[Duékoué/Triomphe sur la fistule obstétrico-Vaginale et appel à l’action communautaire] Le récit inspirant de Dame Marie et son appel à l’espoir pour Gbapleu
Gbapleu, le 05-09-2023 (lepointsur.com) La fistule obstétrico-vaginale est une condition contractée par les femmes après l’accouchement. Elle peut être provoquée, entre autres, par des pratiques telles que l’excision, les accouchements à domicile, les mariages de jeunes filles, ainsi que le fait que certaines femmes enceintes ne fréquentent pas les centres de santé. Cette maladie se caractérise par une déchirure de l’appareil urinaire et du rectum chez les femmes. En raison de son impact embarrassant, qui oblige les personnes atteintes à faire face à des problèmes d’incontinence urinaire constante, la fistule obstétrico-vaginale est souvent considérée comme une source de honte.
Heureusement, cette maladie peut être traitée avec succès depuis de nombreuses années dans plusieurs pays, dont la Côte d’Ivoire. Pour étayer cette affirmation, une ancienne patiente a gracieusement accepté de partager son témoignage en public le samedi 26 août 2023 à Gbapleu, situé dans le Département de Duékoué (District Autonome des Montagnes). Cela s’est déroulé dans le cadre d’une campagne de sensibilisation menée auprès des habitants de Gbapleu, dans le but de sensibiliser la population à la fistule obstétrico-vaginale.
Objectif de cette campagne de sensibilisation communautaire
Financée par l’Agence Coréenne de Coopération Internationale via le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), cette campagne actuellement mise en œuvre par le bureau de l’Association Ivoirienne pour le Bien-être Familial (AIBEF) basé à Man a pour objectif de localiser activement toutes les femmes vivant avec des fistules obstétricales, y compris celles ayant déjà été traitées par l’antenne AIBEF de Man, le long des axes Duékoué-Toulepleu, Bin-houyé, Kouibly et Taï. De plus, elle vise à renforcer les capacités des communautés et des organisations de la société civile afin qu’elles puissent mieux demander des services de santé sexuelle et reproductive de qualité.
La difficile situation de vie de Madame Koulaye Marie chez ses parents après avoir donné naissance à l’âge de 16 ans
Dame Marie s’est exprimée devant l’assemblée le samedi 26 août dernier à Gbapleu, les yeux remplis de larmes, sans la moindre trace de honte, dans un lieu public situé devant la résidence privée du chef du village. Son message a été prononcé après un profond soupir : « J’étais en classe de 4e et j’ai contracté une grossesse à l’âge de 16 ans. A terme, au lieu de nous précipiter pour nous diriger vers le centre de santé le plus proche, ma grand-mère, faute de moyens, elle m’a maintenu à la maison jusqu’à ce que la tête de l’enfant descende complètement dans mon appareil génital. C’est alors qu’on m’a conduite à l’hôpital… Mais depuis mon accouchement, je n’ai plus recouvré ma santé… Mon calvaire venait de débuter ainsi sans que je ne le sache« .
Les jugements cruels de la société envers la malheureuse Marie, alors affligée par la fistule obstétrico-vaginale
« Près d’un mois après mon accouchement, je me suis mise à uriner au lit. La fréquence de mes urines était telle que je ne pouvais plus fréquenter ni mes parents, ni mes amis, ni l’école. Le décès de ma mère en couche a suffi pour que je sois pointée du doigt et traitée de sorcière. Refoulés partout à travers les regards inquisiteurs, j’ai trouvé refuge chez mon grand frère… Pour éviter de cohabiter avec une sorcière que je suis, on me donna en mariage forcé à un vieil homme, malgré mon état de santé… Je n’avais plus rien à manger. Il voulait des enfants et je n’avais pas le choix« .
La conduite de son nouveau mari envers la malheureuse qui souffre de la fistule obstétrico-vaginale
« Après lui avoir fait deux enfants en dépit de mon état de santé, mon homme s’est mis aussi à me traiter de sorcière et n’hésitait pas à révéler publiquement à qui veut l’entendre ma vie intime… Je n’ai pas perdu espoir et je suis réfugiée dans la prière, tout en demandant de l’aide à toutes les personnes que je rencontrais sur mon chemin. Ce, jusqu’à ce que Dieu m’oriente vers une dame dont la sœur, malade autrefois de fistule obstétrico-vaginale a été traitée avec succès par l’AIBEF« .
L’assistance médicale gratuite de dame Marie par l’AIBEF jusqu’à son rétablissement complet
Reçue chaleureusement et réconfortée par l’équipe de l’antenne AIBEF établie à Man, dame Marie a bénéficié d’une prise en charge complète, confidentielle et entièrement gratuite. Cela comprenait le remboursement de ses frais de transport de Duékoué à Man, la mise à sa disposition d’un soutien financier pour son alimentation pendant toute la durée de son rétablissement, ainsi que la couverture totale de ses frais médicaux et de ses ordonnances par l’AIBEF et ses partenaires, jusqu’à sa guérison complète.
Sa réintégration sociale après sa complète guérison de la fistule obstétrico-vaginale
Elle a été soutenue sur le plan social. Une fois que les professionnels de la santé ont constaté sa guérison complète et l’ont déclarée apte, dame Marie a reçu une aide financière non remboursable. Cela lui permet aujourd’hui de mener une activité économique de son choix en toute liberté et de prendre soin de ses enfants. De retour auprès de sa famille, elle réside désormais à Duékoué avec ses proches et ses enfants, sans aucune appréhension.
Le message qu’elle adresse à la communauté de Gbapleu
« Je conseille vivement toutes mes sœurs et mes mamans qui pissent constamment au lit de se rendre à l’hôpital. Chers papas, encouragez vos femmes qui souffrent en silence à fréquenter les hôpitaux car l’AIBEF et ses partenaires vous aideront à les soigner gratuitement. Mes mamans, si vous ne voulez pas que les gens se moquent de vous, que vos maris vous traitent de sorcières, alors rendez-vous à l’hôpital le plus proche de vous « .
Laine Gonkanou, Correspondant Régional