Abidjan, le 18-6-23 (lepointsur.com) Estimant que Jacques Ehouo ne peut pas perdre la bataille des municipales à venir, le site koaci.com a publié, mercredi dernier, une analyse de l’état des rapports de force politiques au Plateau. Malheureusement cette analyse ne reflète pas la réalité électorale de la commune et laisse sous-entendre que le maire sortant, Jacques Ehouo (PDCI), serait au centre d’un réseau de transhumance électorale dénoncée à la fois par le PDCI et le PPA-CI.

Alors que le maire sortant de la commune du Plateau a plutôt du souci à se faire en raison de promesses électorales non tenues, koaci.com a publié, mercredi, un article le présentant comme un candidat indéboulonnable.

Pour faire passer ce message, de manière plutôt sibylline, le site s’appuie sur une analyse des rapports de force politique ne reflétant malheureusement pas la réalité électorale de la commune. « Pour l’échéance du 2 septembre prochain, la commune phare d’Abidjan est passée de près de 66.000 inscrits à près de 82.000 en raison d’un travail de l’équipe du maire sortant auprès, entres autres, de celles et ceux qui étudient au Plateau. » écrit koaci.

Depuis la dernière révision électorale, la population électorale du Plateau est en effet passée de 66.000 inscrits à près de 82.000.  Dont 16.000 nouveaux électeurs que le maire sortant aurait ainsi réussi à inscrire sur la liste électorale.

De fait, le PDCI aurait triplé le nombre de ses électeurs lors dernier enrôlement.  Mais en le laissant croire, le média en ligne jette un gros pavé dans la mare du plus vieux parti de Côte d’Ivoire, ouvertement accusé d’avoir organisé la transhumance électorale au Plateau dans un contexte où son allié du PPA-CI et lui-même dénoncent des millions d’inscriptions irrégulières sur la liste électorale.

Cet article tend surtout à montrer que le PDCI s’est toujours reposé sur cette pratique pour se maintenir à la tête, vu que pour koaci, « la force du PDCI au pouvoir depuis 1980, sans alternative, et de son candidat, est la communauté Atchan (ébrié ndlr), de laquelle il est issu. Nous apprenons que le soutien communautaire pour voter pour lui au Plateau a été renforcé dans les zones avoisinantes d’Adjamé, d’Attécoubé et Locodjro ».

La transhumance électorale orchestrée depuis plus de 20 ans dans cette commune par le PDCI aurait donc atteint son point culminant cette année. Quoique Jacques Ehouo devrait aussi compter avec les mauvais jours, le PPA-CI ayant investi Guy Monnet comme son candidat, ce qui devrait logiquement diviser ses suffrages obtenus en 2018 face à M. Sawegnon par deux.

Or, le candidat du RHDP se voit renforcé par le secrétaire départemental du RHDP, Ouattara Dramane, et par l’alliance avec le Front populaire ivoirien. Ces évolutions notables changent indubitablement les rapports de force politique au sein de la commune, surtout que le maire du Plateau est régulièrement chahuté par ses propres soutiens sur les plateformes dédiées à la commune.

Jacque Ehouo est en effet accusé d’avoir laissé le patrimoine municipal dans un état de délabrement avancé, principalement les écoles primaires publiques dont les toits ouverts obligent les élèves et le personnel à cesser les cours dès qu’il se met à pleuvoir. Ses partisans lui reprochent aussi des promesses électorales non tenues et d’être resté impassible devant le déguerpissement de résidents qui n’auraient par ailleurs bénéficié d’aucune mesure de soutien.

Il faut donc attendre la tenue du scrutin plutôt que de tenter de préparer les esprits à accepter une victoire factice que ni les cartes de la victimisation, des protestations estudiantines et atchan et des accusations sans preuves d’adversaires ne réussiront à imposer.

Serges Mignon

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