Societe

Ebola : « La lutte pour vaincre le virus n’est pas une bataille, mais une guerre »


Selon le Dr David Nabarro, coordinateur de l’ONU contre l’épidémie Ebola qui sévit en Afrique de l’Ouest, la « guerre » contre le virus n’est « pas gagnée » et pourrait prendre six mois.

L’épidémie du virus Ebola qui sévit en Afrique de l’Ouest pose de nombreux défis aux autorités sanitaires internationales de par son ampleur exceptionnelle, la plus grave de l’histoire de cette fièvre hémorragique, identifiée en 1976 en RDC.

« La lutte pour vaincre Ebola n’est pas une bataille, mais une guerre, qui exige que tout le monde travaille ensemble, dur et efficacement », a déclaré lundi 25 août le Dr Nabarro en Sierra Leone, deuxième étape de sa tournée des pays touchés. Il a dit « espérer que ce sera terminé dans six mois ».

« Sommes-nous en train de perdre ou de gagner ? Tout ce que je peux dire, c’est que nous ne l’avons pas encore gagnée », a ajouté l’épidémiologiste britannique.

« Nous travaillons sur des mesures exceptionnelles sur six mois pour maîtriser rapidement la maladie, » a-t-il indiqué.

Il a déploré la suspension par de nombreuses compagnies aériennes de leurs liaisons avec les pays touchés, qui rend « beaucoup plus difficile », voire « pas possible » pour l’ONU d' »acheminer du personnel et du matériel » afin de remplir sa mission.

Déclarée au début de l’année en Guinée, elle s’est propagée au Liberia et à la Sierra Leone voisines, puis au Nigeria. Selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) arrêté au 20 août, Ebola a fait au total 1 427 morts : 624 au Liberia, 406 en Guinée, 392 en Sierra Leone et 5 au Nigeria, sur un total de 2 615 cas (confirmés, probables ou suspects).

Le personnel médical touché

Le virus n’épargne pas le personnel médical dans les pays touchés. Au Liberia, le territoire le plus gravement atteint, le Dr Abraham Borbor, contaminé par le virus et traité avec le sérum expérimental américain ZMapp, est décédé dans la nuit de dimanche à lundi, a annoncé le gouvernement libérien.

En Sierra Leone, un expert médical de l’OMS, spécialiste en épidémiologie, a été contaminé, le premier cas parmi les quelque 400 personnes déployées dans les pays touchés. De nationalité sénégalaise, il devait être transféré de Freetown vers « un centre de soins en Europe », a annoncé lundi Dakar.

L’Europe a par ailleurs accueilli dimanche un deuxième malade d’Ebola, après un prêtre espagnol infecté au Liberia et décédé le 12 août. Il s’agit de William Pooley, un infirmier bénévole britannique de 29 ans contaminé à Kenema, dans l’est de la Sierra Leone, épicentre de l’épidémie. Soigné dans une unité d’isolement au Royal Free Hospital de Londres, il a appris sa contamination samedi et a « une bonne chance de s’en sortir », selon Robert Garry, un médecin américain qui a travaillé avec lui à Kenema.

Le Japon a proposé de son côté, lundi, de fournir un traitement expérimental mis au point par une entreprise nippone, homologué en mars dans le pays comme antiviral contre la grippe, afin de lutter contre Ebola si l’OMS en faisait la demande.

Nouveau foyer en RDC

Et l’Afrique de l’Ouest n’est désormais plus la seule touchée : le virus Ebola a ressurgi dans une zone reculée du nord-ouest de la RDC, la septième épidémie enregistrée dans ce pays, faisant 13 morts.

L’OMS partage l’avis des autorités congolaises sur le caractère isolé de cette épidémie, « totalement indépendante de celle qui sévit actuellement en Afrique de l’Ouest », a précisé un responsable de l’organisation en RDC sous couvert d’anonymat.

Kinshasa a lancé sa riposte lundi. Le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej, a remis à un lot de thermomètres laser destiné aux responsables de la province de l’Equateur.

Selon le ministre de la Santé Félix Kabange Numbi, qui a sollicité l’appui financier de la communauté internationale, le pays a besoin immédiatement de 2 millions de dollars (1,5 million d’euros) pour lutter contre la maladie.

Le secteur concerné, près de la ville de Boende, à environ 800 km au nord-est de la capitale congolaise, a été placé en quarantaine sur une zone d’une centaine de kilomètres carrés.

Au total, au moins 11 malades ont été isolés et plus de 80 personnes ayant eu des contacts avec des malades sont suivies « par une équipe spécialisée ».

Jeune Afrique

Commentaires

commentaires