour la Gendarmerie et le 116 pour joindre le ministère de la Solidarité de la Famille de la Femme et de l’Enfant.
Sériba Koné
Qui est derrière ces crimes odieux ?
Après la guerre, le phénomène des microbes, le sang continuent à couler à Abidjan, avec l’enlèvement des enfants atrocement mutilés par leurs ravisseurs. Est-ce l’effet des films Ibo du Nigéria sur Nollywood TV, à travers lesquels les acteurs font des sacrifices humains pour devenir de richissimes personnalités ? Ou alors, faut-il l’attribuer aux brouteurs ou à certaines hautes personnalités de l’Etat de Côte d’Ivoire? Seule l’audition des criminels appréhendés pourra révéler les commanditaires qui se cachent derrière ces crimes odieux. En attendant que ces révélations soient faites, certains établissements ferment. L’intoxication, les rumeurs, le mensonge font désormais bon ménage. Comme dirait un confrère, « il reste quoi de la valeur de la vie humaine en Côte d’Ivoire après les Coups d’Etats, rébellion, milices, dozos etc. Ceux qui lynchent de présumés enleveurs d’enfants sont peut être aussi pires que ceux qu’ils lynchent. Une société en perdition, sans repères moraux« .
Sériba K.
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